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Free : les mauvais débits sur Netflix, merci qui ?

Christophe Laporte

lundi 20 février 2017 à 10:35 • 162

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Dans le paysage des télécoms français, Free a toujours eu une place bien à part. C'est typiquement le type de société qui ne laisse pas indifférent. C'est peut-être son point commun avec Apple. Mais qu'on aime ou qu'on déteste Free (pour de bonnes ou de mauvaises raisons), on ne peut nier son impact sur le marché. Les dirigeants de Bouygues Telecom, par exemple, pourraient en témoigner.

Dans sa dernière campagne de pub, Free ne remercie pas ses clients… Cliquer pour agrandir

Côté pile, Free a contribué à mettre la France sur de bons rails dans le développement du haut débit grâce notamment au concept de box. Voix sur IP, IPv6, IPTV… Voici quelques technologies qu'Iliad a démocratisées en France. Non seulement l'offre de Free était en avance du point de vue des services, mais elle a aussi été agressive sur le plan tarifaire pendant longtemps .

Grâce à tout cela, Free s'est forgé une solide réputation auprès de ses clients. Mais l'opérateur n'en profite-t-il pas ? Car les « freenautes » commencent à avoir l'habitude d'être des victimes collatérales. Pendant des mois, l'accès à plusieurs services essentiels comme certains app stores et surtout YouTube était impraticable à certains moments de la journée.

Le conflit était connu de longue date et a mis des mois à trouver un épilogue (lire : Google et Free : une bataille à coups de tuyaux). Les tuyaux entre Free et Google étaient saturés aux heures de pointe et Xavier Niel estimait que le géant de l'internet devait financer une partie importante de ce trafic.

L'accès à YouTube en 2012 était problématique pour les internautes chez Free, beaucoup moins chez les autres opérateurs.
L'accès à YouTube en 2012 était problématique pour les internautes chez Free, beaucoup moins chez les autres opérateurs.

L'explication de Xavier Niel à l'époque était limpide :

Effectivement, il y a un problème. Les tuyaux entre Google et nous sont pleins à certaines heures, et chacun se repousse la responsabilité de rajouter des tuyaux. C'est un problème classique qui arrive partout, mais plus souvent avec Google. En comparaison, le trafic avec Dailymotion - avec qui tout se passe bien - ne pose pas de problème. Donc j'invite les gens qui ont des problèmes avec YouTube de s'apercevoir que sur Dailymotion souvent il y a les mêmes vidéos. J'espère que la solution arrivera sous peu.

Il faudra attendre 2015, soit plus de trois ans, pour que les deux sociétés trouvent un terrain d'entente et que la situation rentre dans l'ordre. Cela a été facilité par le lancement de la Freebox mini 4K, qui intègre Android TV (lire : Free a signé un accord avec Google pour accélérer YouTube) . Il se dit d'ailleurs que depuis, les relations entre Free et Google ont beaucoup évolué et que l'on pourrait avoir le droit à d'autres partenariats dans les mois à venir.

Cette contrariété parle aujourd'hui aux « freenautes » grands consommateurs de Netflix. La qualité d'image ne cesse de se dégrader chez Free (lire : Les débits de Netflix chez Free vont de mal en pis). Les débits moyens proposés sont très loin de ceux offerts par les concurrents.

Avec plus de 93 millions d'abonnés dans le monde, Netflix est devenu un très gros consommateur de bande passante. Selon une étude de Sandvine, Netflix représentait l'année dernière plus de 35 % du trafic internet aux États-Unis sur les réseaux fixes. On imagine bien que vu les quantités de données transférées, les enjeux financiers sont considérables.

Seulement voilà, l'internaute qui paie dûment son abonnement Free et son forfait Netflix est pénalisé. Il est au milieu d'une bataille dont il n'a que faire. La situation est d'autant plus scandaleuse qu'elle peut inciter le client à pirater les films et les séries qu'il ne peut pas regarder convenablement sur Netflix. Surtout que la Freebox fait des merveilles dans ce cas avec son client BitTorrent intégré.

Que dirait-on si SFR adoptait la même stratégie ? Vous imaginez Patrick Drahi conseiller à ses clients d'opter pour son service de VOD maison qui ne connait aucune lenteur plutôt que de recourir à Netflix ?

Le peering : le nerf de la guerre

Sur ces questions de peering (c'est le terme consacré), on évoque souvent le cas de Free, car c'est un multirécidiviste, mais ce n'est malheureusement pas un cas isolé. À plusieurs reprises, nous nous sommes émus des débits assez médiocres proposés par Orange lorsque l'on veut accéder à une plate-forme de téléchargement d'Apple (lire : Ralentissements de l'App Store avec Orange : en attente d'une solution) .

Le problème, et c'est peut-être pour cela que Free s'en sort à si bon compte, c'est qu'il s'agit de problèmes techniques difficilement compréhensibles par le consommateur. Certains acteurs tentent toutefois de faire un peu de pédagogie. C'est le cas de nPerf, par exemple, dont les tests ne se limitent plus à un simple test de débit. Netflix y participe aussi – de manière intéressée bien entendu – avec son index mensuel qui liste les débits moyens constatés chez les différents fournisseurs d'accès. Diabolique !

Un impôt sur la fortune sur la bande passante

C’est une bataille qui ne dit pas son nom, mais c’est bien de la neutralité du net dont il est question. À ce sujet, les opérateurs ont toujours été très ambivalents, mais peu osent la critiquer de manière officielle. Sur ce point, Stéphane Richard fait office d’exception. Le patron d’Orange déclarait en 2015 que c’était un « concept attrape-tout qui se fait toujours sur le dos des opérateurs » et qu’elle nuisait à l’innovation des opérateurs.

En coulisse, un concurrent de Free affirme même texto que « la neutralité du net, c'est de la connerie ». Et il ne donne pas cher des plateformes et créations françaises d’ici 5 à 10 ans si les choses continuaient ainsi.

Nous avons appris à ce sujet que des opérateurs avaient milité auprès d’Aurélie Filippetti quand elle était ministre de la Culture pour la création d’une sorte d’impôt sur la fortune basé sur la bande passante. Plus un service consomme de la bande passante, plus celui-ci doit s’acquitter d’une taxe importante servant à financer les petits acteurs de la création et les infrastructures qui vont avec. Cette idée n’a jamais vu le jour, mais elle a longtemps été à l’étude. En 2015, Fleur Pellerin travaillait sur un projet assez similaire (lire : Optimisation fiscale : Fleur Pellerin veut taxer la bande passante)

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Dans cette affaire, c’est à l’internaute d’être très vigilant. Alors que TF1 menace de se retirer des box pour des histoires de gros sous (lire : TF1 menace les FAI de se retirer de leurs box), la chaîne avait brandi un sondage laissant entendre que 64 % de l'échantillon serait prêt à changer de FAI si TF1 n'était plus diffusée. On espère qu’autant d’internautes, si ce n’est plus, seront prêts à changer de crèmerie si les fournisseurs d’accès commencent un peu trop à brider les réseaux, comme Free le fait avec Netflix.

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