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Test de Photoshop CS5 Extended

La redaction

mercredi 16 juin 2010 à 11:45 • 20

Logiciel

Rares sont les produits commerciaux dont les noms passent dans le langage commun. Autrefois, Frigidaire imposait son patronyme au réfrigérateur. Aujourd’hui Photoshop se conjugue comme un verbe synonyme de « retoucher ». Une silhouette « photoshopée » lit-on ici et là ? Depuis l’affaire des bourrelets envolés de Nicolas Sarkozy dans une parution de Paris-Match, même Mme Michu connaît l’existence de Photoshop.

Prendre place dans le vocabulaire suppose une domination écrasante d’un domaine ou d’une discipline, et lorsqu’on entre vivant dans la légende, il y a souvent à craindre qu’on ne s’y endorme. Rien de tel avec Photoshop, sans doute le logiciel dont l’évolution est la plus spectaculaire de toute la Creative Suite 5.

Polissage d’interface

Au premier regard pourtant, pas de changements très saillants dans l’interface comme lors du passage de CS2 à CS3. Toutefois, en creusant, on remarque quantité de ces « petits riens » qui, additionnés, finissent par compter : le changement de l’opacité de plusieurs calques en même temps, le réglage des options par défaut des effets (fini donc cette Lueur externe toujours jaune et ce Contour obstinément rouge). Dans cet esprit, et toujours plus à l’écoute des utilisateurs, Adobe dénombre plusieurs dizaines d’ajustements. D’autres exemples ? On n'a jamais « zoomé » aussi efficacement qu’avec la CS5 en maintenant (comme avant) les touches Commande et Espace enfoncées, mais désormais en glissant simplement la souris (toujours cliquée) de droite à gauche.

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Recadrage avec la règle des tiers


Aussi, les images que l’on glisse du bureau (ou de Bridge) créent directement de nouveaux calques en tant qu’objets dynamiques ; l’outil de recadrage, quadrillé selon la règle des tiers chers aux photographes… Impossible de tout énumérer, mais à la fin de journée, le gain de temps n’est pas négligeable. Bridge (le visualiseur-organisateur de fichiers de la CS5) bénéficie également de nouveaux raffinements. Pour en citer quelques-uns : des préréglages pour l’exportation de fichiers, une fonction de substitution des chaînes de caractères dans le module pour renommer les fichiers ou l’ajout de filigranes dans les PDF.

Mini-Bridge, le petit frère de Bridge

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Mini Bridge, l'essentiel du Bridge


Mais ici, l’existence de Bridge valait d’être rappelée à cause de son nouvel alter ego dans Photoshop : Mini-Bridge. L’idée ravira les nostalgiques de la version CS car Mini-Bridge propose dans une simple palette les fonctions essentielles de son grand frère Bridge sans quitter Photoshop. L’idée serait excellente si la réalisation ne pêchait sur un détail critique : Mini-Bridge a absolument besoin de lancer Bridge pour fonctionner. Du coup, aucun bénéfice côté mémoire, denrée dont Photoshop est pourtant avide. Bien sûr, le spectaculaire est ailleurs.

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Mini-Bridge refuse de se passer de son grand frère Bridge


Le remplissage d’après le contenu est l’une des nouveautés qui frappent immédiatement. Elle se met en œuvre de deux manières : soit avec l’outil Correcteur localisé (ex Correcteur de Tons directs) dont c’est maintenant une option, soit plus efficacement à partir d’une sélection et en invoquant l’item de menu "Remplir". Se débarrasser d’un poteau qui bouche la vue ou même éliminer quelqu’un ou devient facile dans le monde de Photoshop (!), à condition de saisir les limites de la fonction.

Élimination sous condition

Elle ne donne de bons résultats que si la partie à supprimer réside dans un contexte relativement homogène : un ciel, du gazon, un mur… Sur un décor hétéroclite ou dans un contexte très géométrique, les résultats sont plus qu’incertains. Et à cet égard, on est un peu déçu qu’Adobe n’ait pas prévu l’ajout de contraintes pour préserver une ligne d’horizon par exemple comme le présente ce film qui se voulait un avant-goût de la fonction en vue de la sortie de la CS5. Adobe voudrait-il en garder sous le pied pour la CS6 ?

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Elimination grâce à Remplir avec Contenu pris en compte


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Elimination grâce à Remplir avec Contenu pris en compte


En revanche, l’amélioration de la fonction de détourage ne mérite que superlatifs. Apparue avec la CS4, la boîte de dialogue "Améliorer le contour" a été complètement rénovée. Avec l’option "Rayon dynamique", Photoshop est non seulement capable d’aller chercher les fins détails d’une fourrure ou d’une chevelure, mais il sait en même temps épouser les contours plus lisses d’un corps humain.

