À quoi bon choisir des mots de passe forts et chiffrer vos messages si votre voisin de train peut lire tout ce que vous écrivez d’un simple coup d’œil sur votre écran ? Apple commercialise depuis peu un filtre de confidentialité pour MacBook Pro. Conçu par Kensington, il coûte 71,95 € pour le MacBook Pro 13“ et 79,95 € pour le 15”. Un tarif élevé pour un accessoire de ce genre, mais il a un aspect double face intéressant.
En ce qui concerne sa fonction principale, le filtre remplit très bien son office. Il limite le champ de vision à plus ou moins 30°, selon Kensington. Je n’ai pas mesuré avec un compas, mais on peut effectivement vaquer à ses occupations sur le Mac sans craindre qu’une personne à côté puisse voir quelque chose.
Le filtre en profite pour réduire la lumière bleue (jusqu’à 22 %, d’après le fabricant) qui fatigue particulièrement les yeux.
Plus original, l’aspect réversible de l’accessoire. Il y a une face brillante et une face mate. La première est celle que l’on adoptera si on veut conserver l’affichage original du MacBook Pro. Elle maintient l’aspect éclatant de l’écran, tout comme les reflets des sources lumineuses environnantes.
La face mate change, elle, beaucoup l’affichage. Les couleurs sont moins resplendissantes, mais les reflets sont éliminés. Cette face mate donne aussi un aspect très légèrement granuleux à l’écran qu’on peut apprécier, ou pas. Cet effet me rappelle l’écran mat des MacBook Pro 2006 à 2008, que je regrette toujours aujourd’hui — à l’époque l’écran brillant était en option. L’écran est moins « alléchant » avec le filtre mat, mais je le trouve plus reposant.
Ce qui est appréciable, c’est que l’on peut changer de face très facilement. Le filtre n’est pas collé, il est maintenu à l’aide d’aimants en haut de l’écran. On peut le positionner, l’inverser et le retirer en deux temps trois mouvements (une chemise en plastique est fournie pour le ranger quand on ne l’utilise pas).
Cette conception est astucieuse, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’elle n’est pas adaptée à un cas de figure. Quand l’angle de l’écran du MacBook Pro est inférieur à 90° (autrement dit, quand l’écran pointe vers le clavier plutôt que vers l’extérieur), le filtre se « décolle » en bas, tout simplement parce qu’il n’est retenu par rien.
Ça m’est arrivé quand j’ai voulu utiliser mon MacBook Pro 13" allongé dans le canapé ; quand j’ai ramené l’écran vers l’avant, le filtre s’est mis à pendouiller. Certes, ce n’est pas le cas d’utilisation le plus courant, mais c’est gênant, surtout vu le prix du produit.
La face mate accroche mieux à l’écran (c’est donc la face brillante qui est face à vous) que la face brillante, mais après un certain angle ou une certaine durée, le bas du filtre se détache désespérément. On peut résoudre ça à l’aide de deux petits bouts de scotch en bas…
Qu’on choisisse la face brillante ou la face mate, le filtre réduit un petit peu la luminosité de l’écran. Si on veut garder sa luminosité habituelle, il faut donc la pousser quelques crans au-dessus… ce qui conduit à abaisser l’autonomie du MacBook Pro. Cela n’est pas propre au produit de Kensington néanmoins, tous les filtres produisent le même effet.
Dernier point à noter, l’épaisseur de l’accessoire fait que le MacBook Pro ne se referme plus autant à plat. Cela ne gêne en rien la mise en veille, toutefois.
Au bout du compte, il est dommage que la simplicité d’utilisation se fasse au détriment de la compatibilité avec tous les angles d’inclinaison de l’écran. À moins que vous n’utilisiez jamais votre MacBook Pro légèrement rabattu vers l’avant ou que vous soyez prêt à faire des compromis, le filtre de confidentialité Kensington ne peut pas être recommandé pour cette raison. C’est d’autant plus dommage que l’aspect réversible mat/brillant est une excellente idée.