La puce M3 Pro apparue dans les MacBook Pro en 2023 amenait un mouvement intéressant dans la gamme d'Apple : alors que les M1 Pro et M2 Pro possédaient 8 cœurs performants et un bus mémoire sur 256 bits, la version M3 Pro se limitait dans le meilleur des cas à 6 cœurs performants et à un bus réduit à 192 bits. Avec la puce M4 Pro annoncée dans le Mac mini M4, Apple fait le chemin inverse : le nombre de cœurs performants passe à 10 et le bus mémoire revient a priori sur 256 bits.
Revenons sur les cœurs : la puce M1 Pro était en 8+2 (8 cœurs P, performants, et 2 cœurs E, basse consommation). Une version d'entrée de gamme était limitée à 6 cœurs P via le chip binning (si vous ne connaissez pas cette technique, nous avons un dossier sur le sujet). La gamme M2 Pro gardait le même nombre de cœurs P — 6 ou 8 — mais ajoutait 2 cœurs E, soit 4 au total. Avec l'Apple M3, il y avait un retour en arrière : on passait à 6 cœurs P et 6 cœurs E (5 cœurs P en entrée de gamme). Les améliorations des cœurs E compensaient en partie la perte sur le nombre de cœurs, mais l'écart entre M3 et M3 Pro restait par exemple plus faible qu'entre M2 et M2 Pro.
Avec la nouvelle puce M4, Apple a encore une fois changé ses plans. La puce M4 Pro est maintenant en 10+4, c'est-à-dire 10 cœurs P et 4 cœurs E. La version d'entrée de gamme, elle, possède 8 cœurs P et 4 cœurs E. Cette nouvelle variante possède donc plus de cœurs que les versions précédentes au total, mais aussi plus de cœurs P, ce qui augure des performances très largement en hausse.
En résumé, la puce M1 Pro avait 10 cœurs, la puce M2 Pro en avait 12, la M3 Pro toujours 12 (mais moins rapides) et la puce M4 Pro en a 14.
Le chip binning, c'est bien plus que de vous vendre des puces défectueuses
Un bus mémoire redevenu large
La donne est similaire sur le bus mémoire. Les puces de base (M1 à M4) emploient un bus mémoire sur 128 bits, alors que les puces M1 Pro et M2 Pro doublaient la bande passante, avec 256 bits. Sur la puce M3 Pro, Apple avait inexplicablement réduit la largeur du bus sans toucher à la fréquence de la mémoire, ce qui réduisait de facto la bande passante (d'environ 200 Go/s à environ 150 Go/s avec un bus sur 192 bits). Et avec la puce M4 Pro, elle augmente très significativement, avec 273 Go/s. Si Apple n'indique pas la largeur du bus, un simple calcul permet de supposer qu'il s'agit d'un bus 256 bits avec de la LPDDR5X-8500, comme celle annoncée par SK hynix il y a un an.
Ce gain en bande passante est intéressant pour les calculs liés à l'IA mais aussi pour le GPU, qui gagne par ailleurs 2 cœurs avec la nouvelle puce. Plus exactement, la puce M4 Pro en a 20 au maximum, contre 16 pour la puce M1 Pro, 19 pour la M2 Pro et 18 pour la M3 Pro.
L'augmentation du nombre de cœurs peut avoir deux raisons chez Apple. La première vient du passage de la gravure en 3 nm de type N3B au N3E, un peu plus efficace. À taille à peu près identique1, le N3E permet d'intégrer plus de transistors et donc plus de cœurs. Nous ne pourrons le vérifier que quand les puces auront été analysées. La seconde vient peut-être du constat que les choix sur la puce M3 Pro n'étaient pas les bons et que muscler un peu la nouvelle variante permet de la rendre plus intéressante.
La dernière question ne trouvera probablement sa réponse que le 30 octobre dans la journée : qu'en est-il de la puce M4 Max ? Dans les deux premières générations, les puces Max partageaient la partie CPU avec les puces Pro et augmentaient significativement le nombre de cœurs du GPU, ainsi que la bande passante mémoire. Dans le cas de l'Apple M3 Max, la partie CPU était aussi significativement plus puissante, en plus des gains sur le GPU et la mémoire. Ici, nous pouvons supposer qu'Apple va revenir à ses premiers amours, avec une partie CPU identique, un GPU doublé — 40 cœurs — et une bande passante doublée (512 bits et 550 Go/s).
M3, M3 Pro, M3 Max : comment Apple segmente davantage sa gamme et affaiblit le M3 Pro
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Ce qui n'était pas le cas de la puce M3 Pro, qui contenait moins de transistors que la M2 Pro. ↩︎