La direction de GT Advanced, qui tente actuellement de se placer sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, a profité d'une attention des médias entièrement tournée vers le special event d'Apple pour annoncer une bien mauvaise nouvelle. L'entreprise compte supprimer 727 emplois dans son usine de Mesa, en Arizona. Ce sont 524 ouvriers, 108 ingénieurs, 70 cadres et 25 administratifs qui vont perdre leur emploi — les premiers licenciements débuteront mardi prochain. Globalement, le groupe va se séparer d'un total de 890 employés dans trois de ses usines, mais c'est celle de Mesa qui paie le plus lourd tribut. Cela procède d'une certaine logique : GT Advanced souhaite se défaire de son activité de production de saphir de synthèse, pour laquelle Apple a investi près d'un demi-milliard de dollars afin d'aider l'entreprise à équiper son usine d'Arizona (celle-ci avait été bâtie à l'origine pour les besoins du constructeur de panneaux solaires First Solar).
La faillite de GT Advanced reste entourée de zones d'ombre, avec des suspicions de délits d'initié de la part de membres dirigeants. La justice américaine a son mot à dire concernant la mise en faillite : la première audition a eu lieu le 15 octobre et Apple y a perdu quelques plumes. Le constructeur souhaitait en effet que l'accord le liant à son fournisseur soit conservé au secret, afin d'éviter toute publicité autour d'éventuels secrets commerciaux et techniques qui s'y cacheraient. Des mystères qui pourraient aussi receler la raison pour laquelle GT est en faillite… Ce dernier a précisé que la violation du secret entourant son contrat avec Apple pouvait être passible d'une « amende » de 50 millions de dollars.
Le juge Henry Boroff en charge du dossier n'a pas caché son scepticisme sur cette requête et a comparé Apple au propriétaire exigeant d'une maison, mécontent des travaux de construction : « Ce que je vois ressemble beaucoup à une plainte dans le milieu de la construction : un propriétaire dit à l'entrepreneur "Ce n'est pas fait de la manière que je voulais", et le constructeur répond "Eh bien, cela aurait pu être fait comme vous l'auriez voulu si vous ne changiez pas continuellement les spécifications" ». C'est aussi une des raisons avancées par GT pour expliquer ses problèmes.
L'épaisse documentation que le juge a pu consulter ne lui semblait pas cacher de si lourds secrets. Les avocats d'Apple ont jusqu'à lundi pour fournir une liste des documents sensibles. Par ailleurs, devant la dégringolade de son cours, l'action GT a été suspendue de cotation au Nasdaq.