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Quel Mac acheter si j’étais étudiant aujourd'hui ?

Nicolas Furno

vendredi 09 décembre 2016 à 16:00 • 208

Mac

J’ai acheté mon premier Mac en 2006. À l’époque, j’étais étudiant depuis environ six mois et mon PC portable sous Linux ne me servait à rien. J’avais besoin d’un ordinateur pour travailler, pas pour bricoler, et je ne voulais pas du tout de Windows. C’est assez naturellement que je me suis tourné vers les Mac, d’abord un iBook G4 qui m’a (fort bien) servi une dizaine de mois avant de laisser la place à un magnifique MacBook noir.

Pomme blanche sur un fond noir. On ne passait pas inaperçu avec ce Mac…

Pour ceux qui ne suivaient pas l’actualité d’Apple à l’époque, on avait deux options si on voulait un Mac portable. Il y a dix ans, le constructeur vendait soit un MacBook 13 pouces en plastique, soit un MacBook Pro 15 ou 17 pouces en aluminium. Le MacBook Air n’existait pas encore et il n’était même pas question d’iPad. Les choix étaient plus limités donc et pour un étudiant, le MacBook était le choix évident.

Convaincu par les Mac, je me suis naturellement tourné vers ces MacBook courant 2007. J’ai attendu leur mise à jour au mois de mai — six mois après la précédente, car oui, à l’époque, il y avait deux mises à jour par an — et j’ai cassé ma tirelire. Bénéficiant de la promotion étudiante à hauteur de 12 %, j’ai même pu m’offrir le modèle haut de gamme, le MacBook noir, qui valait 1450 € neuf et que j’ai payé environ 1275 €.

Cet ordinateur m’a suivi pendant toutes mes études et je ne l’ai abandonné qu’en commençant à travailler chez MacGeneration, à l’automne 2010. Trois ans de bons et loyaux services, des heures de notes pendant les cours, plusieurs mémoires à la fac… autant dire qu’il m’a bien servi et il a ensuite rendu service pendant cinq années supplémentaires dans ma famille.

Il a pris des coups, mais je ne suis pas le seul responsable : après moi, il a servi à plusieurs personnes dans ma famille et il fonctionnait encore au quotidien il y a un an.

Si j’étais étudiant aujourd’hui et que je devais acheter un ordinateur pour m’accompagner en cours, qu’est-ce que je choisirais ? Cette question est apparue autour de la table de repas de MacGeneration et elle s’est avérée plus difficile qu’escomptée. En admettant que j’ai le même budget qu’à l’époque, soit au maximum 1450 € avant réduction, quel Mac est-ce que je choisirais ?

Apple ne propose plus de Mac comme le MacBook

Le premier constat, c’est qu’Apple ne propose plus de machines comme le MacBook d’alors. Cela nous semble étrange aujourd’hui, mais en 2007, la gamme des Mac portables était très simple et très cohérente. Entre l’entrée de gamme vendue à peine plus de 1000 € et le MacBook Pro 17 pouces vendu à partir de 2800 €, il n’y avait pas le gouffre qui sépare actuellement un MacBook Retina d’un MacBook Pro 15 pouces.

Le MacBook noir était vendu 200 € de plus uniquement pour son disque dur légèrement plus gros. Mais il souffrait aussi nettement moins de problèmes de plastique craquelé (et il était plus classe). Cliquer pour agrandir

Les deux familles de Mac portables se distinguaient sur de nombreux points. La taille d’écran déterminait encore plus qu’aujourd’hui la gamme, mais la plus grosse différence était la qualité de fabrication. Les MacBook en plastique étaient d’excellents ordinateurs à l’époque, mais ils étaient fragiles. C’est d’ailleurs pour cela, essentiellement, que j’avais choisi le noir : les MacBook blancs souffraient à l’époque de vieillissement prématuré et leur plastique jaunissait et craquelait dès les premiers mois.

En comparaison, les MacBook Pro en aluminium n’étaient pas encore aussi bien conçus que les modèles unibody, mais ils étaient déjà beaucoup plus solides. De fait, quand on compare aujourd’hui un MacBook à un modèle Pro de la même époque, la différence saute aux yeux. L’appareil en plastique grince de partout et il lui manque des bouts de plastique sur le repose-poignet. Celui en aluminium est en aussi bon état qu’au premier jour.

