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Mac Pro 2019 : premiers tests

Anthony Nelzin-Santos

mercredi 25 décembre 2019 à 17:00 • 142

Mac

Chez MacGeneration, c'est Noël aussi, puisque notre premier Mac Pro est arrivé depuis quelques jours. Mais justement, c'est Noël, et nous comptons bien le passer en famille. Sitôt la machine déballée, nous avons commencé nos mesures habituelles. L'occasion de vous fournir un premier aperçu des performances du Mac Pro 2019.

Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous…

Pour commencer, nous testerons une configuration intermédiaire à 10 579 € :

  • Intel Xeon W-3235 douze cœurs à 3,3 GHz ;
  • 32 Go de mémoire DDR4 ECC à 2 933 MHz ;
  • AMD Radeon Pro Vega II avec 32 Go de mémoire HBM2 ;
  • 256 Go de stockage.

Pour référence, nous avons réalisé quelques mesures synthétiques sur la configuration d’entrée de gamme à 6 499 € :

  • Intel Xeon W-3223 huit cœurs à 3,5 GHz ;
  • 32 Go de mémoire DDR4 ECC à 2 933 MHz ;
  • AMD Radeon Pro 580X avec 8 Go de mémoire GDDR5 ;
  • 256 Go de stockage.

Nous comparerons ces deux modèles à trois machines de bureau adressées aux professionnels :

  • Mac mini 2018 Core i7 six cœurs à 3,2 GHz (2 689 €) ;
  • iMac Pro 2017 Xeon W huit cœurs à 3,2 GHz (5 499 €) ;
  • iMac Pro 2017 Xeon W 18 cœurs à 2,3 GHz (9 039 €).

Par ailleurs, nous avons utilisé un Mac Pro 2013 pendant quelques semaines au printemps, afin de pouvoir comparer le comportement de cette machine à sa successeure.

Les machines que nous comparerons.

Des processeurs Intel Xeon W de classe supérieure

Le Mac Pro embarque des processeurs Intel Xeon W, conçus pour les « professionnels créatifs », entre les processeurs Core des produits grand public et les processeurs Xeon Scalable des fermes de données. Les utilitaires de test relèvent les références suivantes :

  • Intel Xeon W-3275M 28 cœurs à 2,5 GHz ;
  • Intel Xeon W-3265M 24 cœurs à 2,7 GHz ;
  • Intel Xeon W-3245 16 cœurs à 3,2 GHz ;
  • Intel Xeon W-3235 12 cœurs à 3,3 GHz ;
  • Intel Xeon W-3223 8 cœurs à 3,5 GHz.

Les puces du Mac Pro possèdent beaucoup de mémoire cache. Le Xeon W-3223 embarque 24,5 Mo de cache, et le Xeon W-3275M trois fois plus ! Nous aurons l'occasion de revenir en détail sur l'importance du cache, avec des tests spécifiques, mais disons déjà qu’il s’agit de minimiser la latence et maximiser la bande-passante des communications internes.

Les processeurs du Mac Pro sont originaux : s’ils sont toujours gravés à 14 nm et utilisent toujours l’architecture Skylake-SP1, ils sont désormais montés sur le socket FCLGA-3647 des processeurs Xeon Scalable. Ils peuvent gérer jusqu’à 64 lignes PCIe, alors que les processeurs Xeon W de l’iMac Pro n’en géraient que 48.

Le score Geekbench CPU, qui donne une bonne idée des performances brutes du processeur, sur un seul (Single) ou l’ensemble (Multi) des cœurs.

Voilà qui permet de concevoir une station de travail ne possédant qu'un seul processeur, mais jusqu'à 56 cœurs logiques grâce à l’Hyper-Threading, ainsi que neuf emplacements PCIe et quelques ports Thunderbolt. Bref, voilà qui permet de concevoir le Mac Pro. Nos premières mesures sont sans grande surprise :

  • les scores sur un cœur progressent aussi lentement que la fréquence de base du processeur, mais l'intérêt du Mac Pro est ailleurs ;
  • les scores sur l’ensemble des cœurs sont en droite ligne des attentes : le Xeon W 8 cœurs à 3,5 GHz du Mac Pro offre un niveau de performances similaire au Xeon W 8 cœurs à 3,2 GHz de l’iMac Pro, le Xeon W 12 cœurs à 3,3 GHz possède 50 % plus de cœurs… et offre presque 50 % plus de performances ;
  • ces premiers scores donnent une idée des performances brutes à l'instant t, mais ne disent rien des performances soutenues. Or on peut rapidement taper contre les limites thermiques de l’iMac Pro, et le Mac Pro a précisément été conçu pour assurer le parfait refroidissement des composants.