Une vitesse à ne plus arracher les cheveux

Bien que réglable, l’option "Rayon dynamique" en elle-même ne suffit pas à sélectionner les moindres petits cheveux d’un personnage à détourer, il faut « peindre » avec l’outil "Amélioration du rayon" pour signifier au programme où ils nichent. De sorte qu’avec un minimum de pratique, ce module fait au moins aussi bien que les meilleurs plug-ins dédiés au détourage (MaskPro, EZ Mask, Fluid Mask…), mais tellement plus vite. Mieux, il crée à volonté un masque de fusion avec lequel il reste possible d’affiner encore le résultat avec les techniques classiques. Et certes, il y a toujours des images quasi irréductibles au détourage, mais pour le tout-venant, l’efficacité de Photoshop tape clairement dans le registre du jamais vu.

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Détourage de cheveux avec Améliorer le contour


D’ailleurs avec cette CS5, les photographes sont d’ailleurs particulièrement gâtés. Notamment avec le filtre "Correction de l’objectif" maintenant en mesure de reconnaître les optiques des appareils photo pour en corriger les défauts : distorsion (défaut de géométrie), aberration chromatique (franges colorées), vignettage (assombrissement des bords de l’image).

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Vignettage amélioré dans Camera Raw


Correction en effet d’optique ?

D’entrée la base d’objectifs est plutôt modeste, mais Adobe compte sur la communauté des utilisateurs pour l’étoffer grâce à un éditeur de profils Adobe Lens Profile Creator à télécharger gratuitement sur Adobe Labs. Le français DXO dont le logiciel DXO Optics automatise la correction de près de 2000 optiques a beau jeu de critiquer cette attitude du numéro 1 mondial des logiciels d’arts graphiques.

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Correction de l'objectif dans Camera Raw 6.1


De fait, sur les quelques optiques à forte distorsion essayées pour ce test, les résultats obtenus avec Photoshop ne sont pas totalement probants. Dès la disponibilité de la CS5, des critiques se sont élevées pour remarquer l’absence d’une telle correction dans Camera Raw, le module dédié au traitement des fichiers Raw. Adobe a réagi rapidement, car il y a déjà une mise à jour 6.1 qui pallie cette carence. Sauf que pour le moment, Photoshop et Camera Raw n’ont pas l’air de partager leurs profils d’objectifs… Mais le fait même qu’Adobe se soit enfin décidé de s’attaquer à ce genre de profilage est en soi une bonne nouvelle. Car à terme, il est peu douteux que le géant américain y apporte une réponse plus solide.

Camera Raw met la sourdine

Pour preuve, il y a les progrès saisissants du dernier Camera Raw dans le traitement du bruit, enfin au niveau des meilleurs, à savoir les DXO optiques, Neat Image, Noise Ninja et autres Topaz DeNoise ; en prime avec une mise en œuvre très simple. De quoi ouvrir des horizons pour la photo en basse lumière si on n’a pas les moyens de se payer un Nikon D3S (le champion du moment dans le genre).

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Traitement du bruit dans Camera Raw - Avant


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Traitement du bruit dans Camera Raw - Après


Cela vaut également le coup d’y passer ses JPG ou ses PSD pour éviter les fastidieuses opérations de répression du bruit en mode Lab. La réécriture des algorithmes de dématriçage (la manière dont les données du capteur sont interprétées en pixels colorés) n’est sûrement pas étrangère à cette avancée. La comparaison avant-après est facile puisque l’ancien dématriçage est toujours accessible dans la section "Étalonnage de l’appareil photo" -> "Processus". La différence sera néanmoins inversement significative de la qualité intrinsèque du capteur, autrement dit, la différence est plus notable avec un boîtier médiocre.

À l’inverse de la réduction du bruit, Camera Raw sait maintenant rajouter du grain, ce qui n’était faisable jusqu’ici que dans Photoshop lui-même. Toujours à des fins artistiques il développe ce vignettage qui se rajoute pour focaliser l’attention. Plus précisément, il se met à niveau avec Lightroom pour offrir une plus grande variété de rendu. Mais pour clore la comparaison avec ce dernier, il est difficile de ne pas observer la moindre réactivité de Camera Raw sur des outils pourtant strictement identiques de part et d’autre comme le "Filtre gradué" ou le "Pinceau de retouche".

Exposition à tous crans

Les passionnés de photo vont également priser les nouvelles facultés de traitement HDR (High Dynamic Range). Le principe est de combiner plusieurs clichés d’une même scène avec différents crans d’exposition afin de combler la dernière lacune de la photo numérique en regard de l’argentique, à savoir sa difficulté de s’adapter aux contrastes violents. En HDR, on atteint ainsi un codage des couleurs sur 16 ou 32 bits encore hors de portée des boîtiers réflex d’aujourd’hui.

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Le nouveau module HDR, ici dans un traitement s'éloignant du photoréalisme


De fait, Photoshop disposait d’un traitement HDR depuis la CS2, mais ce n’est qu’aujourd’hui qu’il est à la hauteur du meilleur du genre, Photomatix ; la complexité en moins. Photoshop aligne même une fonction unique pour éliminer, autant que possible, le flou induit par les éléments mouvants comme l’eau ou les nuages. Contrairement à Photomatix, Photoshop ne propose pas de « Faux HDR » (pour simuler le rendu HDR lorsqu’on ne dispose que d’un seul cliché). Il préfère proposer une sorte de filtre intitulé "Virage HDR" avec lequel on parvient surtout à imiter le look typique des images HDR quand elles commencent à ressembler à de l’illustration plutôt qu’à de la photo. Les possibilités sont néanmoins en retrait du Plug-in Topaz Adjust, un virtuose dans le genre.

