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AirPower, Copland, Bedrock, le PowerPC 3 GHz… ces promesses non tenues d'Apple

Florian Innocente

Saturday 30 March 2019 à 12:37 • 70

AAPL

Quand on a popularisé la commande "Annuler", il serait dommage de ne pas l'utiliser lorsque les circonstances l'imposent. C'est ce qu'a fait Apple en faisant annoncer par la presse américaine l'abandon de son tapis de recharge AirPower, dévoilé en septembre 2017 et attendu depuis un an.

Image : Macintosh Garden

Une telle marche arrière n'est pas inédite, toutefois elle n'est pas fréquente chez Apple. Du moins lorsqu'il s'agit de projets préalablement révélés au public, montrés à la presse et aux développeurs. En interne, il y a fort à parier que cela se produit plus régulièrement.

On ne parle pas d'échecs à la manière d'OpenDoc ou de Ping, qui ont vu le jour, qui ont été utilisés mais pour qui l'adhésion a fait défaut, entrainant de piteuses sorties de route.

On parle de matériels, de logiciels annoncés, promis mais jamais arrivés entre les mains des utilisateurs. Ou alors, pas sous la forme montrée au départ. La liste est courte, peut-être pas exhaustive, il pourrait y figurer des choses plus techniques comme les subtilités de Rhapsody sur Intel (le système qui allait donner Mac OS X) ou des API Carbon en 64 bits, mais il y a quelques petits et gros morceaux :

Bedrock, ce projet ramène au tout début des années 1990. Apple et Symantec s'étaient mis en tête de créer un framework pour écrire des applications capables de fonctionner sur Mac et sur PC. Annoncé en 1992, mis au placard en 1994.

Copland, alias "System 8", un système d'exploitation modernisé, qui devait être suivi par Gershwin ("System 9"). Démarré en 1994, détaillé publiquement, certaines fonctions furent même montrées au travers de démos multimédia sur CD et des outils envoyés aux développeurs.

Le projet fut abandonné deux ans plus tard, à la faveur d'un changement de direction chez Apple. Celle-ci s'en remit à NeXT pour créer, in fine, Mac OS X. En définitive, à défaut d'avoir eu le système annoncé, on en aura toutes les capacités et plus encore.

Power Mac avec PowerPC à 3 GHz. En 2003, Steve Jobs promet un Power Mac avec une fréquence de 3 GHz. Deux ans plus tard il admet qu'Apple n'a pu tenir sa promesse. À sa décharge, le processeur était conçu par IBM.

En 2005, Jobs officialise donc la transition vers Intel (vidéo et lire Comment en 210 jours le Mac est passé du PowerPC aux processeurs Intel). Au-delà des ratés d'IBM, l'abandon du PowerPC avait des intérêts stratégiques. Passer sur Intel a rendu possible Boot Camp et un grand mouvement de switch d'utilisateurs Windows. Les PowerBook, qui stagnaient sur G4 à défaut d'un G5 basse consommation, trouvèrent aussi un second souffle avec Intel.

Des widgets exclusifs aux abonnés .Mac. Mac OS X 10.4 Tiger, en 2005, contenait Dashboard et ses widgets. Apple promit d'en créer de nouveaux, réservés aux abonnés .Mac (devenu MobileMe, devenu iCloud). Puis rien ne vint.

Michael Grothaus, qui travailla chez Apple, racontait en 2012 que cette idée était venue d'un développeur stagiaire, à qui son responsable avait donné son feu vert. Sauf que le gamin partit plus tôt que prévu et personne ne prit la suite de son développement (lire aussi Le widget Météo de macOS ne répond (définitivement ?) plus).

FaceTime en open source. Autre promesse de Steve Jobs faite en public, en 2010. Ouvrir le protocole de FaceTime aurait rendu possible une plus large adoption encore, au-delà des appareils Apple.

Selon John Gruber, Jobs aurait prévu cette annonce dans son coin, sans en référer aux ingénieurs et encore moins à ses équipes spécialisées dans les brevets et le juridique. Cette promesse ne s'est jamais matérialisée, peut-être parce que FaceTime fait l'objet depuis 8 ans d'un procès entre Apple et un patent-troll. VirnetX ne lâche rien et pourrait finir par empocher quelques centaines de millions de dollars.

Au vu de ces précédents il y a matière à relativiser la portée de l'abandon d'AirPower. La Pomme ne vendra pas moins d'iPhone en son absence, ni moins d'AirPods. Par contre, cet accessoire aurait pu être un tapis de charge plus élégant, sur son aspect pratique, que tout ce qui existe aujourd'hui. Un produit portant la patte Apple.

Pour autant, sa disparition ne fera pas vaciller le groupe. L'arrêt de Copland et le pari de mettre son avenir entre les mains de NeXT, ça… c'était d'un tout autre niveau. Ce loupé d'AirPower illustre avant tout un joli plantage de communication et laisse sans réponses de nombreuses questions sur la chronologie de son développement et sur les échanges entre l'ingénierie d'Apple et la direction.

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