Steve Jobs était-il « cruel » et « inhumain » ? L’homme avait ses qualités et ses défauts c’est certain, mais d’ici à le qualifier ainsi, c’est sans doute aller un peu vite en besogne. C’est pourtant le sentiment qui anime Laurene Powell Jobs. La veuve de Steve Jobs n’a pas de mot assez dur pour qualifier le prochain film de Danny Boyle et Aaron Sorkin, qui sortira au cinéma ce vendredi aux États-Unis.
D’après le Wall Street Journal, Laurene Powell Jobs a fait pression à plusieurs reprises pour « tuer » ce projet auprès de Sony qui a initié le film, puis sur Universal qui a finalement produit le tout pour 33,5 millions de dollars. Elle n’a pas mené la bataille seule : Bill Campbell, grand ami de Steve Jobs et ancien membre du conseil d’administration d’Apple, a lui aussi des mots durs concernant ce film… qu’il n’a pas vu : « Toute une génération aura une image de lui très différente s’ils voient un film qui le dépeint d’une manière négative ».
Le film en question est moins une photographie qu’un portrait, ont prévenu les créateurs de l’œuvre qui insistent sur la licence artistique avec laquelle ils ont imaginé le film, basé sur la biographie rédigée par Walter Isaacson. « La vérité n’est pas nécessairement dans les faits », a précisé Danny Boyle, « c’est dans la sensation, le ressenti ».
La production du film a proposé à Laurene Powell Jobs de participer au développement, mais elle a refusé. Le producteur Scott Rudin explique que « Ms. Jobs ne cesse d’affirmer qu’elle déteste le livre, et qu’il est impossible qu’un film basé sur ce livre soit fidèle » à Steve Jobs. Steve Wozniak a eu moins de scrupules : le cofondateur d’Apple, qui sera incarné à l’écran par Seth Rogen, a été rémunéré 200 000 $ pour jouer au consultant. Il assure aussi la promotion du film, en se prêtant au jeu des confessions de Jimmy Fallon avec l’acteur.
« Il n’est plus là pour se défendre », rétorque Bill Campbell. « S’ils veulent faire un drame, ils ne devraient pas le faire aux dépends de quelqu’un d’autre ». Tim Cook a également eu l’occasion de déplorer l’opportunisme de tous les films et documents qui sont sortis ou sont en projet autour du personnage de Steve Jobs — oubliant un peu vite qu’il a lui même participé à une biographie du fondateur d’Apple.