De la dureté de poils

Mais il n’y en a pas que pour les photographes. Les graphistes illustrateurs apprécieront déjà l’accès au choix des couleurs directement sur l’image avec une combinaison clavier (idem avec la pipette). Et puis, il y a aussi de nouvelles brosses imitant les outils des peintres avec taille de poils, dureté ou densité réglables. Qui dispose d’une tablette graphique observera même une incidence de l’angle du stylet, lequel s’affiche dans une fenêtre de prévisualisation.

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Les réglages des nouvelles brosses


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La palette de choix des couleurs directement sur l'image


Encore un poil plus proche d’un Corel Painter (mais sans prétendre l’égaler), le nouvel outil "Pinceau mélangeur" comme son nom l’indique est capable de mixer les couleurs tel un peintre sur sa palette avec des pigments humides. Justement, c’est le paramètre d’humidité qui est déterminant pour le mélange dans Photoshop. D’ailleurs, il faut nettoyer le pinceau virtuel si l’on veut éviter de ne peindre qu’en gris sale…

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Les pinceaux mélangeurs rendent faciles la transformation d'une photo en peinture virtuelle



Nouvelle ossature d'animation

Hérité d’After Effects, le nouvel outil "Déformation de la marionnette" est de nature à intéresser toute sorte de public. À condition d’avoir un élément isolé sur son calque, Photoshop est à même de lui ajouter des articulations afin de le déformer selon une ossature au final invisible. Dès lors, le changement posture d’un personnage est aussi aisé à opérer que la rectification d’un monument, d’ailleurs Adobe faisait faire des entrechats à la Tour Eiffel pour la présentation française du logiciel…

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Déformation d'un personnage grâce à l'outil Marionette


Pour les photographes, ce sera aussi une alternative au filtre "Fluidité" alors que les vidéastes y verront un moyen d’éviter les va-et-vient trop fréquents avec After Effects. À noter quand même que la fonction marionnette n’est pas reconnue dans la palette d’animation pour réaliser des interpolations. Mais bien sûr, la vidéo reste l’apanage de la version Extended de Photoshop. D’ailleurs pas de nouveautés pour cette dimension de Photoshop.

Repoussé pour mieux défoncer

En revanche, le module 3D, lui aussi réservé à l’Extended, fait l’objet d’une nouvelle troisième refonte (rappelons qu’il est né avec la CS3 !). La transformation du texte en 3D est enfin à portée de quelques clics et Photoshop reçoit une sorte de petit modeleur intitulé "Repoussé" (en français dans le texte), terme autrefois utilisé dans la métallurgie pour décrire la mise en volume.


Repoussé un petit modeleur 3D très simple d'accès


Toujours est-il qu’en partant de tracés, d’un masque, d’un calque ou d’une sélection, Repoussé réalise les opérations de base que sont extrusion, rotation (de manière peu orthodoxe en jouant seulement sur l’angle X), défonce ou déformation (façon pâte à modeler).

Ses facultés sembleront probablement ridicules à un adepte des Cinema 4D et autres Maya, mais Photoshop n’a manifestement pas l’ambition de les égaler. Son public est plutôt celui des utilisateurs de la trilogie Illustrator-InDesign-Photoshop ou des Web Designers qui n’ont aucune envie d’affronter l’arsenal intimidant des logiciels dédiés.

Accélération réelle, mais pas flagrante

La qualité de rendu s’améliore un peu, mais plus manifestement sa vitesse d’exécution en Lancer de rayon (Raytracing). En effet, cette CS5 supporte enfin le mode 64 bits sur Mac et la 3D est probablement le domaine dans lequel cela se ressent le plus. Car autrement, si l’accélération est réelle comme le montre notre test (voir plus bas), elle n’est pas franchement flagrante en utilisation ordinaire (lire également Photoshop CS5 : tests de performances).

iMac 24" à 2,93 GHz et 4 Go de RAM.
Test du script DriverHeaven (une douzaine de filtres sur une image en 7000x5443).
- CS5 : 4 min 05 s
- CS4 : 5 min 30 s

Test du script RetouchArtist (manipulations sur une image en 3504x2336).
- CS5 : 1 min 04 s
- CS4 : 1 min 17 s

À noter au passage que certains filtres comme "Éclairage" ne sont pas opérationnels en 64 bits, mais surtout que la plupart des plug-ins des sociétés tierces sont pour l’heure en 32 bits. Si l'on tient absolument à les utiliser, il faut redémarrer en mode 32 bits. L’opération est certes facile (une case à cocher dans la fenêtre Informations du Finder), cependant, les mauvais esprits ne pourront s’empêcher de remarquer que cette contrainte n’existe pas sous Windows…

N’empêche, avec son détourage nouvelle manière, son traitement antibruit efficace comme jamais, son module HDR revisité, sa 3D accessible au commun des graphistes, il va être difficile de ne pas se laisser manipuler comme une marionnette par Photoshop CS5.
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