En lançant son Surface Book et en poussant ce pion (plutôt intéressant) dans le domaine du matériel, Microsoft ne risque-t-il pas de gêner ses partenaires ? La question a été posée par Business Insider à quelques protagonistes et analystes.
Cette même interrogation était apparue après l'acquisition de Nokia. Mais pas longtemps. Les maigres performances commerciales de Windows Phone et le peu d'appétit pour cet OS chez les fabricants de mobile ont vite envoyé cette question aux oubliettes. Il en va autrement pour Windows qui ne connaît pas une situation aussi difficile que celle de son cousin pour mobiles. Et puis Microsoft est encore loin d'avoir annoncé une gamme de portables pour toutes les bourses et dans de multiples formats.
Pourtant, le Surface Book relance le sujet, alors même que les fabricants de PC sont à la peine pour écouler leurs matériels. Un OEM interrogé sous couvert d'anonymat qualifie Microsoft de « Lion qui dort ». Un fauve qui pourrait griffer s'il s'ébrouait et s'éveillait.
Pour Annette Zimmermann, du cabinet Gartner, Microsoft doit trouver un bon équilibre entre vendre suffisamment de matériels pour aider Windows 10 à gagner en visibilité mais pas trop pour ne pas froisser ses partenaires OEM qui tirent leurs revenus, non pas du logiciel — eux vont chez Microsoft — mais du matériel.
Le lancement du Surface Book s'est accompagné d'une campagne de communication toute entière concentrée vers un seul adversaire : Apple. Il y a eu la comparaison sur scène avec un MacBook Pro et l'ouverture d'un site pour aider à switcher d'un Mac vers ce portable.
C'est tant mieux pour les fabricants de portables et d'hybrides PC mais cela ne signifie pas que cette stratégie peut réussir. Car on ne retourne pas si facilement un client Apple, tempère Linn Huang chez IDC : « Ca va être difficile pour le Surface Book de faire venir à lui des utilisateurs de MacBook. La marque Apple est difficile à lâcher, et il n'y a pas grand chose qui me donne à penser que cela va bientôt changer ».
Ce qui veut dire, qu'à défaut de plaire à des aficionados du Mac, ce Surface Book pourrait à l'inverse intriguer des utilisateurs de PC peu regardants sur son prix (de 1 500 $ à 3 200 $ selon la configuration). Si ce scénario se réalise dans des proportions significatives, cela pourrait devenir un problème pour certains produits moyen/haut de gamme d'OEM. Ils verraient leur allié devenir en même temps leur concurrent sur des portables générateurs de marges plus importantes.
Ceci d'autant plus que ces fabricants sont tenus de partager leurs planning de lancements de nouveaux produits avec les mêmes gens chez Microsoft qui s'occupent de créer ces PC. Comme dit précédemment, le prix de ce Surface Book n'en fait pas un appareil de masse. De la même manière que l'on peut saliver devant un MacBook Pro mais se rabattre sur un MacBook Air. Il pourrait en aller de même côté client PC : on rêve d'un Surface Book mais on se contente d'un hybride plus accessible financièrement.
Et puis, tempèrent à nouveau ces observateurs, en se fixant l'objectif d'avoir 1 milliard de Windows 10 en service d'ici quelques années, Microsoft va avoir besoin d'un sérieux coup de main.