La Maison Blanche n’apparaît pas disposée à apporter son soutien à une nouvelle loi visant à donner plus de moyens aux juges qui voudraient obliger des entreprises technologiques à collaborer lorsque se pose un problème d’accès à des données chiffrées.
Ces tout prochains jours, deux sénateurs doivent présenter un projet de loi en ce sens. Cependant, d’après les sources de Reuters, la question ne fait toujours pas l’objet d’un consensus au sein de l’administration Obama.
Il y a ceux qui verraient d’un bon oeil un durcissement de la loi pour contraindre les entreprises comme Apple à coopérer. Et d’autres qui plaident pour le renforcement des techniques de chiffrement : le Département d’Etat qui s’occupe de la diplomatie américaine, celui de la Défense ou encore celui du Commerce qui tous deux y voient plus de risques pour les intérêts américains dans le monde que d’avantages (lire Apple et le FBI, des tensions croissantes depuis quelques années).
Le texte rédigé par la sénatrice démocrate Dianne Feinstein et le républicain Richard Burr pourrait être présenté incessamment. Dianne Feinstein, élue de Californie, a eu droit récemment à un exposé confidentiel sur la méthode utilisée par le FBI pour accéder au contenu de l’iPhone de San Bernardino.
Ce projet de loi donnerait plus de moyens aux juges pour ordonner aux entreprises d’apporter un soutien technique au gouvernement. D’après des sources au fait de ce texte, il ne détaille pas ce que ces entreprises devraient faire si le cas se présente et il ne prévoit pas non plus d’amendes si elles refusent d’obtempérer.
La Maison Blanche a pris connaissance de ce projet, offert quelques commentaires mais pas plus, elle semble vouloir y apporter un soutien public minimal voire même aucun. L’une des raisons à cette timidité serait tout simplement d’ordre politique. Un sujet de cette nature ne manquera pas de provoquer des controverses et les États-Unis sont en pleine période électorale, inutile d’ajouter de l’huile sur le feu.
La ligne officielle énoncée le mois dernier par le responsable des relations avec la presse de la Maison Blanche est qu’il semble bien illusoire d’espérer une solution à cette problématique sur le chiffrement, alors que les sénateurs ont déjà du mal à s’accorder sur des problèmes beaucoup plus simples.
Mi-mars, Barack Obama avait fait part de sa volonté de trouver un terrain d’entente avec les entreprises de la high-tech. Il mettait en garde contre toute « vision absolutiste » où le chiffrement ne peut souffrir d’aucune exception (lire Barack Obama plaide pour une clé de déchiffrement).
Pour l’heure, le credo officieux semble être de ne pas brusquer les choses et ce sera peut-être au successeur du président actuel de trancher.