Les druides ajoutent un nouvel ingrédient à leur antidote, ce fameux « remède à tous vos mots », l’intelligence artificielle générative. Antidote 12 ne se contente plus de corriger vos écrits, ce qu’il n’a jamais aussi bien fait grâce à ses nouveaux moteurs neuronaux, mais peut maintenant les réécrire, ce qu’il accomplit avec cinq modules de reformulation. Pour Éric Brunelle, le président cofondateur de Druide informatique, c’est une « révolution ». Ce n’est pourtant que l’une des 120 nouveautés de cette nouvelle édition de l’application d’aide à la rédaction.
Réécrire, retoucher, épicéniser, modérer et raccourcir : voilà les cinq modalités de reformulation, mises sur un pied d’égalité avec les fonctionnalités de correction, qui s’offrent aux utilisateurs de l’offre de services Antidote+. Ceux qui se souviennent d’Antidote Prisme, cela ne nous rajeunit pas, verront ces volets comme autant de filtres. Sauf qu’il ne s’agit plus seulement de signaler une difficulté, comme une cascade de compléments ou des répétitions, mais de proposer des manières de la résoudre.
Le pluriel est de mise, puisque les serveurs de Druide formulent jusqu’à quatre suggestions, de la plus proche du texte original à la plus créative. L’éditeur canadien a entrainé un modèle par modalité de reformulation, en prenant garde d’éviter la génération pure et dure, pour éviter les hallucinations. Les requêtes sont envoyées au fur et à mesure du défilement dans le document, avec le mécanisme d’anonymisation qui était déjà employé par la fonctionnalité de reformulation d’Antidote Web. Vous pouvez choisir de reprendre tout ou partie d’une suggestion et donc mélanger plusieurs degrés de “créativité” du modèle.
La fonctionnalité de réécriture peut travailler à l’échelle de plusieurs phrases pour proposer des reformulations globales, alors que la fonctionnalité de retouche colle le texte de plus près pour peaufiner telle ou telle tournure. L’épicénisation et le raccourcissement n’appellent pas de commentaires, contrairement à la fonctionnalité de modération, qui tempère les propos emportés. Les préposés au service client (et les rédacteurs de MacGeneration) apprécieront qu’elle soit intégrée au nouvel “Anti-Oups!”, qui arrêtera les courriels désobligeants.
De manière générale, le correcteur profite de la montée en puissance des moteurs neuronaux, qui compensent les faiblesses du moteur symbolique. Druide a carrément remplacé le moteur du correcteur anglais par un moteur neuronal et doublé le nombre d’erreurs détectées ! Antidote 12 bute de moins en moins sur les constructions complexes ou les omissions qui provoquent ces fameuses “ruptures” de la correction. Cette nouvelle approche débloque des possibilités, comme un filtre détectant les répétitions à l’échelle d’un document entier.
Par le biais de son extension de navigateur, Antidote peut maintenant proposer une « correction express » dans tous les champs de texte ou presque. Si elle corrige les principales coquilles et propose des reformulations, il faudra toujours ouvrir Antidote 12 ou Antidote Web pour rentrer dans le détail. Cette nouvelle édition prend (enfin !) en charge Google Docs, ainsi que Gmail et Outlook, dans lesquels l’Anti-Oups! peut maintenant détecter l’absence d’une pièce jointe promise.
Enfin et peut-être surtout, Antidote 12 peut maintenant ouvrir un dossier de documents texte (y compris Markdown, LaTeX et HTML) d’un coup. L’éditeur finit ainsi l’assimilation des fonctionnalités du regretté WebElixir, puisqu’il (re)devient possible de corriger les fichiers composant un site web, une documentation ou un livre. Mais Antidote n’est pas qu’un correcteur : le dictionnaire français gagne 3 200 mots et locutions, sa contrepartie anglaise en gagne 4 700, et les guides accueillent un nouveau titre consacré aux différences entre les deux langues.
Les locutions possèdent maintenant leur propre entrée, avec des synonymes et des cooccurrences. Les linguistes de Druide semblent avoir pris un malin plaisir à rédiger des fiches éclairant l’origine d’une centaine de locutions comme “tout de go” et “à la queue leu leu”. Antidote Web profite de la plupart des nouveautés d’Antidote 12, tandis que la version mobile hérite des nouveaux dictionnaires et guides. La mise à jour est comprise dans l’abonnement Antidote+ à 59 € par an pour une utilisation personnelle ou 99 € pour une utilisation familiale, et 30 € supplémentaires pour le module de langue anglaise.
Druide propose des passerelles pour adopter Antidote+ à prix réduit depuis une licence perpétuelle, mais n’abandonne pas pour autant la version boite, qui reste disponible en mise à niveau pour 79 à 119 €. C’est d’ailleurs la seule façon de découvrir Antidote : le jeu, un paquet de 100 cartes comportant chacune cinq questions de connaissance générale, évidemment puisées parmi les définitions et les guides d’Antidote 12. Le jeu est offert à l’achat d’une boite et sera vendu au Canada.
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