Vous l'avez peut-être lu dans d'autres publications : Bill Gates a enfin avoué avoir été jaloux de Steve Jobs ! La nouvelle a bien sûr fait le tour du web. Il faut dire que les articles sur Steve Jobs sont toujours aussi efficaces pour attirer les clics. Alors une telle révélation, pensez donc !
Nous avons voulu en savoir plus et sommes remontés à la source, sur le podcast Armchair Expert qui propose un entretien de plus d'une heure et demie avec Bill Gates. Il faut tout d'abord comprendre que durant cette longue discussion publiée le 20 août, Apple et Steve Jobs n'occupent qu'une place tout à fait subsidiaire. Durant cet entretien, Bill Gates se livre librement sur sa vie, sa vision du monde, sa famille, et l'activité philanthropique de la fondation Bill and Melinda Gates qui œuvre pour la vaccination à travers la planète.
Bill Gates revient ainsi longuement sur sa jeunesse, ses études, n'hésitant pas à reconnaître son manque de sociabilité ou avouant n'avoir jamais réussi à apprendre une langue étrangère malgré son excellente mémoire. Il revient aussi sur les débuts de Microsoft, s'interrogeant — encore aujourd'hui — sur l'incapacité de tant d'experts en processeurs à voir que l'avenir était aux logiciels, à la fin des années 1970.
« Auriez-vous pu faire ce qu'il a fait ? »
C'est à l'invitation du journaliste Dax Shepard que Bill Gates revient sur sa relation avec Steve Jobs, à l'époque où tous deux travaillaient d'arrache-pied, sacrifiant congés et week-ends pour avancer plus vite que leurs concurrents. S'il reconnaît qu'ils n'avaient pas les mêmes méthodes de management, Bill Gates admet tout de même avoir beaucoup exigé de ses collaborateurs, considérant chaque jour comme une occasion à ne pas laisser passer, sans jamais exiger des autres plus que lui-même ne pouvait donner.
Il revient ensuite sur la période où Apple était au fond du trou, en 1995, quand la direction d'alors se décide à acheter NeXT, mais surtout Steve Jobs, qui était persuadé d'avoir enfin les clés pour faire de son rêve un succès. Bill Gates rappelle alors que Steve Jobs n'était pas un programmeur, mais qu'il avait le talent de réunir des gens extraordinaires autour de lui :
Steve Jobs était un génie. Ce qu'il a fait, particulièrement après son retour chez Apple, c'était vraiment phénoménal. Sans lui, rien de tout cela ne serait arrivé. Personne d'autre n'aurait pu le faire. Il mérite sa place au panthéon, même si c'était quelqu'un de très, très dur.
Bill Gates revient ensuite sur un trait de caractère bien connu de Steve Jobs : sa capacité à déformer la réalité et à faire adhérer le public à sa vision des choses. Une aptitude théorisée il y a bientôt quarante ans par les développeurs du premier Macintosh.
Steve Jobs était un vrai enchanteur quand il s'agissait de motiver les gens1. Moi, j'étais juste un apprenti-sorcier, donc je ne pouvais pas être atteint. Mais je le voyais lancer ses sorts, je voyais les gens hypnotisés, je criais “Non ! Non !”… J'étais tellement jaloux !
Et… c'est tout. Juste un petit souvenir livré dans un éclat de rire avant de changer de sujet. Plus loin, Bill Gates revient également sur les enquêtes visant les grands groupes technologiques, Apple et Google en tête : « si vous avez autant de succès que j'en ai eu, vous méritez ces questions brutales et injustes. Le gouvernement se doit de vous les poser. Passer sur le grill, cela fait partie de la rançon du succès. C'est normal. » Une leçon de philosophie pour celui qui, il y a vingt ans, avait été sous les feux de la rampe lors du procès de Microsoft pour abus de position dominante.
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Cette image du lanceur de sorts, Bill Gates l'avait déjà employée dans un entretien avec Fareed Zakaria, le journaliste de CNN. ↩