Upthere, le nouveau concurrent de Dropbox et consorts est sorti de sa période de bêta test. Tout le monde peut l’essayer gratuitement pendant 3 mois. Il marche avec des clients sur OS X, iOS, Android et il est en bêta sur le web et sur Windows.
Ce service a commencé à faire parler de lui à l’automne dernier, en bonne partie grâce à la présence parmi les fondateurs d’un ancien baron d’Apple : Bertrand Serlet. Celui-ci a copiloté puis dirigé l’effort logiciel d’Apple après le retour de Jobs, jusqu’à Snow Leopard. Serlet s’est attaché les services de Chris Bourdon pour diriger Upthere, un ancien responsable du marketing produit d’OS X jusqu’à Mountain Lion.
Upthere (“là-haut”) met le nuage au cœur de son dispositif, le considérant comme le véritable espace de stockage des appareils qui lui sont connectés. Nous avions détaillé l’essentiel de son fonctionnement en novembre, lorsqu’il était en pleine phase de bêta test.
Une application de photo, Upthere Camera, va dans ce sens. Elle a été conçue pour envoyer ses clichés (et vidéos) directement dans l’espace en ligne dès qu’on appuie sur le déclencheur, sans passer par un stockage dans l’iPhone. Elle n’est toutefois pas encore prête.
Upthere n’a pas beaucoup changé dans les grandes lignes depuis notre dernier essai. Le plus important c’est que les prix ont été annoncés.
Il faut compter 5 $ par mois pour 200 Go de stockage et chaque tranche de 100 Go supplémentaires est facturée 2 $ par mois. Sur un strict plan tarifaire, Dropbox Pro par exemple est mieux positionné : 1 To pour 10 $ par mois (autant en euros) ou 8,25 $ mensuels en cas d’engagement annuel.
Upthere Home
Upthere se distingue toujours de ses concurrents par son mode opératoire. Ce n’est pas un logiciel qui s’intègre au Finder de manière transparente. Au contraire, il se présente sur Mac au travers d’une app indépendante : Upthere Home, en prise directe avec l’espace en ligne.
C’est avec elle que l’on consulte et fouille dans son espace de stockage déporté. C’est elle aussi qui envoie vos fichiers dans le nuage. Des fichiers qu’elle collecte dans Photos et iTunes si on lui donne l’autorisation ou ceux que l’on glisse sur sa fenêtre. Upthere Home accepte les photos (conservées dans leur format d’origine), les vidéos, les documents de “bureautique” et la musique. Quant aux applications, elle sont prises et transformées en archives zip.
Dans Upthere Home, la première section “Flow” donne un aperçu général sur l’activité de votre espace : les fichiers en train d’être réceptionnés, les partages activés récemment, les fichiers que vous avez modifiés, etc.
Suivent les sections pour les documents, les photos/vidéo et enfin la musique. Upthere indexe cette masse de fichiers en prévision de recherches par type, par lieux ou par date par exemple. Des “loops” tiennent lieu de dossiers pour recevoir les fichiers que l’on veut partager.
Cette organisation se retrouve sur l’iPhone (la version iPad n’est pas encore disponible). Ces contenus peuvent être rassemblés à l’intérieur de “Loops” pour être partagés. Ce partage est strictement privé par défaut. Au point que le destinataire doit se connecter à son compte Upthere pour en prendre connaissance.
Ou alors, on choisit un accès public et on génère un lien classique que l’on glisse dans un message. Et là, rien n’interdit de mettre de la musique ou des vidéos dans son Loop. Le destinataire dispose d’un bouton de téléchargement pour tout récupérer dans une archive zip…
Les développeurs ont aussi prévu un système de commentaires, on en a avec le partage de photos chez Apple.
Tout à sa philosophie de travailler depuis le nuage, Upthere vous laisse ouvrir une image dans une application tierce pour la manipuler. Le résultat sera directement enregistré en ligne et non pas sur votre ordinateur (à part un cache temporaire). Ultérieurement, Upthere permettra de revenir consulter le fichier original non modifié, puisqu’il est préservé.
Il est un peu trop tôt pour se faire une idée définitive de l’intérêt et de l’utilité d’Upthere comparé à ses concurrents plus classiques aussi de plus en plus sophistiqués. On pense par exemple à l’intégration de Dropbox avec les outils d’Office ou à Google Photos qui peut marcher avec Google Drive. C’est en cela que les 3 mois gratuits proposés par Upthere sont une bonne chose.
Contrairement à des startups qui se lancent en offrant tout gratuitement sans trop de visibilité sur leur mode de financement futur, Upthere privilégie d’emblée une formule payante. Bon point aussi.
Cette entreprise, qui a conçu son infrastructure de zéro (en mettant au point ses propres serveurs), a reçu également 77 millions de dollars d’investissements de quelques fonds connus de la Silicon Valley (Elevation Partners et KPCB). Elle compte en outre des partenaires tels que l’opérateur téléphonique japonais NTT Docomo et Western Digital. On verrait bien ces deux derniers intégrer Upthere à leurs forfaits et dans leurs NAS. Il faut aussi s’attendre à voir les éditeurs d’apps courtisés avec la mise à disposition d’une API, comme a si bien su le faire Dropbox.
Reste à convaincre les utilisateurs. Chris Bourdon, qui a passé 15 ans aux premières loges chez Apple, pense qu’il y a une carte à jouer, comme il l’a dit à Fortune hier. En parlant de Dropbox et d’iCloud comme des concurrents sérieux, mais appuyés sur des modes de fonctionnement dépassés. Où chaque appareil est obligé de se synchroniser avec les autres en échangeant des fichiers à travers le nuage.
Nous considérons cela comme une technologie désuète. Ça ne règle pas vraiment le problème de la fragmentation des espaces de stockage et de la capacité qu’ont de nombreuses personnes qui possèdent plusieurs appareils et ordinateurs, et nous pensons qu’il y a matière à améliorer beaucoup de choses pour les gens qui utilisent iCloud. Nous avons discuté avec pas mal de monde et tous de manière générale ne comprennent pas iCloud. Pour nous c’est un signe.