Dans les tonnes de nouveautés annoncées chaque année par Adobe lors de sa conférence MAX, on cherche souvent un fil conducteur, une concordance, en vain. Cette fois, pour l'édition 2023, un thème surnage, il engloutit même tout le reste. Ce thème, c'est l'intelligence artificielle.
Après avoir fait démarrer progressivement sa technologie Firefly au printemps, Adobe profite de MAX 2023 pour passer la seconde. L'éditeur dévoile trois nouveaux modèles majeurs dès à présent disponibles. C'est bien le moins pour les clients du Creative Cloud, car les prix de certains abonnements vont augmenter en novembre.
Trois nouveaux modèles majeurs pour Firefly
Depuis le printemps, Firefly facilite la création de contenus dans plusieurs applications : rien qu'avec une description textuelle, les utilisateurs de Photoshop peuvent générer de nouvelles images et étendre celles existantes, les apprentis sur Adobe Express peuvent créer des polices originales, les graphistes sur Illustrator peuvent changer le thème de leurs compositions, etc.
À l'occasion d'Adobe MAX 2023, cette famille d'IA génératives s'enrichit de trois nouveaux grands modèles. En premier, Firefly Image 2, une évolution du modèle déjà à l'œuvre dans les applications. Selon le créateur de Photoshop, cette mise à jour, disponible exclusivement en bêta dans la web app Adobe Firefly pour le moment, va permettre de générer des images de meilleure qualité en gommant les imperfections actuelles.
Une partie des améliorations porte sur le caractère photoréaliste des images générées. Le nouveau modèle va s'attacher à reproduire des détails, comme les pores de la peau sur les visages, ainsi qu'à mieux gérer la profondeur de champ. L'analogie avec la photographie est poussée au point de pouvoir ajuster l'image générée avec des contrôles similaires à celui d'un appareil photo.
Un autre pan de Firefly Image 2 est le Generative Match, c'est-à-dire la capacité à appliquer le style d'une image spécifique à d'autres images. Alors que des artistes se sont déjà offusqués que des IA génératives permettent de répliquer leurs coups de pinceau, l'efficacité de la solution proposée par Adobe reste à démontrer : l'éditeur demande à ses utilisateurs de confirmer qu'ils ont le droit d'utiliser l'image de référence et il stocke une vignette de celle-ci sur ses serveurs en guise de preuve en cas de contentieux.
Par ailleurs, le nouveau modèle devrait être plus doué dans sa compréhension des commandes textuelles. Il va même suggérer d'autres commandes dans le but d'améliorer le flux de travail et l'image générée elle-même.
Le deuxième nouveau modèle est Firefly Vector Model, le premier modèle d'IA au monde spécialisé dans la génération d'images vectorielles. Intégré à Illustrator, il permet de créer toutes sortes d'images facilement modifiables après coup grâce aux calques générés automatiquement et aux propriétés personnalisables des motifs, courbes et autres dégradés. Enfin, Firefly Design Model sert à créer simplement des modèles de maquettes dans Adobe Express, la suite d'outils destinée à la création d'illustrations, vidéos et autres contenus pour les réseaux sociaux.
Le coût de Firefly
Toutes ces innovations, Adobe va les faire payer, que vous les vouliez ou non. La formule Creative Cloud pour une application unique (actuellement 23,99 €/mois avec engagement d'un an) et celle pour toutes les applications (62,47 €/mois) vont coûter plus cher à partir du 1er novembre : elles passeront à 26,21 €/mois et 67,01 €/mois respectivement.
En contrepartie, ces offres vont inclure une enveloppe mensuelle de crédits génératifs servant à utiliser Firefly. Par exemple, si vous avez l'abonnement donnant accès à toutes les applications du Creative Cloud, vous aurez chaque mois 1 000 crédits génératifs. Chaque utilisation de Firefly va coûter 1 crédit (pour les images générées de 2 000 x 2 000 pixels maximum, sachant qu'Adobe prévoit de proposer des contenus générés plus grands à l'avenir).
Si votre enveloppe de crédits génératifs est épuisée avant la fin du mois, vous pourrez toujours utiliser Firefly, mais l'IA pourrait être alors plus lente — on ne sait pas jusqu'à quel point. Si le ralentissement vous dérange, vous pourrez acheter des packs de crédits génératifs additionnels, à partir de 5,53 €/mois pour 100 crédits.
À noter que quelques formules vont échapper à la hausse des prix, dont celle dédiée à la photo (Photoshop + Lightroom), celle liée à Lightroom seul et celle pour l'éducation.
Les mises à jour d'applications
En parallèle à ce déferlement d'annonces sur l'IA, Adobe distribue plusieurs mises à jour importantes pour ses applications. Des améliorations annoncées lors de l'IBC pour les logiciels vidéo sont maintenant disponibles en version stable.
Premiere Pro profite ainsi d'un meilleur montage basé sur le texte, d'une timeline plus performante et d'options d'export vers Instagram, Facebook, YouTube et TikTok. After Effects gagne pour sa part une fonction de rotoscopie grandement améliorée.
Photoshop voit sa version web officiellement lancée. L'accès à cette web app, qui n'est pas aussi puissante que la version de bureau, requiert un abonnement à une offre comprenant Photoshop. Le logiciel de retouche d'image est rejoint sur la toile par Illustrator, qui devient utilisable dans un navigateur en version allégée. Quant à Lightroom, nous avons consacré un article à part entière à ses nouveautés.
Lightroom applique le mode Portrait à n'importe quelle photo