Deux Mac de 2007 ou 2008 : celui en plastique montre bien quelques signes de fatigue, mais celui en aluminium est en aussi bon état qu’à sa sortie.

À l’époque, c’est cela que l’on payait : une meilleure qualité de fabrication. Et c’était important, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, mais le cœur de l’ordinateur, ses composants internes, ne changeait pas fondamentalement. Prenez mon MacBook mi–2007 avec un MacBook Pro sorti à la même époque : ils ont le même processeur, mais pas à la même fréquence, ils ont la même quantité de RAM, des disques dur similaires et des écrans de la même résolution.

La différence la plus significative était à chercher du côté de la carte graphique, puisque les MacBook se contentaient de celle fournie par Intel, quand les Pro avaient une carte dédiée bien plus puissante. Mais je ne jouais pas plus à l’époque qu’aujourd’hui et je n’ai jamais été limité par la puce Intel.

Les composants internes étaient très proches à l’époque entre un MacBook et un MacBook Pro. Cliquer pour agrandir

En achetant un Mac d’entrée de gamme en 2007, j’avais l’assurance d’avoir une machine à jour en termes de composants. Je sacrifiais la qualité de fabrication et gagnais sur d’autres points : les MacBook avaient une meilleure autonomie et ils étaient plus compacts, ce qui compte dans une salle de classe. Et je savais que j’avais une marge de manœuvre : j’ai très vite acheté de la RAM et un disque dur plus gros, deux composants que l’on pouvait changer avec une pièce et un tournevis.

En tant qu’étudiant, cette option permettait d’économiser à l’achat et mettre à jour ensuite son ordinateur, en payant moins cher pour le stockage ou la mémoire vive. C’était bien pratique et cela a permis de prolonger la durée de vie. Si ce Mac était resté bloqué sur son disque dur 5 400 t/m d’origine, je ne pense pas qu’il aurait servi comme machine principale jusqu’en 2015. Mais il accepte n’importe quel SSD aujourd’hui…

À l’époque, non seulement on pouvait ouvrir les Mac et accéder à leurs composants, mais c’était prévu pour. Une pièce retirait la batterie et quelques vis plus tard, on accédait au disque dur (au fond sur la photo, l’emplacement est vide) et aux deux barrettes de RAM.

Quel Mac aujourd’hui pour le même budget ?

Ce retour dans le passé est instructif pour juger la gamme actuelle. Prenons mon budget de l’époque, environ 1450 € avant la réduction étudiante, et regardons ce que je peux acheter. Apple propose de nombreuses options, du MacBook entrée de gamme au MacBook Pro de l’an dernier, en passant par un MacBook Air qui est l’équivalent direct, sur le plan tarifaire, du MacBook plastique de 2007.

À l’époque, on ne lésinait pas sur les ports… (MagSafe, Ethernet, mini DVI, FireWire 400, deux USB 2.0, entrée et sortie audio et verrou Kensington).

Le MacBook Air est toujours une excellente machine et elle est bien supérieure sur tous les points à mon MacBook de l’époque, c’est indéniable. Mais en même temps, je ne voudrais pas acheter un ordinateur sans écran Retina en 2016, encore moins quand la dalle est aussi mauvaise que celle de cette gamme. Le MacBook entrée de gamme est aussi disponible, mais son processeur serait trop juste pour l’étudiant en géographie que j’étais (bon nombre de logiciels de cartographie m’obligeaient à virtualiser Windows).

La meilleure option serait probablement le MacBook Pro 13 pouces de 2015 qu’Apple vend toujours 1450 €, cela tombe bien. Et je n’ai pas beaucoup de critiques à faire à son encontre, si ce n’est le stockage : 128 Go de stockage, je passerais probablement mon temps à me battre avec macOS. Et contrairement aux Mac de 2007, ce stockage ne peut pas facilement être changé par la suite.

Apple se rattrape aujourd’hui avec sa boutique de Mac reconditionnés qui baisse le tarif d’entrée et permet d’obtenir une meilleure machine au même prix. Mais dans tous les cas, je n’aurais pas aujourd’hui le meilleur de ce qui se fait chez Apple. Les Mac avec Touch Bar seraient totalement hors de portée si j’étais étudiant et même le MacBook Pro 13 pouces de 2016 sans la Touch Bar est vendu 1700 € au minimum, bien au-delà du budget. Je ne perdrais pas en qualité de fabrication en piochant dans le catalogue plus ancien, mais je n’aurais pas les meilleurs composants internes.

