Le fondateur de la fondation Raspberry Pi Jason Statham Eben Upton a été interviewé par un vidéaste (Jeff Geerling) au sujet des soucis de production sur les cartes Raspberry Pi, et les explications du CEO sont intéressantes. Un des points importants est que les cartes devraient revenir en stock dans les magasins cette année.
Une production qui part dans les commandes
Contrairement à ce que l'état du marché pourrait faire croire, la fondation produit énormément de cartes. Upton explique en effet que sur le dernier trimestre, 750 000 à 800 000 cartes ont été produites. C'est certes le pire trimestre depuis 2015, mais ce n'est pas anodin pour autant. Et pourtant, les cartes sont toujours aussi rares dans les étals, pour une bonne raison : les commandes en cours. Tant les professionnels que le grand public attendent des cartes déjà commandées et les cartes ne se retrouvent donc pas chez les revendeurs, mais partent directement chez les clients.
Il explique par exemple que les commandes de ce type représentaient environ 500 000 cartes en 2019 et 2020, pour une production de l'ordre de 6 à 7 millions de cartes. Mais en 2021, la production est restée stable (7 millions) alors que les commandes en question passaient à 4,5 millions.
Le problème vient de 2022 : la fondation n'a produit que 5 millions de cartes, alors qu'elle aurait dû en pratique en fabriquer environ 10 millions pour éponger la demande. Il explique ensuite qu'ils espèrent produire environ 2 millions de cartes sur le second trimestre de 2023, avec un retour dans les magasins en masse à partir du troisième ou du quatrième trimestre. Actuellement, la seule carte réellement disponible est le Raspberry Pi 3 A+, un modèle assez limité (moins de RAM, pas d'Ethernet) mais les Zero — peu onéreux — et Zero 2 (plus rapide mais plus cher) devraient revenir rapidement en stock. Les Raspberry Pi 3 B(+) et les Raspberry Pi 4 devraient ensuite suivre. Epton explique aussi que le choix a été fait de fournir les entreprises qui intègrent des cartes Raspberry Pi avant le grand public.
Le cas RISC-V
Gerling a aussi demandé si la fondation allait migrer vers RISC-V. La réponse est intéressante : le problème — comme nous l'avons montré dans nos articles — vient de l'optimisation et du manque de cœurs RISC-V performants. Les CPU offrant des performances équivalentes au Cortex A72 des Raspberry Pi 4 (un cœur ARM) sont rares. Upton explique que le marché n'est donc probablement pas encore prêt pour un Raspberry Pi 5 à base de RISC-V, mais que pour les microcontrôleurs — comme le Raspberry Pi Pico —, la donne est un peu différente, même si la version actuelle repose sur des cœurs ARM.
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Enfin, la discussion s'oriente vers le partenariat avec Sony au sujet de l'IA mais aussi sur les évolutions possibles sur le Raspberry Pi 5, comme la prise en charge améliorée du PCI-Express.