Il est relativement simple d’enregistrer n’importe quel flux vidéo protégé transitant par Chrome, avertissent des chercheurs en sécurité de l’université Ben Gourion, en Israël, et des Telekom Innovation Laboratories de Berlin. Il est ainsi possible, par exemple, de récupérer un film Netflix en un clic ou presque, aidé par les bons outils.
Cette faille est issue de la manière dont Google a implémenté la technologie de DRM Widevine dans son navigateur web, qui l’exploite pour la diffusion de vidéos protégées. Pour prouver leurs dires, les chercheurs ont mis en ligne cette vidéo de démonstration, relayée par Wired.
Les DRM, c’est comme les chasseurs : il y en a des bons, et il y en a des mauvais. Un "bon" système de protection doit protéger les données chiffrées et se contenter de les diffuser dans le navigateur, mais cette vulnérabilité permet de copier le flux. Les deux chercheurs à l’origine de la découverte estiment qu’il suffirait d’un correctif pour boucher la faille, qui créerait un TEE (Trusted Execution Environment) au sein du système de DRM, un « tuyau » qui ferait en sorte d’écrire le contenu déchiffré dans un espace de mémoire protégée. Il serait alors impossible de siphonner ce contenu.
Widevine a été acquis par Google en 2010 afin de sécuriser les flux dans le navigateur web et pour les chaînes premium de YouTube. Ce système de gestion des contenus protégés est présent dans deux milliards d’appareils. De ce qu’on en comprend, le bug existe depuis l’implémentation de Widevine dans Chrome.
Le bug a été découvert il y a huit mois, et Google est au courant de ce problème depuis le 24 mai, sans fournir de parade encore ; mais l’entreprise explique que cette faille peut toucher n’importe quel navigateur basé sur Chromium (Opera et Firefox utilisent aussi Widevine, mais les chercheurs n’ont pas vérifié s’ils étaient touchés eux aussi). Les chercheurs ont donné 90 jours au moteur de recherche pour donner de plus amples détails sur la manière dont fonctionne cette vulnérabilité.