Pixar, l'« autre » société de Steve Jobs, n'était pas qu'un projet parallèle pour le fondateur d'Apple : par bien des aspects, les deux sociétés étaient liées, non seulement par leur patron évidemment, mais aussi par les connexions qu'elles entretiennent avec le milieu des arts et de la technologie. Dans un long portrait revenant sur la carrière de Bob Iger, CEO de Disney depuis 2005, Fortune soulève un coin du voile des relations parfois tendues mais toujours productives entre Disney et Pixar, qui ont fini par profiter à Apple.
Les relations entre Pixar et Disney, qui distribuait les films du prodige de l'animation 3D, s'étaient dégradées au fil des années. Liées par un partenariat dont le renouvellement tardait à émerger entre les hommes forts des deux entreprises (Steve Jobs et Michael Eisner, le PDG de l'époque de Disney), Bob Iger a su trouver les mots et la bonne attitude pour convaincre son homologue de Pixar d'envisager de nouveau de travailler ensemble de près.
Iger savait que Pixar était la clé de la revitalisation du studio d'animation de Disney; il voyait aussi en Steve Jobs un partenaire précieux en termes de technologie. Et apparemment, le sentiment était réciproque. Ed Catmull, un des fondateurs de Pixar, ne dit d'ailleurs pas autre chose : « Steve reconnaissait en Bob un partenaire. Dans les années qui ont suivi, ils se sont vus comme de vrais partenaires. C'est ce qu'il voulait, et c'est ce qu'il n'avait pas auparavant » (lire : La transformation de Steve Jobs sous Pixar).
Quelques jours après son intronisation dans le saint des saints, Iger s'est rendu à Cupertino pour superviser en personne un contrat de diffusion des contenus Disney et ABC sur iTunes, qui ne vendait alors que de la musique. En octobre 2005, le tout nouveau CEO de Disney était dans l'assistance pour assister au show de Steve Jobs présentant un iPod doté de capacités vidéo. Il n'a fallu qu'une semaine aux deux patrons pour négocier et finaliser ce partenariat. « Tout le monde nous est tombé dessus », se rappelle Iger, « les affiliés, les distributeurs et les guildes. Mais cela a changé ma relation avec Jobs. Et cela a abouti à un meilleur dialogue avec Pixar ».
Début 2006, ces liens nouveaux entre Disney et Pixar ont abouti à l'acquisition du second par le premier, pour 7,4 milliards de dollars… Même si certains observateurs ont souvent dit que c'était plutôt l'inverse qui s'était passé, les équipes et l'esprit Pixar infusant partout au travers de Disney. Steve Jobs est devenu l'actionnaire individuel le plus important du groupe. « De temps en temps, nous sortions un tableau blanc et nous y écrivions nos idées », raconte Bob Iger. « Quand vous y réfléchissez, les médias sont à l'intersection du contenu et de la technologie : tout est question de storytelling, comme la photographie et l'appareil photo. Nous parlions donc beaucoup de tout cela, de la croisée entre l'histoire et le matériel ». Un discours qui rappelle d'ailleurs celui initié par Steve Jobs puis repris par Tim Cook, sur la place d'Apple qui se tient à l'intersection des technologies et des arts.
Le partenariat entre Disney et Apple s'est approfondi avec le temps, y compris après le décès de Steve Jobs. Le groupe de loisirs a été une des premières entreprises à lancer des applications pour l'iPhone puis l'iPad. Apple Pay est rapidement entré en service dans les boutiques de Disney… et un des cadrans de l'Apple Watch n'est autre que Mickey Mouse.
La collaboration étroite avec Steve Jobs durant six ans a largement contribué à façonner la manière de penser les affaires de Bob Iger. Un peu avant sa mort en 2011, Jobs a demandé à Iger de le remplacer au conseil d'administration de Disney — un poste qu'il occupe d'ailleurs toujours. Signe d'une grande confiance entre les deux hommes, qui perdure encore aujourd'hui.