Corning, le spécialiste du verre renforcé, va recevoir 200 millions de dollars d'Apple pour sa R&D, ses besoins en équipement et en production. Il y a une semaine, Tim Cook avait annoncé qu'Apple allait constituer un fonds ("l'Advanced Manufacturing Fund") d'au minimum 1 milliard de dollars pour développer l'activité manufacturière américaine.
L'un des premiers bénéficiaires est donc Corning, à hauteur du cinquième de cette somme. Elle ira en particulier dans son usine de Harrodsburg, sortie de terre il y a 65 ans. Wendell P. Weeks, le PDG de Corning, déclare dans le communiqué de presse que son partenariat avec Apple a contribué à développer de nouvelles techniques de fabrication et rendu possible la création d'environ 1 000 emplois aux États-Unis.
Contrairement à certains de ses concurrents dans le mobile mais aussi dans le PC, Apple ne cite jamais le Gorilla Glass de Corning dans ses brochures de produits. Cela fait pourtant dix ans qu'Apple travaille avec cette entreprise du Kentucky, depuis l'iPhone de 2007. Les premières années, à l'époque où Apple ne publiait pas encore la liste de ses principaux fournisseurs [pdf], son utilisation du Gorillas Glass était un secret de fabrication, sujet à toutes les spéculations.
Initialement, Steve Jobs pensait utiliser du plastique pour protéger l'écran du téléphone. Mais la propension de ce matériau à se rayer facilement l'en a dissuadé et l'a conduit à préférer le verre. Le patron de Corning lui en avait prouvé les vertus lors d'un cours de chimie improvisé (lire Gorilla Glass 2 : le prochain matériau caché d'Apple ?). Apple avait alors donné un gros coup de main financier à son nouveau partenaire, de manière à reconfigurer à toute vitesse une ligne de production capable de répondre aux besoins pour l'iPhone.
En 2013, Apple a misé sur le saphir synthétique pour remplacer le verre sur ses iPhone, allant jusqu'à investir 578 millions de dollars dans l'entreprise GT Advanced Technologies. Celle-ci n'est pas parvenue à produire des échantillons répondant aux tolérances d'Apple (lire Corning raille encore le saphir).
Dans son communiqué, Apple ne précise pas ce qu'elle obtiendra en échange de cette contribution, en termes d'exclusivité sur de nouveaux matériaux par exemple. Ce n'est certainement pas la première fois non plus qu'elle contribue financièrement aux développements techniques ou à la modernisation des lignes de production chez ses fournisseurs les plus importants. Politiquement, aux États-Unis, la période est cependant propice à ce genre d'annonces.