Le finlandais Nokia et le franco-américain Alcatel-Lucent vont convoler en justes noces, au terme d’une transaction de 15,6 milliards d’euros qui valorise l’action d’Alcatel de 28%. Les conseils d’administration des deux entreprises ont validé l’affaire, dont le feu vert final interviendra dans la première moitié de 2016. Il faut en effet en passer par les fourches caudines des actionnaires et des régulateurs.
Ensemble, les deux équipementiers réseaux comptent 110 000 salariés partout dans le monde et représentent un chiffre de 26 milliards d’euros — c’est plus que le numéro un du secteur, le suédois Ericsson. Dans la transaction, Nokia met enfin un pied sur le marché américain (alors que l’entreprise n’a jamais réussi à y parvenir du temps de ses activités mobiles revendues à Microsoft), et le groupe renforce sa position en Europe tout en gagnant un accès en Asie.
Le communiqué explique que la nouvelle entité sera parfaitement positionnée pour mettre au point et muscler les infrastructures technologiques qui permettront à l’internet des objets de croître, et aux nuages de continuer à envahir nos cieux. Il s’agit aussi de jeter les bases de la 5G.
Histoire sans doute de commencer à amadouer les chatouilleux régulateurs nationaux et européens, Nokia donne quelques chiffres qui sonnent bien aux oreilles : le nouveau groupe emploie plus de 40 000 employés en recherche et développement, un poste où les investissements ont été de plus de 4,7 milliards d’euros l’an dernier.
En France, ce rapprochement entre géants est évidemment surveillé comme le lait sur le feu. Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, se réjouit de voir naître un tel monstre européen des télécoms ; il a reçu hier après-midi les deux patrons (Michel Combes d’Alcatel-Lucent et Rajeev Suri de Nokia), de qui il a reçu des engagements sur le maintien de l’emploi. « Notre objectif, c’est de continuer à créer de la valeur et des emplois en France dans la cadre de la construction d’un champion mondial. C’est la vie des entreprises d’évoluer. Mon objectif c’est que dans quelques années, Nokia fasse le choix de devenir français ! », a expliqué Emmanuel Macron.