« Réinventer le portable » plutôt qu'en faire simplement un meilleur. C'est la mission qu'avait donné Panos Panay à son équipe chez Microsoft lorsqu'elle commença à cogiter sur le projet Surface Book il y a plus de deux ans. Panay, qui supervise tous les appareils fabriqués par Microsoft, a raconté à Wired quelques épisodes de la genèse de ce produit. Le Surface Book a été présenté au début du mois à la surprise générale, car aucune rumeur n'en avait prévenu de l'arrivée.
Au départ, l'idée était de faire un très bon portable, une catégorie dans laquelle Apple fait figure, pour Panay, de mètre étalon avec ses MacBook Air et MacBook Pro. Mais le responsable avait le sentiment chevillé au corps que cela ne suffirait pas, ce qu'il expliqua à ses collègues :
On ne fera pas évoluer cette catégorie en s'y prenant ainsi ; on ne montrera pas aux gens jusqu'où elle peut aller. Comment pourrait-on être fiers de fabriquer le meilleur des portables ? On ne réinvente rien en faisant cela.
Microsoft avait connu un échec retentissant et coûteux avec ses toutes premières Surface. Puis les modèles suivants ont commencé à doucement valider cette approche d'une tablette capable de concurrencer, non pas une autre tablette (l'iPad), mais un portable (le MacBook Air) par le branchement d'un clavier (lire Microsoft invite à changer d'Air et venir sur la Surface).
À force de réflexions et de demandes d'utilisateurs pour un portable, c'est dans cette direction que les efforts ont été dirigés. Petit à petit, ce développement s'est réalisé autour de la métaphore d'un livre. Puis ses concepteurs ont cherché le petit plus qui distinguerait ce portable de ses congénères. C'est ce qui a donné cet écran « détachable ». Une fonction qui n'est pas nouvelle en soi mais qui ici servait de bonus et non de principal argument de vente.
Le propos pour cet appareil était alors inversé par rapport à celui de la Surface Pro. Celle-ci est une tablette pouvant devenir un portable avec son clavier optionnel, le Surface Book serait un portable pouvant devenir une tablette en détachant l'écran.
L'article décrit aussi comment les designers en sont arrivés à cette étrange charnière. Il fallait résoudre le problème de la répartition des masses où l'écran — qui est avant tout une grosse et puissante tablette — pourrait faire basculer la partie clavier plus légère. Renforcer cette partie inférieure conduirait à un portable trop lourd.
Les concepteurs du Surface Book ont alors ressorti de leurs tiroirs une précédente idée qui utilisait cette charnière arrondie qui se déroule. En se déployant elle allonge la profondeur de la base du portable et renforce sa stabilité (le Surface Book pèse en tout 1,57 kg).
Panos Panay raconte également comment il a présenté ce projet avant son annonce à la presse. Lancé il y a deux ans et demi, il a commencé à véritablement prendre forme il y a deux ans. Il y a encore 9 mois, le produit est resté connu seulement de l'équipe Surface. Jusqu'à ce qu'il soit montré à certains hauts responsables de l'entreprise à l'occasion d'une réunion interne où était passé en revue le travail de la division Surface.
Auprès de ses autres interlocuteurs — partenaires, distributeurs — le Surface Book n'était présenté que dans sa configuration de portable. Panay et son équipe ne détachaient jamais l'écran ni même ne disaient que c'était possible « Qu'importe la démo, peu importe la réunion de distributeurs où j'étais, personne ne le verrait avec l'écran détaché ». La fonction avait été même désactivée et la touche qui permet de désenclencher le clavier avait été retirée.
Un mois avant la présentation presse, à de rares exceptions près, chez Microsoft ou auprès de membres de la famille, personne n'a su que ce portable aurait aussi un écran amovible. C'est d'ailleurs ainsi que cette fonction est amenée dans la vidéo de présentation. En guise de One More Thing, après quelques secondes de silence.
Le Surface Book est en vente aujourd'hui après une période de précommandes. Le premier modèle coûte 1 500 $ avec un Core i5 "Skylake", une puce graphique Intel HD, 128 Go de SSD, 8 Go de RAM, un stylet et le clavier. Cinq autres configurations sont possibles avec des Core i7, carte graphique séparée, SSD plus gros et davantage de RAM. Le plus cher coûte 3 200 $ avec un Core i7, 16 Go de RAM, 1 To de SSD et une GeForce.
Source : Wired