Après la présentation, les explications. Craig Federighi a répondu, non sans espièglerie, aux questions d’une poignée de médias sur les nouveautés présentées à la WWDC 2019.
Les années 1990 ont appelé, elles veulent leur clé USB
« Nous sommes prêts à prendre en compte les années 1990 et à remonter dans le temps. » C’est avec un trait d’humour que le responsable de l’ingénierie logicielle a abordé la prise en charge des clés USB et disques durs externes sur iOS 13. « Les gens en utilisent encore parfois. Je suis personnellement un adepte d’AirDrop, mais je comprends qu’il y a d’autres utilisations », a-t-il déclaré dans le podcast AppStories de Federico Viticci.
« Nous savons que pour les photographes il est très important de pouvoir importer ses photos directement dans une app comme Lightroom. » La gestion des supports de stockage externe s’accompagne en effet par la possibilité d’importer des images sans passer par l’application Photos d’Apple.
Craig Federighi note que l’équipe dirigeante de Cupertino compte d’ailleurs un passionné de photos, en la personne de Phil Schiller, qui ne se prive pas de suggérer des améliorations.
Pourquoi, alors, a-t-il fallu attendre si longtemps pour pouvoir brancher une banale clé USB sur son iPhone et son iPad ? La réponse est liée à la sécurité :
Du point de vue de l’architecture de sécurité, nous ne voulions pas que les pilotes du système de fichiers qui s’exécutent dans le noyau communiquent avec des supports externes qui pourraient être trafiqués. Isoler tout notre système de fichiers du noyau a demandé d’énormes efforts d’ingénierie.
iPadOS n’est pas que du marketing
Apple a exaucé le vœu des fanas d’iPad : la tablette a maintenant son propre système d’exploitation… En apparence tout du moins. iPadOS reste toujours basé sur iOS, et bon nombre des nouveautés d’iPadOS 13 sont en fait communes à iOS 13.
« Même si [le nom] est quelque chose de marketing, l’ingénierie occupe une part très importante, a défendu Craig Federighi face à John Gruber de Daring Fireball. Qu’est-ce que vous voulez faire avec un appareil qui a ce type de caractéristiques ? Des choses comme Split View, Slide Over et Apple Pencil. » Ce nom sert « à faire reconnaître ce que l’iPad est vraiment devenu », c’est-à-dire une expérience vraiment distincte de celle de l’iPhone.
L’iPad gagne au fil des ans des fonctions sophistiquées, comme le Slide Over multiple dans iPadOS 13, mais Apple veille toujours à ajouter cette puissance graduellement et sans trahir la simplicité d’origine de la tablette, a expliqué Craig Federighi. L’iPad est en train de devenir le premier appareil informatique — le premier ordinateur — de plus en plus de gens, en premier lieu les enfants et les personnes âgées, note-t-il.
L’expérience iPad doit être compréhensible par tout le monde, mais elle a une profondeur que vous pouvez découvrir pour devenir un pro et vraiment accélérer votre travail.
Le Senior Vice President dit d’ailleurs passer lui-même plus de temps sur son iPad que sur son Mac.
- Pour aller plus loin : iPadOS, une « reconnaissance » de la spécificité de l’iPad
Catalyst bénéficiera au Mac… et à l’iPad
Craig Federighi a soutenu que Catalyst, la technologie permettant aux développeurs de porter facilement leur app iPad sur Mac, allait bénéficier aux deux plateformes. Côté Mac, les utilisateurs bénéficieront d’apps natives, plus performantes et mieux intégrées que celles réalisées avec des technologies tierces — comme Electron.
Les exemples donnés par Apple ont pourtant soulevé des craintes. Bourse, News, Dictaphone et Maison, les premières apps issues de Catalyst (ex-Marzipan), contiennent des anomalies qui les éloignent d’apps Mac traditionnelles.
L’ambassadeur de Cupertino a entendu les critiques et assure que cela était lié à des (mauvaises) décisions de design, et non à Catalyst lui-même. Apple est en train de trouver « le bon équilibre » dans ses portages d’apps iOS vers le Mac. Il en veut la preuve avec l’application Podcasts de macOS Catalina, qui vient de Catalyst, mais qu’on ne peut pas différencier de Musique, bâtie pour sa part avec le framework « historique » du Mac, AppKit.
Le directeur de l’ingénierie logicielle estime que Catalyst va aussi pousser les développeurs à faire de meilleures apps iPad, car prendre en compte les fenêtres sur Mac, c’est prendre en compte les fenêtres (Slide Over, Split View et multi-fenêtres d’iPadOS 13) sur la tablette.
Il a par ailleurs précisé qu’AppKit n’allait pas disparaître et restait « vital » pour le futur, et que les développeurs pourront vendre leurs apps Catalyst aussi bien dans le Mac App Store que sur leur site web.
La confidentialité chevillée au corps
Dans les différentes interviews, Craig Federighi est revenu sur les mesures de confidentialité prises par Apple pour assurer le respect de la vie privée de ses clients.
Il a insisté sur le fait qu’Apple poursuivait ses initiatives de machine learning en local, quand les « autres gars » (Google, pour ne pas les citer) s’y mettaient seulement maintenant. Et d’en profiter pour mettre en avant la supériorité de la Pomme dans le domaine :
Je pense qu’ils sont désavantagés parce que cela est rendu possible en partie par le fait de créer du super matériel et d’intégrer ensemble le logiciel et le matériel. Réaliser cela sur une flotte hétérogène de terminaux, c’est vraiment impossible.
- Pour aller plus loin :
Greg Joswiak, le responsable du marketing produit qui accompagnait Craig Federighi durant le podcast de John Gruber, a souligné qu’Apple prêtait attention à la confidentialité « avant que ce soit populaire. »
Ça roule pour le Mac Pro
Le Mac Pro va avoir toute une panoplie d’accessoires dont… des roues. Quand on sait que rien que le pied de l’écran du Mac Pro coûte 999 $, combien vont coûter les roues de la tour ? « Combien vaut une roue parfaite ? », a répondu Craig Federighi, un brin taquin.
Des apps qui se lancent deux fois plus rapidement
Si iOS 13 est bardé de nouvelles fonctions, Apple n’a pas oublié d’améliorer les performances. Les applications peuvent notamment se lancer jusqu’à deux fois plus rapidement, un gain record d’une version à une autre. Craig Federighi indique que ce progrès est permis par diverses optimisations, en particulier concernant le chiffrement. De quoi faire gagner l’iPhone dans les fameux speed test vidéos comparant des smartphones côte à côte…
Un keynote qui aurait pu être plus long
Le keynote vous a paru long lundi soir ? Apple l’a pourtant raccourci. De trois heures au départ, Apple l’a compressé pour le faire tenir en 2 h 15, a indiqué Greg Joswiak :
Nous avons chronométré chaque présentateur pour voir combien de diapositives ils pouvaient faire par minute. Craig est le plus rapide, de loin. À son apogée, Craig pouvait faire neuf diapos à la minute. Il a baissé à sept environ en vieillissant.