AMD a annoncé deux nouvelles puces pour un marché un peu particulier : celui des « consoles PC ». En effet, après avoir fourni une puce spécifique à Valve pour son Steam Deck, AMD ouvre un peu le marché avec les Ryzen Z1 et Z1 Extreme.
Un concentré de technologies
Commençons par les technologies : les deux puces partagent la même architecture pour le CPU — des cœurs Zen 4, la dernière génération — et pour le GPU. La partie graphique se base en effet sur l'architecture RDNA 3, vue dans les récents Radeon RX de la famille 7000. Les deux systèmes sur puce sont gravés en 4 nm et emploient visiblement de la mémoire LPDDR5.
Les différences viennent d'abord du nombre d'unités. Le Z1 intègre six cœurs avec SMT (soit 12 threads) pour le CPU et 4 blocs pour le GPU, soit 256 unités, pour une puissance annoncée de l'ordre de 2,8 téraflops. Le Z1 Extreme contient huit cœurs (16 threads) et 12 blocs (768 unités) pour une puissance annoncée de 8,6 téraflops. En comparaison, la puce custom du Steam Deck possède quatre cœurs Zen 2 (une ancienne architecture) et 8 blocs RDNA 2 (512 unités) avec une puissance de l'ordre de 1,6 téraflops.
Sur le papier, c'est plutôt intéressant : la partie intégrée est plutôt rapide et l'ensemble va animer la « console » d'Asus, la ROG Ally. Cet appareil reprend un peu le format du Steam Deck de Valve (ou celui de la Nintendo Switch) avec un écran plus défini et — surtout — plus de puissance.
Plusieurs défauts évidents
Il y a tout de même plusieurs problèmes évidents avec ces puces. Le premier vient de la puissance : les valeurs semblent extrêmement optimistes et ne sont pas présentes dans la présentation officielle d'AMD, comme le note Anandtech. Elles viennent de données qui avaient fuitées. Compte tenu du nombre d'unités et étant donné le format des machines visées, la version Z1 Extreme devrait en réalité être aux alentours de 5 téraflops avec une fréquence correcte (vers 1,5 GHz). Pour se donner une idée, la puce devrait fonctionner à plus de 2,6 GHz pour atteindre cette puissance, alors même que les Radeon RX 7900 XT(X) ne dépassent pas 2,5 GHz. Le constat est le même pour la version Z1 : la puce ne devrait pas dépasser le GPU du Steam Deck (aux environs de 1,5 téraflops) avec une fréquence classique.
Le second défaut est lié : la puissance de calcul reste assez faible dans l'absolu. Même en supposant que le 4 nm permette des fréquences très élevées, c'est à peine suffisant pour faire tourner des jeux modernes en 1080p avec des réglages moyens. Et dans les faits, nous pouvons supposer que les puces seront un peu en dessous. C'est un des défauts du Steam Deck : il faut descendre les détails pour profiter d'une fluidité acceptable.
Le troisième point découle des deux premiers : le TDP annoncé est de 15 à 30 W, avec probablement la possibilité de choisir une valeur en fonction des usages. Compte tenu de la propension d'AMD à donner une valeur plus faible que la réalité, la consommation réelle devrait être de 20 à 40 W en pointe, en fonction des réglages. C'est là encore une valeur élevée : la puce du Steam Deck est annoncée à 15 W.
Enfin, une consommation élevée implique une chauffe assez forte, ce qui n'est pas particulièrement agréable une fois l'appareil en main, et une autonomie assez faible. Encore une fois, ce sont deux défauts évidents du Steam Deck, qui risquent d'être amplifiés.
Apple a une carte à jouer
En l'état, ce qu'AMD propose est probablement ce qui se fait de mieux en x86 dans cette gamme de produits, et c'est là qu'Apple peut mettre en avant les puces M2. Typiquement, une puce M2 offre une puissance de calcul équivalente sur le CPU (face au Z1) et un GPU nettement plus rapide (3,6 téraflops sur le M2 en 10 cœurs), pour un TDP plus faible. La puce M2 Pro, même si elle n'a pas de TDP « officiel », est en pratique aux alentours de 30 W avec 10 cœurs et un GPU là aussi un peu plus efficace sur le papier.
Tout le problème, pour Apple, vient des jeux : il en existe assez peu sous macOS et pratiquement aucun pour les autres OS compilés pour les puces ARM. Alors que Valve — avec le Steam Deck — a amené des milliers de jeux Steam sur sa console et qu'Asus compte sur Windows pour offrir de quoi s'amuser avec la console. Et nous avons volontairement sorti les jeux iOS de l'équation : ils ne correspondent généralement pas à la cible de ce genre de console, même s'il existe quelques portages de jeux AAA issus des PC ou des consoles.