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Une vis responsable du retard du Mac Pro 2013 et symbole de la complexité du made in USA

Stéphane Moussie

Monday 28 January 2019 à 16:07 • 46

Mac

Qu’est-ce qui a bien pu causer le délai d’approvisionnement particulièrement long du Mac Pro à ses débuts ? Une pénurie de vis, répond le New York Times six ans après le lancement de la station de travail made in USA. Oui, la pièce sûrement la plus simple du Mac Pro a fait perdre du temps à Apple.

Phil Schiller présentant le Mac Pro en octobre 2013.

La pénurie de vis n’est pas l’unique raison du retard du cylindre, mais elle est révélatrice de la complexité de produire du matériel informatique sur le territoire américain, ce que réclame à cor et à tweets Donald Trump.

Alors qu’Apple avait fièrement annoncé que sa nouvelle station de travail allait être assemblée à Austin, au Texas, elle s’est retrouvée le bec dans l’eau quand son fournisseur américain n’a pas pu lui fournir suffisamment de vis.

Des commandes ont été passées en Chine, sauf que les équipes de conception et de production au Texas avaient besoin — rapidement — de nouveaux modèles au fil de l’évolution du design. Le fournisseur désigné ne pouvant pas produire plus de 1 000 vis par jour, les tests des prototypes ont été paralysés un certain temps.

Apple est alors allée chercher du renfort auprès de Caldwell Manufacturing pour faire produire 28 000 vis, une quantité encore inférieure à ses besoins. Une situation ironique pour le propriétaire de Caldwell, Stephen Melo, qui note que son entreprise aurait été capable de répondre à la demande si Apple n’avait pas fait sous-traiter sa production à l’étranger à partir du milieu des années 2000.

Au fil des ans, il a dû remplacer ses machines capables de produire des vis en grande quantité par des machines plus précises mais moins prolifiques. Les 28 000 vis ont finalement été livrées à Apple en 22 voyages, dont certains faits par Stephen Melo lui-même dans sa Lexus.

La pénurie de vis n’explique pas tout. Un ancien manager d’Apple a indiqué au New York Times que l’effectif de Flextronics, chargé de l’assemblage, était largement inférieur à ceux des projets similaires d’Apple en Chine. D’un côté, une seule personne, débordée, pour s’assurer de la mise en place de la production, avec les aléas que cela entraîne. De l’autre, une équipe entière pour contrôler l’opération.

Cette source suppose que l’effectif réduit s’explique par le coût de la main d’œuvre américaine, autrement plus important que les ouvriers chinois payés environ 3,15 $ de l’heure. Le nombre d’heures travaillées par employé n’est pas non plus le même entre les deux pays.

« La Chine n’est pas seulement bon marché. C’est un endroit où, en raison de son gouvernement autoritaire, vous pouvez rassembler 10 000 personnes qui travailleront pour vous toute la nuit », commente Susan Helper, ancienne économiste en chef du Département du Commerce américain.

Seulement, une menace plane au-dessus de cette production chinoise depuis quelques temps. Les smartphones importés de Chine pourraient faire l’objet d’une taxe douanière de 25 % aux États-Unis si Donald Trump joint l’acte à la parole.

Dans ce contexte, on savait déjà qu’Apple envisageait de délocaliser une partie de sa production hors de Chine, mais on ne savait pas où. Le rêve de Donald Trump de voir des iPhone produits aux États-Unis ne devrait pas se réaliser, puisqu’un dirigeant d’Apple a confié au New York Times que la délocalisation pourrait avoir lieu en Inde et au Vietnam.

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