Steve Ballmer n’a jamais été homme à mâcher ses mots ou à tempérer ses propos à l’encontre de ses concurrents. Un caractère qui a fait de lui un chef d’entreprise atypique : mélange de commercial, de technicien et de troubadour. En 2001, Linux avait été la cible de cette faconde lorsque le PDG l’avait qualifié de « cancer ».
15 ans plus tard, avec les bouleversements qui ont mis l’industrie informatique cul par dessus tête, et les changements de cap et de direction instaurés chez Microsoft, l’ancien dirigeant offre un point de vue plus nuancé. En résumé, il y avait une guerre à mener, elle l’a été et maintenant elle n’a plus lieu d’être.
S’exprimant la semaine dernière à l’occasion d’un dîner conférence organisé par Fortune, Ballmer a justifié sa position outrancière de l’époque : « L’entreprise a gagné des tonnes d’argent en menant parfaitement bien cette bataille. Ce fut extrêmement important pour les rentrées financières de l’entreprise » et assurer la prédominance de Windows, rapporte Reuters.
Aujourd’hui, les enjeux comme les adversaires ont changé de nature. Les craintes inspirées alors par Linux « sont dans le rétroviseur ». À tel point que Ballmer dit avoir félicité par mail son successeur, Satya Nadella, pour l’annonce d’une version Linux de SQL Server en préparation pour 2017. Une décision qu’il a « adoré ».
Une stratégie d’ouverture vers d’autres plate-formes que l’on a vu ces derniers mois au bénéfice d’Android et d’iOS, qui sont régulièrement servis les premiers en nouveaux logiciels de Microsoft. Un revirement complet depuis ces temps anciens où Ballmer avait déclaré : « Linux est un cancer qui s’agrippe, au sens de la propriété intellectuelle, à tout ce qu’il touche ». Un an plus tôt, le système open source avait été associé à certains des maux supposés du communisme, rappelle de son côté Clubic :
Linux est un concurrent difficile. Il n'y a pas de société appelée Linux, il n'y a même pas de feuille de route pour Linux (…) Cependant (Linux) a des caractéristiques du communisme que les gens adorent par dessus tout : c'est gratuit. ».
Toujours pendant ce dîner, Ballmer a expliqué qu'il n'était plus en relation étroite avec Gates, « Chacun a suivi son propre chemin ». En plus de ses nouvelles fonctions de patron d'une grande équipe de basket à Los Angeles, il s'est découvert un vif intérêt pour une activité qui tranche avec le caractère qu'on lui connaît : le yoga. « Cela vous donne beaucoup de temps pour travailler physiquement, méditer et prendre les choses d'une manière plus légère. C'est quelque chose de merveilleux à faire ».