Il faut reconnaître toutefois que la situation a bien changé en près de dix ans et que les Mac d’il y a quelques années restent d’excellentes machines. On n’arrête pas de le constater, cela fait plusieurs générations que les processeurs Intel stagnent et même si les SSD font encore des progrès, les Mac d’aujourd’hui sont globalement aussi rapides que ceux de 2012 en usage courant. Alors qu’entre un MacBook de 2007 (Core 2 Duo 2 Ghz) et un iBook de 2003 (PPC G3 800 Mhz), c’était le jour et la nuit.

L’entrée de gamme des MacBook Pro de 2016. Les Mac actuels sont largement plus solides et mieux construits que ceux de 2007, on ne peut pas le nier.

Il faut aussi reconnaître qu’Apple a fait d’énormes progrès en matière de conception et les Mac sont mieux construits qu’ils ne l’on jamais été. Le constructeur maîtrise parfaitement l’aluminium et les machines actuelles devraient particulièrement bien résister à l’usure du temps. Les Mac sont montés en gamme, les prix ont été ajustés en conséquence.

Pourquoi un Mac ?

En réfléchissant à ce que j’achèterais si j’étais un étudiant aujourd’hui, une question s’est naturellement posée. Pourquoi, au fait, acheter un Mac ? En 2007, je n’avais pas vraiment le choix : c’était soit un PC portable sous Windows ou Linux, soit un Mac portable. En 2016, je croulerais plutôt sous les options.

Je pourrais acheter un iPad plutôt qu’un Mac. Après tout, Apple ne cesse de répéter que c’est la solution d’avenir et j’utilisais mon Mac essentiellement pour prendre des notes en cours et rédiger des fiches de lecture et des devoirs. Une tablette et un clavier externe feraient aussi bien et même mieux sur quelques points, à commencer par l’encombrement et l’autonomie.

Et même sur le prix. Avec le prix que m’avait coûté mon MacBook, soit 1275 €, je pourrais acheter un iPad Pro 9,7 pouces haut de gamme (256 Go de stockage et cellulaire) et un clavier. Et j’aurais encore assez d’argent pour financer quelques années de cinéma.

Quitte à économiser, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et opter pour un Chromebook ? On entre dans le bas de gamme (à 500 €, on trouve un très bon modèle) cette fois, mais j’en ai testé quelques-uns l’été dernier et le rapport qualité/prix est imbattable. Et ce sont des ordinateurs bien assez puissants pour prendre des notes pendant un cours. Ils ont l’avantage, comme l’iPad, d’être silencieux et de bénéficier parfois d’une excellente autonomie. Sans compter que la connexion nécessaire actuellement n’est probablement plus un problème à l’heure actuelle.

Peut-être est-ce par habitude, mais je trouve ces deux options moins séduisantes. Même si je n’avais pas besoin d’un Mac tous les jours, j’ai apprécié d’avoir un véritable ordinateur quand, à la fin de mes études, j’ai utilisé des logiciels spécialisés proposés uniquement sur les ordinateurs. Je ne crois pas que l’iPad soit au niveau en matière d’offre logicielle, même si l’App Store a progressé ces dernières années. Et ne parlons pas des Chromebook, même s’ils vont profiter d’une partie des apps Android à l’avenir.

Oublions mon cas pour terminer. À l’heure actuelle, les étudiants n’ont jamais eu autant d’options pour accompagner leurs études d’un outil informatique. Même si cela peut sembler un petit peu absurde, même un iPhone pourrait servir pendant un cours, avec un clavier externe pour prendre des notes ou alors en guise de dictaphone. De façon plus raisonnable, les tablettes et les Chromebook sont les candidats les plus logiques et ils sont bien moins chers que les Mac de 2007.

Malgré tout, un étudiant qui voudrait acheter un Mac aujourd’hui sera moins bien desservi que dans les années 2000. Les petits budgets doivent se contenter de machines moins puissantes ou alors anciennes, ils ne peuvent plus avoir un ordinateur d’entrée de gamme et à jour. Et même si les Mac vendus ces derniers temps sont de superbes machines, solides et très bien conçues, elles ne peuvent plus évoluer au fil des années.

Ce n’est plus un marché qui intéresse Apple. Le constructeur ne manque pas de le rappeler et de le souligner à chaque nouveauté et cela explique sans doute une bonne partie des crispations dans la « communauté » ces derniers mois.

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