Ai-je bien fait d’opter pour un MacBook Pro 13" avec Touch Bar ? Si j’en crois la note que j’ai attribuée à cette machine fin novembre, un 7/10, oui, mais une utilisation quotidienne prolongée est toujours utile pour vérifier l’adéquation, ou non, d’un nouvel ordinateur.
C’est donc après quatre mois d’une utilisation régulière que je dresse un nouveau bilan du MacBook Pro, plus personnel que les tests publiés fin 2016. À ce sujet, je vous conseille de lire l’appel à témoins paru en février si vous ne l’avez pas fait, il contient des témoignages intéressants et contradictoires.
Ce MacBook Pro 13“ Touch Bar (configuration à 2 199 € avec un Core i5 à 2,9 GHz, 8 Go de mémoire et 512 Go de stockage) est ma machine personnelle et professionnelle en remplacement d’un bon « vieux » MacBook Air 13” 2012.
Ce MacBook Air était encore vaillant — il a immédiatement trouvé un heureux propriétaire dans la famille après un changement de batterie —, mais ses 256 Go de stockage n’étaient plus suffisants pour moi et l’attrait de la nouveauté se faisait de plus en plus pressant (c’est ça de voir défiler à longueur de temps les derniers produits Apple à la rédaction…).
Léger comme l’Air
Un encombrement et un poids pas plus élevés que le MacBook Air, c’était une condition sine qua non pour que le nouveau MacBook Pro fasse partie de mon quotidien. Je transporte en effet tous les jours mon ordinateur et je ne voulais pas alourdir mon sac. Le MacBook Pro 13" 2016 remplit ce critère. Il a un poids identique à 20 grammes près (1,37 kg) et il est même plus compact.
Même si j’ai toujours un faible pour le design évasé du MacBook Air, force est de reconnaître que le MacBook Pro fait plus moderne avec ses bordures plus fines autour de l’écran, sa finition gris sidéral (il est aussi disponible en argent) et sa charnière en métal, notamment.
La fabrication est impeccable et respire la solidité. Je n’ai pas fait subir de chocs ni de chutes à ma nouvelle machine, mais si cela devait arriver un jour, je pense qu’elle ne s’en sortirait pas trop mal.
La qualité sonore qui m’avait bluffé au départ m’impressionne moins maintenant. Non pas qu’elle ait baissé entre temps, c’est seulement que je m’y suis habitué (j’utilise bien plus souvent les haut-parleurs du MacBook Pro que je ne le faisais avec le MacBook Air) et que je considère cela comme un nouveau standard.
Le clavier n’a pas été une surprise pour moi. J’avais déjà pu goûter à plusieurs occasions à celui du MacBook qui me plaisait beaucoup. Mon avis n’a pas changé, je trouve toujours ce clavier vraiment supérieur au précédent. J’apprécie toutes ses évolutions (touches plus grandes et plus stables, course plus courte, rétroéclairage plus discret), à l’exception des touches fléchées droite et gauche pleines moins pratiques à mon goût.
Le trackpad est également un régal à utiliser du fait de sa grande taille et de la technologie Force Touch (déjà présente dans les MacBook Pro précédents et le MacBook). J’affectionne tout particulièrement de pouvoir cliquer sur toute la surface du pavé et le retour haptique offert par certaines applications — trop peu malheureusement.
Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est l’écran Retina : parfaitement défini, lumineux, très bien calibré, angles de vision très larges… Venant d’un MacBook Air, c’est le jour et la nuit. Je redécouvre presque mes photos avec cet écran. Il me permet aussi d’avoir une plus grande surface d’affichage sur 13" (1 680 x 1 050 pixels, voire plus avec des utilitaires tiers).
Certes, la différence est moins criante pour les possesseurs d’anciens MacBook Pro Retina, mais l’amélioration continue de l’affichage, qui passe cette fois par l’adoption de l’espace colorimétrique DCI-P3 notamment, est un motif de satisfaction indéniable.
Une ID touchée du doigt
Nouveauté la plus visible des MacBook Pro 2016, la Touch Bar est-elle pour autant la nouveauté la plus importante ? Pour moi, la réponse est non.
Avec du recul, je peux dire que la Touch Bar est entrée dans mon quotidien, mais pas autant que je l’espérais. Ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant.
J’utilisais mon MacBook Air juché sur un socle à côté d’un moniteur externe et accompagné d’un Magic Keyboard et d’un Magic Trackpad.
Pour pouvoir utiliser la Touch Bar facilement, j’ai modifié cette disposition ; le MacBook Pro est posé sur le bureau, devant l’écran externe (qui est surélevé). Ainsi, la Touch Bar est toujours à portée de doigts et j’utilise le clavier et le trackpad intégrés que j’aime beaucoup.
En dépit de ma bonne volonté, je n’en fais pas beaucoup plus avec la Touch Bar qu’avec les touches de fonction classiques : quelques émojis de temps en temps, réglage de la taille du pinceau dans Pixelmator, prises d’appels téléphoniques (merci Continuité), et c’est à peu près tout ce que je fais de neuf.
Il y aurait peut-être moyen d’aller plus loin en utilisant BetterTouchTool qui permet de personnaliser la barre tactile pour chaque app, mais pour y mettre quoi ? (ma question est ouverte)
Par ailleurs, mon expérience de la Touch Bar a été contrariée par des bugs assez fréquents, se produisant surtout en sortie de veille de la barre. Les dernières bêtas de macOS 10.12.4 semblent enfin avoir corrigé ça.
A contrario, Touch ID est beaucoup plus évident. Ce capteur biométrique a une fonction bien précise qui a démontré son intérêt sur les terminaux iOS : authentifier l’utilisateur facilement et rapidement. Comme sur iPhone, je me suis très vite habitué à déverrouiller mon Mac et 1Password en posant simplement un doigt sur le capteur (et à l’aveugle, le capteur étant judicieusement placé dans un coin).
