Evans Hankey, c'est un nom que l'on a (re)découvert à l'occasion de l'annonce du départ programmé de Jonathan Ive. C'est elle, en tant que vice présidente du design industriel, qui va diriger au jour le jour le studio design, en tandem avec Alan Dye, chargé des interfaces utilisateur. Les deux sont placés sous l'autorité de Jeff Williams, l'alter-ego de Tim Cook. Une combinaison originale.
Vu de l'extérieur, avec le peu que l'on sait sur le studio design, la nomination d'Evans Hankey est une surprise. Lorsqu'en mai 2015, Jonathan Ive s'était temporairement mis en retrait pour suivre la construction d'Apple Park, il avait confié les rênes à Dye pour le logiciel et Richard Howarth pour le matériel.
Hankey faisait partie de l'équipe mais elle n'avait pas été poussée au premier plan. Autre point notable, c'est pour la première fois une femme qui prend les commandes dans cette division d'Apple.
Le nom d'Hankey avait été croisé à l'occasion de la sortie du livre Designed by Apple in California en 2016. C'est son iPhone, de première génération, qui figure à un moment en photo, complètement rayé et cabossé. Elle est présentée par Ive comme celle qui gère le studio design. Quant à son iPhone, c'est simplement le résultat de sa manière de traiter ses appareils :
Il est cool non ? Elle détruit ses objets. Mais je trouvais qu'il y avait quelque chose d'assez charmant à cela. Je me disais que c'était mignon de mettre ça là (les autres photos ne montrent que des produits neufs ou en fabrication, ndlr). Nous concevons des produits destinés à être utilisés. Et elle, on peut dire qu'elle les utilise !
La page Linkedin d'Evans Hankey ne dit quasiment rien sur elle, même pas de dates, sinon qu'elle a été formée à l'université de Stanford et qu'elle semble avoir toujours été chez Apple depuis. Ou alors rien d'autre n'a eu suffisamment d'importance pour être cité.
Son nom figure sur quelques centaines de brevets pour des produits ou fonctions imaginées chez Apple : Mac, iPod, iPhone, iPad, écouteurs, accessoires de toutes sortes (étuis, Smart Cover, bracelets…), tout ce que l'on a vu sortir de Cupertino ces dernières années a reçu la contribution de cette designer (les brevets d'Apple dans ce domaine créditent en général toute l'équipe).
Dans un riche portrait de Jonathan Ive publié en 2015 par The New Yorker, elle apparaît brièvement pour raconter un peu du processus de conception dans le studio et à propos de la pression qui est exercée sur les épaules de l'équipe :
« Je pense que l'essentiel de la pression est de notre fait ». Elle explique qu'un produit existant est souvent mis en regard de son successeur potentiel, de façon à voir si « celui que nous connaissons depuis deux ans ou plus, a l'air vieux et pataud, et si le nouveau est tout simplement incroyable » […] Une fois qu'un nouveau modèle devient « inéluctable », déclare Hankey, « nous savons que nous avons encore beaucoup à faire, mais au moins, les bases sont solides ».
On verra dans les semaines et mois à venir comment Apple va communiquer autour de cette nouvelle organisation et de ses deux responsables. Jonathan Ive était devenu le visage et la voix d'Apple pour tout ce qui avait trait à son design (même s'il avait cette vraie qualité d'associer systématiquement ses collègues aux réalisations qu'on lui attribuait).
Dire qu'un nouveau chapitre s'ouvre est un euphémisme (Ive doit officiellement quitter son poste en fin d'année). Apple, toujours soucieuse à l'extrême de son image et des commentaires que son actualité peut susciter, va probablement s'attacher à accompagner ce mouvement auprès des médias, pour rassurer sur la solidité de son équipe design.