Une carte graphique AMD très puissante… pour certains usages

Lisez la présentation du Mac Pro, et vous croirez qu'il est fourni avec une carte AMD Radeon Pro Vega II Duo, « la carte graphique la plus puissante au monde ». Sauf qu'il s'agit d'une option, qui double le prix du Mac Pro. De série, le Mac Pro est fourni avec une carte beaucoup plus banale, la carte AMD Radeon Pro 580X :

  • 36 unités de calcul ;
  • 2 304 processeurs de flux ;
  • 8 Go de mémoire GDDR5 ;
  • deux ports HDMI 2.0.

Vous avez un iMac 27" Retina 5K au printemps ? Vous utilisez une variante de cette carte. Pourquoi diable la retrouve-t-on dans le Mac Pro ? Mais parce qu'une partie de la clientèle de cette machine se fiche des performances graphiques, pardi. Même si cette carte se débrouille plutôt bien, certains ne l'utiliseront jamais que pour brancher deux écrans 5K. Le budget économisé sur la carte graphique sera consacré à l'augmentation de la mémoire ou le choix d'un processeur plus puissant.

Le test Geekbench GPU, qui donne une bonne idée des performances de la carte graphique dans les usages GPGPU avec Metal.

D'autres clients, au contraire, accordent une importance primordiale aux ressources graphiques. Apple propose donc une option plus particulièrement dédiée à l'accélération graphique, la carte AMD Radeon Pro Vega II :

  • 64 unités de calcul ;
  • 4 096 processeurs de flux ;
  • 32 Go de mémoire HBM2 ;
  • quatre ports Thunderbolt 3 et un port HDMI 2.0.

L'intérêt de la mémoire HBM2 est désormais connu : deux fois plus rapide que la mémoire HBM, sept fois plus rapide que la mémoire GDDR5, elle peut transférer des données jusqu'à 1 To/s au sein du Mac Pro. Là encore, il s’agit de maximiser la bande passante pour réduire la latence et accélérer le plus possible les applications les plus exigeantes.

Si cela ne suffit pas, deux cartes AMD Radeon Pro Vega II peuvent être installées dans le Mac Pro, et reliées avec un connecteur Infinity Fabric Link. Les cartes peuvent communiquer à 84 Go/s. Enfin, la carte AMD Radeon Pro Vega II Duo réunit deux processeurs Vega II sur le même circuit intégré2, pour un total de 128 unités de calcul et 64 Go de mémoire graphique.

Plutôt que de cartes, il faudrait d'ailleurs parler de modules, en l'occurrence des modules MPX. Avec le Mac Pro 2013, Apple avait parié sur l'expansion externe au travers du Thunderbolt. Avec le Mac Pro 2019, Apple revient aux possibilités d'expansion interne, mais n'abandonne pas le Thunderbolt pour autant. Ainsi les modules MXP utilisent une ligne PCIe x16 pour les graphismes et une ligne PCIe x8 pour une interface Thunderbolt.

Le test GFXBench Metal, qui donne une bonne idée des performances de la carte graphique dans un usage ludique, toujours avec Metal.

La carte AMD Radeon Pro 580X prend place dans un module MPX demi-hauteur, qui ne bloque qu'un seul emplacement PCIe. Les cartes AMD Radeon Pro Vega II, et la future carte AMD Radeon Pro W7500X, prennent place dans un module pleine hauteur, qui bloque deux emplacements PCIe. Car outre ces modules propriétaires, le Mac Pro peut accueillir des cartes PCIe — il tire ses ports USB-A, Thunderbolt 3, et 10 Gbe d'une carte d'entrées/sorties au format PCIe x4.

Ne repoussons pas nos premières conclusions plus longtemps, les performances de la carte AMD Radeon Pro Vega II sont décoiffantes :

