L’écosystème macOS avait-il besoin d’un nouveau logiciel de gestion de mails ? Sans aucun doute, pour peu qu’on ait quelque chose de nouveau à proposer. Mais le secteur est déjà bien encombré et il faut vraiment sortir du lot pour se faire remarquer — et adopter par les utilisateurs.
Readdle, éditeur de logiciels de bureautique bien connus (Calendars 5, PDF Expert 5 ou encore Printer Pro), s'est lancé l'an dernier à l'assaut du marché des clients de courrier électronique avec Spark. L'application est d'abord sortie sur iPhone puis sur iPad (et Apple Watch). Il est désormais temps de boucler la boucle avec une version macOS !
L'éditeur propose sur le Mac App Store la première version finale, gratuite, qui permet de retrouver sur son Mac l'équivalent de la version iOS, avec des particularismes comme la prise en charge de la nouvelle Touch Bar.
Spark gère les messageries Google, iCloud, Exchange, Yahoo, Outlook et IMAP. Son interface reprend celle que l’on connait sur iPad, mais aussi Mail et bien d’autres logiciels du même genre. Il n'y a pas de volonté de réinventer la roue. On a trois panneaux, comportant dans le premier les comptes et les dossiers, dans le second la boîte de réception ou une vue dans un dossier, dans le troisième le corps du message à proprement parler. L'interface est en anglais mais l'éditeur espère une traduction en français sous 2 à 3 semaines (c'est déjà fait sur iOS). Cela permettra de mieux profiter de la recherche en langage naturel.
Tris rapides
Les gestes rapides vers la droite ou la gauche pour trier des courriers dans la liste principale sont là. Jusqu'à 4 actions différentes (2 dans chaque sens) peuvent être définies dans les préférences, parmi un choix qui comprend : effacer, épingler, archiver, déplacer, remettre à plus tard, marquer comme spam, lu/non lu.
Lecture différée
Spark reprend la plupart des fonctions classiques d’un gestionnaire de mails et en ajoute qui sont devenues courantes sauf chez Apple. C'est le cas de la remise à plus tard de la lecture d'un mail ("Snooze"/"Reporté"). On choisit une date ou une heure et le courrier réapparaîtra dans la boite d'arrivée au moment choisi. Mieux, on peut demander à recevoir une notification pour l'occasion, soit pour ce mail soit de façon générale pour tous reportés à une date ultérieure.
Les réglages de cette fonction "Snooze" sont complets et très précis. Les adeptes hardcore des emplois du temps réglés comme du papier à musique seront aux anges.
Boite d'arrivée intelligente
Spark se distingue ensuite par sa boîte de réception "Smart Inbox" qui répartit les courriers dans des "cartes" (selon la dénomination de l’éditeur). Une carte présentera les nouveaux messages pas encore lus, une autre les mails marqués d’une épingle, dans la suivante ce seront les listes de diffusion, puis les messages importants et, enfin, tous les courriels déjà lus de la boîte de réception.
On choisit dans les réglages de Spark les cartes à afficher (ou pas) dans cette colonne centrale. Rien ne vous empêche de les désactiver toutes pour retrouver une simple liste chronologique de vos courriers. Une flexibilité bienvenue si l'on ne veut pas d'une colonne trop segmentée avec ces différents rangements. Il y a aussi une petite option intéressante en bas à gauche de ces réglages : "Card action". Elle affiche un petit bouton en haut de ces cartes pour exécuter un traitement par lot des mails qu'elles contiennent : les archiver, effacer, marquer comme lus, d'un clic.
Réponse rapide
À la réception d’un nouveau courrier, on peut évidemment répondre au correspondant de manière traditionnelle, mais le logiciel propose avec sa fonction Quick Reply d’envoyer un petit mot rapide. Il suffit de cliquer sur le bouton qui présente plusieurs smileys, puis de choisir la réponse type appropriée.
Ces réponses rapides peuvent être personnalisées dans leur texte et vous pouvez en créer de nouvelles associées à des smileys. Dommage que la sélection d’imagettes soit si limitée (15, avec des styles parfois désuets). Pas d'accusés de réception en revanche, à la manière de ce que propose Polymail.
Parmi les autres petits plus de Spark, il y a la fonction pour envoyer une réponse et archiver la conversation d’un coup. Un petit gain de temps toujours appréciable. Une fois que l'on a sélectionné l'une des deux options "Send" ou "Send and Archive", elle devient le bouton par défaut, jusqu'au prochain changement. Et le raccourci clavier pour envoyer le courrier est identique à celui de Mail.
À ce propos, les réglages du logiciel permettent de choisir d'activer d'un clic les même raccourcis que Mail, Gmail ou de faire sa propre petite cuisine.
Marquer un message comme spam n’est pas aussi évident qu’avec Mail, où il suffit de cliquer sur l’icône idoine. Dans Spark, il faut d’abord cliquer sur le bouton « … » puis de sélectionner l’option Spam. C’est là également là que l’on trouve la possibilité d’imprimer le mail et de le placer dans un autre dossier. Un bouton fourre-tout qui mériterait sans doute un petit coup de polish, ou que cette barre d'outils soit personnalisable dans les fonctions que l'on veut toujours afficher.
Spark est prêt aussi pour la Touch Bar des MacBook Pro. La barre tactile affichera des actions contextuelles selon les besoins.
Autre exemple d'action contextuelle bien vue, la barre de mise en forme des textes n'apparaît que lorsqu'on sélectionne une portion de texte.
Cela fait maintenant 15 jours que deux d'entre nous utilisons Spark pour Mac (sur Sierra). Le logiciel s'est montré stable, à une exception près. Il s'est mis à planter systématiquement lorsqu'on veut déplacer un destinataire entre les champs "to" et "Bcc" d'un mail (vérifié sur deux postes équipés de la dernière bêta de Sierra).
Ce détail mis à part (corrigé dans la bêta sortie ce soir), c'est une très bonne application qui vient se garer entre Mail (pour sa simplicité globale) et Airmail (qui a lui aussi des fonctions avancées mais peut être trop selon ses besoins). Les utilisateurs de Spark sur iOS pourront en outre retrouver leurs réglages, ils sont synchronisés avec iCloud.
Enfin, l'éditeur prépare une version "team" qui, elle, sera payante. En résumé, ce premier Spark pour Mac s'avère un logiciel équilibré, qui part sur de bonnes bases, aidé il est vrai par une version iOS déjà aboutie.
Avec Mickaël Bazoge