C'est une étrange affaire qui entoure le musée privé consacré à Apple à Prague, en République Tchèque, un musée ouvert en 2015 par un collectionneur resté anonyme. Toute la collection (dont vous pouvez voir un aperçu dans ce précédent article) aurait été volée par une certaine S.P. que le site accuse directement, accompagnant d'une photo le court communiqué annonçant l'incident.
Cette dame, que le musée désigne précautionneusement de ses seules initiales, on la retrouve sur LinkedIn en tant que directrice du musée, mais aussi (avec une photo en clair mais aucune information) sur Facebook. Malheureusement, les dates de son mandat ne sont pas précisées sur le site, et si elle était bien directrice du site en 2016, elle semble avoir cédé sa place à Irene Jiroušková, cité dans un article de Business Insider de 2020.
Il va sans dire que cette histoire étonne. Déjà, car S. P. est présentée comme directrice de la Fondation ART 21, dont le site web ne permet pas d'établir le moindre lien avec le musée (ni avec Apple, qui n'est de toute façon aucunement impliquée dans ce musée). Même le nom de S.P. n'y apparaît pas. Peut-être parce qu'il ne s'agit pas de cette fondation qui sort en tête dans Google, mais d'une fondation homonyme basée justement à Prague depuis 2017, beaucoup moins visible dans le moteur de recherche, mais que l'on retrouve sur un site d'open data tchèque ?
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les médias qui ont abordé ce sujet, comme MacPrices ou AppleGlitz, se sont bien gardés de tenter de démêler le vrai du faux et sont restés assez évasifs.
Le site le mieux informé semble être le polonais MyApple.pl (version traduite ici) qui mentionne évasivement une affaire personnelle, et confirme que, vu de l'extérieur, le musée semble avoir été vidé de tout son contenu. On s'étonnera d'ailleurs de constater que même les petits écrans sans marque, fixés au mur pour présenter au public des photos et des vidéos, aient été arrachés de leur logement…
Alors, s'agit-il d'une véritable affaire judiciaire, sur fond de règlement de compte entre anciens cadres du musée ? D'un problème de prêt de collection qui aurait mal tourné ? D'une action de l'ex-directrice du site, également ex-épouse du millionnaire anonyme qui l'a créé, comme le raconte MyApple.pl ? Ou juste d'un coup de pub d'un musée qui profite de la pandémie pour se refaire une jeunesse, donner un coup de peinture et astiquer ses collections, en attendant de pouvoir rouvrir au public ? Le mystère reste épais.