Fondée le 4 avril 1975, Microsoft fête son 40e anniversaire. « Paul Allen et moi avions comme objectif de mettre un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque maison », écrit Bill Gates dans un courriel adressé à tous les salariés de la société : « c’était une idée folle, et beaucoup de gens pensaient que nous avions perdu la tête à croire que c’était possible. » Une idée folle basée sur un coup de génie : Bill Gates a révolutionné l’industrie informatique — et fait fortune — en inventant la licence logicielle.
Bill Gates et Paul Allen n’en étaient pas à leur coup d’essai : déjà en 1972, ils avaient fondé Traf-O-Data pour analyser les flux de circulation automobile. Une première expérience déterminante — alors que Steve Wozniak et Steve Jobs construisaient des blue boxes pour passer des appels internationaux, Bill Gates et Paul Allen développaient des logiciels.
C’est un autre logiciel qui va mener à la création de la société qui s’appelait alors Micro-Soft : un interpréteur BASIC pour l’Altair 8800. Comme MITS, le fabricant de ce micro-ordinateur à la pointe pour l’époque, était installé à Albuquerque, Micro-Soft y fut fondée. Ce n’est qu’en 1979 que la société devenue Microsoft déménagea dans l’état de Washington dont ses fondateurs étaient originaires.
Le contrat signé par MITS était inédit pour l’époque : au lieu d’acheter le logiciel, le fabricant concéda de reverser une partie du prix de vente de ses machines en échange, sans même l’assurance d’une exclusivité. L’Altair BASIC devint ainsi le Commodore BASIC, l’AmigaBASIC, l’IBM Cassette BASIC et même l’Applesoft BASIC.
Microsoft répéta le procédé en 1981 avec IBM, licenciant un système qu’elle n’avait même pas conçu, le 86-DOS de Seattle Computer Products. MS-DOS devint lui aussi un standard de l’industrie : la fortune de Gates était faite, tout comme le sort d’IBM (devenu prisonnier du fournisseur d’un logiciel indifférencié) et d’Apple (seule contre toutes) était scellé.
Trois décennies plus tard, Gates veut « penser bien plus au futur de Microsoft qu’à son passé. » « Je pense que l’informatique va évoluer plus rapidement dans les dix prochaines années qu’elle ne l’a jamais fait », explique-t-il, « nous vivons déjà dans un monde multiplateforme, et l’informatique va devenir encore plus omniprésente et diffuse. » Mais dans le même temps, « la technologie est toujours hors de la portée de nombreuses personnes, qu’elle soit trop complexe, trop chère, ou simplement inaccessible. »
Satya Nadella devra donc continuer à réaliser la vision de l’ordinateur dans chaque foyer, tout en faisant évoluer la nature de cet ordinateur. Si le rôle du nouveau CEO est salué par Bill Gates, Steve Ballmer brille par son absence. Le premier (et meilleur) commercial de la société est comme rayé des tablettes — il est vrai que s’il a su consolider la domination d’Office dans les années 2000 et a connu quelques beaux succès dans les domaines du jeu vidéo et des services web, il a complètement raté le virage du mobile et l’émergence du BYOD.
« Nous avons accompli de nombreuses choses ensemble durant ces quarante dernières années », mais sans Steve Ballmer donc, conclut Bill Gates. « Nous avons permis à de nombreuses entreprises et de nombreuses personnes d’exploiter tout leur potentiel. Mais ce qui compte le plus, désormais, est ce que nous ferons à partir d’aujourd’hui. »