Comme les rumeurs l’annonçaient, Facebook a lancé un nouveau service à destination des créateurs de contenus. Instant Articles permet à tous les sites qui publient des articles régulièrement d’héberger le contenu sur les serveurs du réseau social. Quand ces sites veulent partager l’article en question, ils ne publient plus un lien vers leur site, mais le contenu complet, lisible au sein des services de Facebook. Pour le moment, ce service est réservé à quelques sites et à l’application iPhone, mais il devrait s’ouvrir plus largement dans les mois qui viennent.
Pour Facebook, l’objectif est évident : en hébergeant le contenu, le réseau social garde ses utilisateurs plus longtemps sur ses serveurs et il évite d’en perdre via des liens. Mais quel est l’avantage pour les créateurs de contenus ? La réponse de Facebook est plutôt bien vue : Instant Articles apporte beaucoup aux éditeurs, à commencer par la rapidité, mais aussi des interactions enrichies. Et quand on teste cette fonction, déjà disponible sur quelques liens, on doit bien reconnaître que c’est intéressant pour les lecteurs.
Les articles qui exploitent ce nouveau service ne sont pas chargés à partir d’un autre serveur, et surtout ils sont mis en forme avec du code natif au lieu d’être affichés comme une page web. Pour toutes ces raisons, ces contenus chargent nettement plus vite, la différence saute aux yeux. Facebook évoque des temps de chargement divisés par 10, ce qui est peut-être exagéré, mais même avec une très bonne connexion, on voit la différence. Sur un iPhone relié en Wi-Fi, le temps de chargement est presque immédiat, mais c’est surtout l’expérience de lecture qui change.
L’interface d’Instant Articles a été créée par les mêmes designers qui ont fait Paper, l’application alternative que le réseau social n’a jamais sortie des États-Unis. Les vidéos se lancent automatiquement quand on défile l’article, les photos peuvent être visionnées intégralement uniquement en tournant le téléphone. Il y a des cartes interactives, des extraits audio associés aux photos : on n’a plus vraiment l’impression de lire un article sur le web, plutôt un livre numérique bien fait.
Les articles disponibles aujourd'hui (le dernier lien sur la page du National Geographic est un bon exemple) ont probablement été conçus spécifiquement pour cette nouvelle fonction. Instant Articles ne sera pas toujours aussi impressionnant, puisque le service est destiné à publier n’importe quel contenu, à la seule condition qu’il s’agisse de HTML. Facebook permettra même d’automatiser totalement le processus en utilisant un flux RSS : un blog, ou un site comme MacGeneration, pourrait ainsi « générer » des Instant Articles à chaque nouvelle publication.
Pour séduire les éditeurs, Facebook a fait de nombreuses concessions. Pour commencer, Instant Articles n’est pas exclusif, au contraire même : le contenu doit aussi être publié et avoir une URL spécifique. Quand un lien sera partagé, on aura soit le site web original, soit l’article hébergé par Facebook selon les cas. Ce qui est utile pour le moment, puisque seul l’iPhone est capable d’afficher le contenu enrichi.
Par ailleurs, le réseau social n’impose rien en matière de publicités. Le créateur du contenu peut y placer les siennes et conserver tous les revenus associés, mais le site qui choisit d’adopter Instant Articles peut aussi demander à Facebook d’y placer ses propres publicités. Dans ce cas, la majorité des revenus revient au site original, mais le réseau social en récupère une partie. Outre les publicités, les statistiques de comScore sont disponibles pour comptabiliser le nombre de lecteurs.
Facebook a signé des accords avec neuf médias, essentiellement anglo-saxons : The New York Times, National Geographic, BuzzFeed, NBC News, The Atlantic, The Guardian, BBC News et deux publications allemandes : Bild et Spiegel. Pour tous les autres créateurs de contenus en ligne, un formulaire de contact est mis à disposition, mais le programme reste fermé pour le moment.
Dans la F.A.Q. associée à Instant Articles, Facebook entend rassurer tous ceux qui craignent pour leur indépendance. Cette fonction devrait être ouverte à tous, mais elle devrait rester optionnelle. Le réseau social fait le pari que la rapidité de chargement et l’interface incontestablement plus agréable plairont tant aux utilisateurs, que plus personne ne voudra lire autre chose sur Facebook. Si c’est le cas, les créateurs de contenus n’auront probablement pas d’autres choix, s’ils ne veulent pas perdre leur lectorat.
Difficile de savoir, à ce jour, si Instant Articles aura le succès espéré par Facebook. Mais on peut noter, malgré tout, que le réseau social a fait des efforts pour séduire les médias en ligne : il n’y a presque rien à faire pour créer ces contenus spécifiques et le créateur du contenu conserve les bénéfices des lectures. La fonction semble aussi avantageuse pour les utilisateurs, qui obtiendront le contenu plus rapidement et avec une meilleure interface. L’avenir dira si ces efforts paieront…