Microsoft prend position dans le débat sur la syndicalisation grandissante dans les grandes entreprises aux États-Unis. Contrairement à Amazon, Starbucks ou encore Apple, l'éditeur de Windows a le mérite de poser les termes du débat en toute transparence, et assure être ouvert à la lame de fond qui parcourt le paysage social américain.
L'entreprise reconnait que le monde du travail change, c'est pourquoi elle publie les grands principes de son approche envers les organisations syndicales. Microsoft rappelle en préambule que « nos employés n'auront jamais besoin de s'organiser pour avoir un dialogue avec les dirigeants de Microsoft ».
C'est une autre manière de reprendre l'argument utilisé notamment par Apple pour décourager la volonté d'organisation des employés : Deirdre O'Brien, la responsable du retail et des ressources humaines d'Apple, a expliqué à ses troupes qu'un intermédiaire, à l'image d'un syndicat, pouvait « ralentir » la capacité du groupe à apporter des changements rapides pour ses salariés.
La réplique de Deirdre O'Brien au mouvement de syndicalisation dans les Apple Store
Si le propos de Microsoft est plus positif, en bout de course le résultat est le même : l'entreprise préfèrerait certainement dialoguer en direct avec ses salariés plutôt que de passer par un syndicat. Toutefois, Microsoft le reconnait noir sur blanc : « Nous reconnaissons que les employés ont un droit légal de créer ou de rejoindre un syndicat ». Comme la loi l'y oblige, en fait.
Le groupe indique aussi ressentir un « sentiment d'optimisme » fondé sur la prise de conscience que « le succès dans une économie mondialisée concurrentielle exige que les entreprises et les travailleurs s'efforcent de bien fonctionner ensemble ». Ce sont là de grands principes qui demandent à se frotter au réel1.
Ce n'est pas la première fois que Microsoft oppose un front renversé face à Apple. Ça a aussi été le cas pour sa boutique d'applications dont les grands principes sont aux antipodes de l'App Store.
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Il y a aussi, peut-être, une part de calcul opportuniste de la part de Microsoft, qui cherche à amadouer les régulateurs américains afin d'obtenir le feu vert dans son opération d'acquisition d'Activision Blizzard. Ce discours pourrait raisonner favorablement dans des instances dont certains représentants ont été choisis par l'administration Biden, favorable aux syndicats. ↩︎