  • dans le test Geekbench assez représentatif des usages GPGPU, elle dépasse non seulement toutes les cartes jamais utilisées par Apple, dont la carte AMD Radeon Pro Vega 64X de l'iMac Pro, mais aussi toutes les cartes Nvidia jamais testées ;
  • mais on parle d’un test qui utilise Metal : utilisez OpenCL, et les cartes Nvidia Geforce RTX et Titan RTX/V repassent (nettement) devant. Final Cut Pro et DaVinci Resolve utilisent Metal, les applications professionnelles de Serif aussi, mais l'adoption de l'API graphique d'Apple reste encore lente. Adobe s'y met très progressivement dans Photoshop, Camera Raw, Premiere Pro, ainsi qu'After Effects. La suite de création 3D Substance, qu'elle vient d'acheter à Allegorithmic, devrait être réécrite pour Metal. Otoy a porté son moteur de rendu Octane X vers Metal spécifiquement pour le Mac Pro. Reste AutoDesk, qui traine un peu des pieds, mais dont le soutien annoncé de Metal devrait mécaniquement entrainer l'adhésion de ses principaux concurrents ;
  • au cas où vous vous le demanderiez : oui, le Mac Pro est parfaitement capable de faire tourner les jeux les plus exigeants de manière parfaitement fluide en 4K. D'ici à le recommander comme console de jeux… 

Un refroidissement visiblement parfait

Si nous sommes encore loin d'avoir terminé nos mesures, nous pouvons déjà saluer l'efficacité du système de refroidissement du Mac Pro. Le Mac Pro 2019 est la première machine que nous testons qui reste parfaitement silencieuse pendant l'ensemble de nos tests synthétiques. Même en posant la machine sur le bureau, même en tendant l'oreille, les ventilateurs sont inaudibles, alors même que le processeur ou la carte graphique tourne à fond.

Après 24 heures d'effort continu, le capot est toujours froid, et il faut coller l’oreille aux grilles pour entendre les trois ventilateurs frontaux tourner. Ils brassent pourtant un sacré volume : on sent une colonne d'air entrer à l'avant de la machine, et l'on peut repérer l'emplacement du ventilateur d'extraction en passant la main à l'arrière, puisque l'air sort plus chaud en bas de la machine.

Pour entendre franchement les ventilateurs, il faut… essayer d'ouvrir la machine en marche ! Le témoin d'alimentation vire à l'orange, les ventilateurs atteignent leur régime maximal après quelques secondes, puis se stabilisent à un rythme de croisière. Le volume atteint alors 50 dB à un mètre, mais le bruit n'est ni particulièrement aigu ni particulièrement grave, mais plutôt équilibré. A priori, on ne devrait pas souvent l'entendre à ce niveau.

Pendant les premières secondes de cet enregistrement, vous n'entendez quasiment rien, alors que le micro est positionné à deux centimètres de la façade, et que le processeur tourne à fond depuis 24 heures. Au moment de l'ouverture de la poignée (le premier « clic »), les ventilateurs montent rapidement en régime, puis se stabilisent. Au plus fort, on croirait presque entendre du bruit rouge : Apple a particulièrement travaillé l'acoustique des ventilateurs. Après avoir refermé la poignée (le deuxième « clic »), tout rentre dans l’ordre.

Reste une question cruciale, celle de l'encrassement, qui diminue progressivement l'efficacité du système de refroidissement. Apple est fière du « motif en treillis » de la façade, qui « s'inspire d'un phénomène naturel se produisant au sein des structures de cristaux moléculaires ». Tellement fière qu'elle ne montre pas la grille métallique qui tapisse l’intérieur du boitier, et que l'on distingue clairement à travers les larges hémisphères percées dans l’aluminium.

Cette grille joue-t-elle un rôle dans la maitrise du flux d'air et de poussières ? Allez savoir ! Mais John Ternus, vice-président d'Apple en charge de l'ingénierie matérielle, assure que le Mac Pro peut se passer d'un filtre à débris. Après avoir réalisé nos principaux tests, nous mettrons ses dires à l'épreuve, et verrons combien de poussière le Mac Pro peut avaler avant de s'étouffer.

Des questions ?

Après ce premier aperçu sommaire, dans les jours et les semaines qui viennent, nous étudierons cette machine sous toutes ses coutures. Processeur, graphismes, architecture intérieure, stockage, dissipation thermique, ports… Si vous voulez que nous testions certains points en particulier, n'hésitez pas à nous le faire savoir dans les commentaires.

Si vous êtes un professionnel et que vous voulez nous envoyer des fichiers et des applications à tester, n'hésitez pas à nous contacter à l'adresse anthony@macgeneration.com. Enfin si vous avez reçu votre propre Mac Pro, contactez-nous ! Nous aimerions réaliser une série de reportages sur les utilisateurs et les usages de cette machine.


  1. Avec des corrections pour les failles Meltdown et Spectre héritées de l’architecture Cascade Lake.  ↩

  2. Reliées par le biais d'un pont Infinity Fabric Link intégré.  ↩

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