Je trouve Touch ID moins crucial sur Mac que sur iPhone parce que je déverrouille moins souvent mon ordinateur que mon téléphone et que je tape plus rapidement mes mots de passe grâce au clavier physique. Mais cela n’enlève rien au caractère pratique de Touch ID sur Mac dont je ne voudrais pas me passer.
USB-C dans l’air
Mon avis sur le passage au tout USB-C n’a pas changé : la transition n’est pas tant difficile que coûteuse. Au bureau, il m’a suffi d’un adaptateur Thunderbolt 3 vers Thunderbolt 2 (35 €) pour brancher tous mes périphériques habituels ; j’utilise en effet un dock Thunderbolt sur lequel sont reliés tous mes appareils. Les docks Thunderbolt 3, qui ont comme avantage de pouvoir se passer de chargeur, vont bientôt se multiplier.
Pour la maison et les déplacements, mes besoins sont couverts avec un hub USB-C HooToo (HDMI, carte SD, 3x USB 3.0 ; 59 €) et un adaptateur USB-C vers Ethernet (29 €). Certes, ça fait transporter une ou deux babioles supplémentaires, mais ce n’est pas la mer à boire. Et puis l’USB-C est en train de se démocratiser dans tous les types de produits.
Finalement, c’est le port MagSafe que je regrette le plus. L’USB-C a beau être réversible, il n’est pas aussi pratique que la prise aimantée d’Apple ; il faut viser l’un des ports USB-C du MacBook pour brancher le câble, un coup de pied dans le câble est plus risqué pour la stabilité du portable et il n’y a pas d’indicateur de charge.
Cela dit, l’USB-C apporte aussi des bienfaits inconnus jusque-là. Rendez-vous compte, quand le câble livré avec le MacBook Pro cassera, on pourra le remplacer par n’importe quel autre câble USB-C (attention quand même à ceux de mauvaise qualité), pas la peine d’acheter un adaptateur secteur complet. C’est vrai aussi pour le bloc d’alimentation, qui peut être remplacé par un chargeur plus malin. Sans oublier la possibilité de charger le portable avec une (grosse) batterie externe.
Une autonomie polémique
De batterie, parlons-en. L’autonomie de mon MacBook Pro est largement inférieure aux 10 heures annoncées par Apple, mais mon utilisation habituelle est un peu plus poussée que le test de navigation web d’Apple (consultation sans fil de 25 sites web populaires, la luminosité de l’écran réglée à 75 %). En plus de Firefox (qui consomme sûrement déjà plus que Safari), j’ai Spotify, Reeder, Mail et Tweetbot presque toujours ouverts.
Avec tout ça, je tourne autour de 6 h 30 d’autonomie en général. C’est plus quand j’ai un usage plus léger, moins quand je lance Lightroom ou que je regarde plus de vidéos que la moyenne.
Au bout du compte, cette autonomie me convient. Je ne serai pas contre avoir quelques heures en plus évidemment, mais c’est suffisant pour mon activité. Je peux partir en reportage une journée complète sans chargeur.
Reste que je trouve assez mesquin de la part d’Apple d’avoir retiré l’estimation de l’autonomie restante de la barre des menus à la suite de la polémique sur la batterie. Il y avait sûrement une solution plus subtile à trouver, comme une explication supplémentaire, même succincte (« 7 heures restantes en se basant sur l’utilisation en cours », par exemple).
Des performances de bon aloi
Je n’ai pas à me plaindre des performances — mes besoins en la matière sont plutôt modérés. En utilisation courante, pas le moindre ralentissement à noter, y compris quand Firefox déborde d’onglets, ce qui est toujours le cas, et que Lightroom est lancé.
Au sujet de Lightroom, j’espérais une évolution plus radicale par rapport à mon MacBook Air 2012. Les imports, exports et créations d’aperçus sont sensiblement plus rapides, aucun doute là-dessus, mais le passage d’un module à un autre, ainsi que certains traitements ne sont toujours pas instantanés. Cela tient plus dans le manque d’optimisation du logiciel (l’API Metal qui pourrait aider n’est pas prise en charge) que dans les capacités du MacBook Pro, cela dit.
Autrement, mes encodages vidéo occasionnels avec HandBrake sont au moins deux fois plus rapides qu’avant. Question jeux, The Witness fraîchement sorti tourne comme une horloge, tout comme les jeux pas trop ambitieux graphiquement.
Le plus marquant sur le plan des performances, c’est peut-être le silence de fonctionnement. Il faut vraiment pousser la machine à fond pendant plusieurs minutes pour que les ventilateurs se fassent entendre.
Pour conclure
Globalement, je suis très satisfait de ce MacBook Pro 13" avec Touch Bar. Est-ce que je le recommande, alors ? C’est toujours un « oui, mais ». Oui, parce que c’est une superbe machine silencieuse, compacte et performante. Mais sa Touch Bar n’est pas « révolutionnaire », comme le promet Apple, et l’autonomie peut être jugée décevante.
Le prix, aussi, fait tiquer. 1 999 € le modèle avec seulement 256 Go de stockage, ouille ouille ouille. De quoi sérieusement se demander si le MacBook Pro sans Touch Bar à 1 699 € n’est pas préférable. Ses désavantages (processeur moins rapide, deux ports Thunderbolt 3 au lieu de quatre, pas de Touch Bar ni de Touch ID) sont rattrapés par une autonomie supérieure et un tarif plus raisonnable… d’autant qu’on le trouve maintenant sur le refurb à partir de 1 439 €.