En présentant son Pro Display XDR vendu à partir de 6 000 € sans pied, Apple l’a comparé aux moniteurs de référence utilisés dans l’industrie de l’image. Des écrans vendus plusieurs dizaines de milliers d’euros, et avec des compromis sur la définition de l’image ou encore le maintien dans le temps de la luminosité maximale. La firme de Cupertino promettait ainsi pour son propre écran de 32 pouces une qualité Retina avec une définition 6K, une luminosité constante de 1 000 nits, des couleurs P3 et 10 bits ou encore « un contraste incroyable de 1 000 000:1 ».
Sur le papier, cet écran surpasse les moniteurs de référence sur plusieurs points, avec un tarif divisé par cinq ou plus. Une bonne affaire donc, mais la comparaison directe entre le Pro Display XDR et des moniteurs de référence n’est pas tendre pour l’écran d’Apple au moins sur un point. L’entreprise avait promis un contraste parfait, digne des dalles OLED, ce qui devait permettre d’afficher des noirs profonds et des couleurs très lumineuses à côté.
Pour compenser les limites du LCD dans ce domaine, Apple a placé 576 LED bleues derrière la dalle de son écran. Chaque point lumineux est contrôlé individuellement, ce qui permet d’éteindre complètement l’éclairage derrière une zone qui affiche du noir, et d’éclairer au contraire les zones qui doivent l’être. L’idée existait déjà dans le monde des téléviseurs, mais le Pro Display XDR l’a améliorée avec un plus grand nombre de sources lumineuses.
Est-ce suffisant pour autant ? La photo de comparaison publiée sur Twitter par Juan Salvo, étalonneur pour la télévision et le cinéma, est cruelle pour l’écran d’Apple. À ses côtés, deux moniteurs de référence 4K vendus entre 35 000 et 45 000 $, la cible parfaite d’Apple pendant son keynote. Leur définition est plus faible, mais comme vous pouvez le constater aisément avec cette image très contrastée, leur rendu est bien meilleur que celui de l’écran pommé.
Dans le détail, le moniteur tout à droite a un contraste parfait grâce à son utilisation de deux panneaux LCD superposés, en contrepartie d’une luminosité moyenne. Celui tout à gauche offre une luminosité exceptionnelle de 3 000 nits, deux fois plus que le Pro Display XDR, en contrepartie d’un petit effet halo. Mais rien à voir avec le rendu du produit d’Apple, où la luminosité « bave » tellement que les boules rouges sont reliées par du gris.
Comme le note ce professionnel, cet effet n’est visible que sur les images les plus contrastées comme sur cet exemple. Sur une vidéo tournée en extérieur, le phénomène disparaît totalement, mais qu’importe, cela disqualifie le Pro Display XDR pour concurrencer un moniteur de référence. Il serait incapable de gérer les couleurs sur une séquence comme celle-ci s’il n’avait que l’écran d’Apple sous la main.
Comment expliquer une telle contre-performance ? Le choix de placer 576 LED derrière la dalle est impressionnant sur le papier, mais c’est bien trop peu pour un écran 32 pouces et 6K. Le Pro Display XDR gère la luminosité sur la base d’une grille de 32 pixels de large sur 18 pixels de haut. C’est suffisant pour que les barres autour d’un film en 16/9 soient totalement noires, mais ce n’est pas une grille assez fine pour les cas extrêmes, comme celui présenté plus haut, ou comme sur cet autre exemple publié par Vitaly Ishkulov. Un simple trait blanc sur un fond noir souligne ce défaut de l’écran.
Au quotidien, ce ne sera pas un problème gênant et le Pro Display XDR conserve de très bons arguments en sa faveur, sa colorimétrie est excellente tout comme sa luminosité maintenue en permanence par exemple. Mais contrairement à ce qu’Apple avait affirmé lors de sa présentation, il ne peut pas remplacer les moniteurs de référence, pas dans tous les cas du moins.