C’est la douche froide pour la Fnac, qui depuis la fin du mois de septembre, entendait bien ajouter à son réseau les 222 magasins de Darty. L’offre avait été faite auprès du conseil d’administration du groupe coté à la Bourse de Londres, qui valorisait Darty à hauteur de 615 millions de livres sterling (environ 860 millions d’euros). La Fnac proposait 95 millions d’euros en cash, et le reste en échange de titres (1 action Fnac pour 37 actions Darty).
Ce montage n’aura pas fait long feu face à la contre-proposition du sud-africain Steinhoff, la maison-mère de Conforama, qui a mis sur la table 670 millions de livres (868 millions d’euros), mais uniquement du cash. De quoi sérieusement appâter le board de Darty qui, vendredi dernier, a recommandé à ses actionnaires d’apporter leurs titres à Steinhoff dans une OPA amicale.
Les administrateurs de Darty n’ont « plus l’intention de recommander l’offre de la Fnac », a précisé Steinhoff dans son communiqué. Fort d’une valorisation de 20 milliards d’euros, contre un peu moins d’un milliard pour la Fnac, ce groupe est à la tête d’un réseau de 6 500 magasins dans 30 pays. C’est un client d’une toute autre ampleur que l’agitateur culturel français, et qui a les moyens de ses ambitions (en parallèle, il cherche aussi à mettre la main sur le britannique Home Retail…).
La Fnac pourrait toutefois contre-attaquer avec une nouvelle offre plus généreuse en numéraire. Mais pour cela, comme le raconte le JDD, il lui faut un ou des partenaires financiers. Alexandre Bompard, le patron de l’entreprise, était la semaine dernière en visite dans la Silicon Valley — il aurait notamment rencontré Tim Cook. Cela ne l’a pas empêché de faire le tour des investisseurs potentiels : s’allier avec Carrefour ou le chinois Alibaba, avec un fonds d’investissement, ou demander à Kering, ex-PPR, et ex-propriétaire de la Fnac, d’allonger un peu d’argent. Ironiquement, PPR était propriétaire de Conforama et de la Fnac, avant de céder les rênes de ces deux réseaux de distribution.