macOS Catalina, dont la version finale est attendue dans pas longtemps, va-t-il provoquer une fuite des développeurs ? C'est la crainte que l'ont peut nourrir à la lecture de ce billet de Kyzrati, développeur du jeu Cogmind. Depuis quelques années, la perspective d'adapter le titre — un Rogue-like velu — sur Mac lui trottait dans la tête. Mais il a fini par déchanter à cause d'Apple et des nombreuses exigences imposées par le constructeur.
Pour Kyzrati, le comportement d'Apple est « hostile » envers les développeurs macOS. Il y a tout d'abord le prix des machines qui représente un investissement important, en particulier pour un studio de jeux vidéo dont le gros de la clientèle est composée d'utilisateurs Windows. Mais Catalina pèse aussi de tout son poids.
D'une part, le futur macOS remise au placard les applications 32 bits : terminée la « grande bibliothèque de logiciels et de jeux » qui ne passeront pas au 64 bits (lire : macOS Catalina : comment se préparer à l’abandon du 32 bits). Kyzrati loue le travail de rétrocompatibilité de Microsoft pour Windows, un lourd bagage historique qui peut aussi représenter un boulet au pied.
Sous Windows, le développeur de Cogmind peut ainsi se concentrer sur ce qui compte le plus pour les joueurs, c'est à dire les nouveautés et l'ajout de fonctions supplémentaires, plutôt que d'investir ses ressources limitées dans l'optimisation 64 bits.
Mais ce qui lui pose un véritable problème, c'est la notarisation par défaut des applications. Les développeurs doivent faire certifier leurs apps auprès d'Apple, un système qui vérifie la présence de composants malveillants. Pour l'utilisateur, la manifestation la plus visible de ce « notaire », c'est l'affichage d'une alerte pour confirmer s'il souhaite installer l'app (lire : La notarisation des apps bientôt obligatoire pour les nouveaux développeurs inscrits).
Pour le développeur, c'est perçu comme un fardeau supplémentaire même si le processus est relativement transparent et rapide. Il faut d'abord régler 99 $ par an pour obtenir l'identifiant Developer ID indispensable, et puis surtout Kyzrati craint que la notarisation soit un moyen pour Apple de resserrer davantage l'étreinte autour de son écosystème — ce qui est effectivement le cas, quelque part.
Néanmoins, relevons qu'Apple a lâché temporairement un peu de lest concernant cette exigence de notarisation. De plus, du moins sur la bêta 9 de Catalina, il est toujours possible d'ouvrir un logiciel non notarié via un control-clic sur son icône. La liste de griefs de Kyzrati ne s'arrête pas là : il revient aussi sur l'attention particulière réclamée par les utilisateurs de Mac.
Un jeu comme Robotality compte 4% de joueurs macOS, qui sont à l'origine de… la moitié des requêtes au SAV ! Impossible pour un développeur seul de passer son temps à répondre aux incessants appels à l'aide d'une si petite communauté. Évidemment, ce témoignage n'est pas forcément (espérons-le !) représentatif de l'ensemble des développeurs macOS, dont beaucoup voient tout l'intérêt de la notarisation. Mais ce cri du cœur pourrait bien trouver un écho plus large auprès de développeurs frustrés par la politique de plus en plus serrée d'Apple.