Switch sollicite une procédure de réorganisation judiciaire, l’équivalent belge d’une procédure de sauvegarde. Le plus grand Apple Premium Reseller (APR) de Belgique veut bénéficier d’« un cadre stable » pour « repositionner l’entreprise dans les prochains mois », d’après un courrier envoyé aux salariés, dont nous avons obtenu une copie. Un nouveau rebondissement dans l’histoire mouvementée des revendeurs belges.
Avec ses 28 boutiques dans toute la Belgique, Switch est le plus grand APR du pays, et l’un des plus grands d’Europe. Une position qui n’empêche pas les secousses, comme lorsque le revendeur avait connu des problèmes de trésorerie en décembre 2017, au point qu’Apple elle-même avait arrêté les livraisons, au moment crucial des fêtes de fin d’année (lire : Switch : le plus grand APR belge traverse « une crise majeure »).
À l’époque, Rik Vrancken niait se trouver « dans une situation délicate », dans une réponse à notre enquête par médias interposés. Quelques mois plus tard, il passait la main à Thierry Janssen, un vieux briscard de l’informatique d’entreprise1 bilingue. Le nouveau CEO de Switch reconnait aujourd’hui devoir prendre des mesures « après deux années de pertes2 et les problèmes de liquidité auxquels nous faisons face depuis plusieurs mois ».
La procédure en réorganisation judiciaire (PRJ) vise à « préserver, sous le contrôle du juge, la continuité de tout ou partie de l’entreprise en difficulté ou de ses activités », selon le Conseil francophone de la Fédération royale du notariat belge. « L’objectif est d’assurer une protection rapide du débiteur contre les actions individuelles des créanciers », selon un mécanisme similaire à la procédure de sauvegarde en droit français.
Il s’agit d’éviter la cessation de paiements, et plus loin la faillite. Switch assure avoir rempli « ses obligations tant vis-à-vis de ses partenaires financiers que de ses fournisseurs », parmi lesquels Apple, qui n’était pas immédiatement disponible pour commenter la situation. Thierry Janssen et Harold Vanheel, le directeur financier de l’APR, craignent toutefois que la situation empire dans les prochains mois, au moment de la rentrée puis des fêtes.
Ces dernières années, le marché belge s’est fortement concentré après une vague d’acquisitions. Pour renforcer iCLG, eBizcuss avait acheté Mac Line en 2011, formant un réseau enjambant le Quiévrain. Le groupe a été placé en liquidation judiciaire l’année suivante, sur fond de tensions entre les APR et Apple. Soucieux de se développer en Wallonie et à Bruxelles, où Apple a ouvert une boutique en nom propre, Easy-M a repris les boutiques de Mac Line puis celles d’Abelsys.
Des erreurs de gestion ont mené Easy-M au bord de la faillite. Assisté par des fonds d’investissement, le « petit » Switch a absorbé le grand « Easy-M » pour former le plus grand réseau de revendeurs Apple du pays. Depuis l’acquisition du wallon CAMi par le flamand Lab9, la Belgique ne compte plus que deux APR indépendants, Taco Systems à Waterloo et Cipiyou à Verviers.
Thierry Janssen nous explique attendre « une réponse d’acceptation dans la quinzaine ». Les dirigeants de l’entreprise pourront alors appliquer leur plan de réorganisation pour « améliorer la rentabilité et la solvabilité de l’entreprise ». Avec une priorité : reconstituer la trésorerie pour « que les stocks puissent être mis à niveau afin de soutenir l’activité des mois les plus chargés de l’année ».