La fonctionnalité « Contrôle des distractions » de Safari, qui permet de masquer facilement des éléments sur le web, ne plait décidément pas du tout à la presse et aux publicitaires français. Après avoir fait part de leurs craintes à Tim Cook au printemps alors que la nouveauté n’en était qu’au stade de la rumeur, plusieurs organisations professionnelles viennent d’adresser une nouvelle lettre ouverte à Apple.
« Nous considérons collectivement que cela menace l'équilibre économique des médias et des fournisseurs de contenus, facilite la manipulation de l’information, et fragilise la conformité des acteurs à la réglementation européenne sur la protection des données », écrivent ensemble l’Alliance Digitale, l’APIG, le Geste, le SRI, l’Udecam et l’Union des marques, qui représentent au total 800 médias et entreprises publicitaires.
Intégrée à Safari sur iOS 18 et macOS, la nouvelle fonctionnalité permet de masquer simplement n'importe quel élément sur une page web, y compris ceux auxquels les éditeurs tiennent beaucoup, en l’occurrence les bannières de consentement (ces bandeaux qui incitent généralement à accepter le plus de cookies possible) et les publicités sous toutes leurs formes (image, vidéo…).
Apple a essayé de ne pas provoquer l’ire des médias en intégrant discrètement son outil durant le cycle des bêtas d’iOS 18, en plein cœur de l’été, et en ne le rendant pas aussi efficace qu’un véritable bloqueur de pub. Il faut en effet sélectionner individuellement chaque élément « gênant », il n'y a pas de synchronisation entre les appareils, et le masquage ne résiste pas aux contenus dynamiques, comme certaines pubs.
Safari permet de « masquer les éléments gênants » sans effort dans iOS 18 et macOS Sequoia
Quand bien même la fonction intégrée à Safari n’est pas aussi puissante qu’un bloqueur de pub à part entière, les organisations françaises considèrent qu’elle « constitue une menace existentielle pour le modèle de publicité en ligne, qui sous-tend une part importante de l’économie d’Internet. »
Les médias et publicitaires déplorent également qu’Apple ait lancé cette fonctionnalité sans concertation et sans documentation. « Nous demandons donc à Apple de suspendre cette fonctionnalité et de fournir les informations nécessaires au marché concernant son fonctionnement technique. En l'absence de réponse satisfaisante, nous nous réservons le droit de prendre des mesures juridiques appropriées », menacent-ils, en invoquant le DMA et diverses autres lois.
Interrogé sur le sujet par Business Insider, Apple n’a pas fait de commentaire pour l’heure.