En 1997, lorsque Steve Jobs revint aux manettes d’Apple, il a eu l’intuition qui sauva l’entreprise et la replaça sur les bons rails : faire table rase du passé en simplifiant drastiquement la gamme de produits du constructeur. D’un côté, les portables, de l’autre les ordinateurs de bureau, avec pour chacune de ces lignes, une version grand public et une mouture pro. Quatre produits en tout, et c’est tout.
Il faut dire que le catalogue d’Apple était devenu pléthorique, indigeste et sans structure. Une véritable jungle illisible, qui rappelle ce que peuvent proposer Dell ou HP aujourd’hui. Riccardo Mori, écrivain, journaliste et rédacteur de manuels techniques, rappelle à quoi ressemblait la gamme d’Apple en 1996 : une liste longue comme le bras un jour sans pain, même s’il y avait comme une sorte de logique dans ce capharnaüm.
Et cette grille ne comporte aucun des périphériques vendus par Apple : la famille de Newton, celle des appareils photo QuickTake, les deux gammes de moniteurs (AppleVision et Multiple Scan), les imprimantes, les scanners…
La famille de Mac de bureau offrait rien moins que 9 designs différents (contre trois aujourd’hui : iMac, Mac mini, Mac Pro), même si l’Apple Network Server fût un produit de niche — et pas réellement un Mac en tant que tel puisqu’il fonctionnait sous AIX d’IBM ! La gamme d’ordinateurs portables était, en comparaison, bien plus lisible avec trois modèles (une entrée de gamme, deux haut de gamme).
Plusieurs des Mac de bureau offraient des performances proches, les différences tenant sur le design ou la présence d’un slot d’extension supplémentaire (ou absent). À l’époque, la stratégie du constructeur (s’il y en avait une), était de couvrir le maximum du marché et des besoins des clients. Quitte à générer une certaine confusion, à laquelle la gamme Performa a largement contribué.
Ces ordinateurs, qui s’orientaient vers le marché grand public, marchaient sur les platebandes des Power Macintosh qui eux, visaient le secteur de l’entreprise. Il arrivait en effet que des Performa se montrent plus performants (c’est le cas de le dire) que certains Power Mac ; pour alimenter ce puits sans fond, Apple basculait un modèle d’une gamme dans une autre, à l’instar du Power Mac 6400 qui est devenu le Performa 6400 pour le marché de l’éducation.
Bref, des écuries d’Augias qui ont été le premier travail de Steve Jobs une fois de retour aux commandes. Si Apple a longtemps respecté la grille de 2 x 2 produits imaginée par son fondateur, les choses ont commencé à se compliquer avec l’arrivée des iDevices, iPod en tête (et plus tard les défunts Xserve, eMac, …). Aujourd’hui, l’ensemble des appareils vendus par le constructeur aurait quelque difficulté à tenir sur une table — combien d’Apple Watch au catalogue ? Sans oublier les chevauchements de produits : un iMac 27’’ Retina haut de gamme peut rivaliser en performances avec un Mac Pro. Mais cela reste plus lisible qu’en 1996…
Image de une : Yamanaka Tamaki, CC BY-NC-ND