Cinq ans de développement et quelques mois de bêta tests plus tard, Affinity Photo est finalisé et disponible sur le Mac App Store. L’éditeur britannique poursuit son attaque en règle contre Adobe et après s’en être pris à Illustrator avec Affinity Designer sorti en 2014, il menace Photoshop cette année avec ce nouveau logiciel. Et alors qu’un concurrent direct à InDesign est en préparation dans les bureaux de Serif Lab, Adobe devrait avoir quelques raisons de s’inquiéter, tant ce nouveau-venu est complet.
Établir la liste des fonctions proposées par Affinity Photo serait bien trop long : les cinq années de développement n’ont manifestement pas été gratuites et on a déjà un logiciel extrêmement complet. Si vous avez l’habitude de Photoshop, de ses centaines d’outils et dizaines de réglages, vous serez ici en terrain connu. D’ailleurs, on sent bien que l’éditeur a visé explicitement l’application d’Adobe : la présentation par défaut ressemble comme deux gouttes d’eau à son premier concurrent.
Pour concurrencer efficacement un logiciel déjà bien installé, il faut tout d’abord être parfaitement compatible avec ses fichiers. Affinity Photo peut ainsi ouvrir les fichiers PSD de Photoshop, il peut aussi exporter dans ce format et il est censé le faire sans détruire le fichier. Pour cela, il gère tous les espaces de couleur courants (RGB, CMJN, niveaux de gris et LAB), il peut modifier les fichiers avec 16-bits par canal et il sait ouvrir les palettes de couleurs d’Adobe et les plugins de Photoshop, entre autres choses.
Naturellement, Affinity Photo dispose de toutes les fonctions attendues pour modifier ou créer des photos raster. On peut ainsi gérer autant de calques que l’on veut, ajouter des filtres (avec un aperçu en temps réel du résultat), modifier tous les paramètres d’une image ou encore effectuer des sélections et retouches précises. On peut bien sûr créer ses propres brosses pour tous les outils qui les exploitent, ou bien encore créer ses effets, en plus de ceux fournis. Tout ceci est attendu et bien au rendez-vous.
On imagine qu’il manque à Affinity Photo plusieurs fonctions avancées de Photoshop, mais ce que propose ce logiciel après quelques années de développement est déjà très impressionnant. Par ailleurs, le fait qu’il a été conçu pour les Mac uniquement est un avantage. Débarrassé de Windows, le logiciel peut exploiter toutes les fonctions spécifiques d’OS X, comme OpenGL, GCD et Core Graphics. Metal sera probablement de la partie à l’automne, mais d’ici là, il est déjà optimisé 64 bits et pour les processeurs multi-cœurs. Et ses concepteurs notent que l’on peut zoomer sur n’importe quel fichier à 60 FPS, même les plus lourds.
Affinity Photo gère aussi mieux certaines fonctions spécifiques : on peut sauvegarder ses fichiers avec iCloud Drive, l’interface est parfaitement optimisée pour les écrans Retina et on peut même utiliser les trackpad Force Touch avec plusieurs niveaux de pression. Son développement plus récent lui offre aussi d’autres avantages techniques indéniables.
Prenons l’historique en guise d’exemple : contrairement à Photoshop qui est limité à 1000 annulations, on peut ici revenir en arrière (presque) sans limite. Affinity Photo est limité à 1024 annulations par défaut, mais un réglage permet de porter ce chiffre à plus de 8000 actions, largement de quoi voir venir. Mieux, l’historique est sauvegardé dans le fichier directement et non dans une mémoire vidée quand on ferme l’application. Pratique pour revenir en arrière à n’importe quel moment, sachant que tous les effets et toutes les modifications effectués sur un document ne sont pas destructifs.
Au-delà des fonctions, le principal argument de vente d’Affinity Photo est peut-être… son prix de vente. L’éditeur ne manque pas de le mettre en avant, alors qu’Adobe a pris le parti de l’abonnement : pour 50 € seulement, on obtient une licence définitive du logiciel. En clair, pour un tiers du prix nécessaire pour utiliser Photoshop (offre d’abonnement photographie à 150 € par an), on obtient un logiciel sans limite.
Un argument indéniable, qui devrait convaincre bon nombre de clients potentiels, y compris des professionnels. Et si cela ne suffisait pas, une version de démonstration est proposée sur le site de l’éditeur (elle devrait être publiée dans les prochaines heures), et on peut profiter d’une réduction de 10 € pour le lancement. Le logiciel n’est vendu que sur le Mac App Store et il est d’ores et déjà entièrement traduit en français.
Pour terminer, ajoutons que Affinity Designer a été mis à jour ce matin, avec plusieurs nouveautés, mais en particulier un pont avec Affinity Photo. Les deux logiciels sont capables d’ouvrir le format de l’autre et on peut ainsi modifier une photo d’un côté, l’ouvrir avec l’éditeur vectoriel pour ajouter des objets ou du texte et revenir ensuite dans l’éditeur d’images. On conserve toutes les fonctions à chaque étape, y compris l’organisation par calque, un excellent point.