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MacGeneration

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Interview de Robert Raiola, d'Adobe

Christophe Laporte

jeudi 09 février 2006 à 11:40 • 16

AAPL

Les photographes sont gâtés. Adobe a débuté l’année avec une surprise nommée LightRoom. Dévoilé à l’occasion de Macworld, ne tournant pour l’heure que sous Macintosh, LightRoom s’érige en concurrent direct d’Aperture, logiciel d’Apple qui avait fait sensation cet automne. Robert Raiola, Directeur marketing d’Adobe Europe, détaille les étapes du développement du logiciel, donne son avis sur l’arrivée des premiers Mac Intel et explique la stratégie d’Adobe, à la suite de l’acquisition de Macromedia.

- Pourquoi avoir présenté LightRoom d’abord sur Macintosh ?

- Dans une entreprise comme Adobe, nous avons toujours des projets en développement. Nous testons d’abord la technologie puis déterminons s’il y a un marché. Trois quarts des projets sont abandonnés en cours de route et ne sortent jamais des labos. Ensuite, lorsque nous commençons un projet, nous choisissons une plate-forme pour initier le développement, afin de gagner en souplesse. Pour LightRoom, dont les premiers développements remontent à deux ans, nous voulions un produit « sexy », à l’interface innovante. La plate-forme Apple, pour ces deux raisons, nous paraissait la plus adaptée.

- Comment avez-vous réagi quand vous avez vu Aperture ? Aviez-vous déjà pris la décision de commercialiser LightRoom ?

- Oui, tout à fait. Mais à l’époque, nous n’avions pas – et nous n’avons toujours pas d’ailleurs – arrêté les spécifications définitives du logiciel. Toutefois, nous avons eu exactement la même analyse qu’Apple et défini la même cible. A cause de la migration de l’argentique vers le numérique, les besoins des photographes ont radicalement changé.

Photoshop peut répondre à certains de ces besoins. Mais les photographes ont des attentes spécifiques et peut-être un peu moins de facilité que les créatifs avec les interfaces très sophistiquées. C’est cette piste que nous allons voulu explorer. Créer une interface plus épurée, dans l’esprit du photographe, qui valorise plus la photo que le logiciel. Nous ne sommes pas les seuls à avoir fait cette analyse, c’est certain. Mais puisque nous détenons déjà le marché de la photo, il va de soi que nous ne pouvons pas nous risquer à laisser le champ libre à la concurrence. Nous avons des projets de ce type dans différents domaines.

Cette histoire montre en tout cas que, lorsqu’un concurrent vient empiéter sur nos plates bandes, nous pouvons réagir très rapidement. Une société bien gérée sait anticiper. Si nous n’avons pas sorti LightRoom plus vite, c’est qu’il n’y avait pas urgence : Photoshop se vend toujours. Seulement, à partir du moment où Apple sort Aperture, il nous paraît logique d’informer le public qu’un de nos produits, compatible Macintosh et bénéficiant de toute l’expérience d’Adobe dans l’image numérique, répond plus ou moins au même cahier des charges.

- Que pensez-vous d’Aperture ? Comment LightRoom se distingue-t-il du logiciel d’Apple ?

- Apple est un de nos principaux partenaires, si ce n’est le principal. Je me garderai donc bien de dire du mal d’Aperture ; d’autant que ce n’est pas à moi de le faire. Mais les ressemblances des deux produits le prouvent : nous avons une approche du marché similaire et fait la même analyse, aboutissant à une interface épurée, un « workflow » adapté au photographe et une gestion poussée des fichiers RAW.

Toutefois, il reste beaucoup de différences entre les deux produits. Malgré son interface épurée, LightRoom propose tout de même une grande richesse fonctionnelle et une grande ouverture. On travaille avec 100 à 200 types d’appareils photo différents, là où Aperture n’en reconnaît qu’une dizaine. De plus, grâce à notre maîtrise de la technologie, LightRoom peut tourner sur un G4, sans monopoliser toute la chaîne de production matérielle.

- Mac Intel est en avance sur le calendrier d’Apple. Est-ce que cela vous dérange ?

- Non au contraire, ça nous arrange. Car nous avons toujours été clairs sur ce point : les prochaines versions de nos logiciels tourneront nativement sur Mac Intel. Plus vite Apple sort ses ordinateurs et plus vite nous disposons de machines de production pour développer nos logiciels. Si Apple avait attendu la fin de l’année pour sortir ses Mac Intel, le développement des nouvelles versions de nos logiciels aurait déjà été très avancé. Là, notre position est plus confortable. Le développement de la Creative Suite 3 a commencé dès la sortie de la CS2. Et nous travaillons étroitement avec Apple dans ce domaine.

- Comment se déroule l'acquisition de Macromedia ? Quels sont vos plans ?

- Nous agissons à deux niveaux. Le premier, à court terme. En France par exemple, Macromedia avait une équipe très réduite, au contraire d’Adobe qui, en France et dans beaucoup d’autres pays, a une structure beaucoup plus étoffée. Aussi, nous allons mettre davantage en avant les produits Macromedia, leur donner plus de visibilité et jouer les synergies entre nos différents logiciels. Par exemple, nos logiciels de vidéo avec Flash Vidéo.

Les produits de qualité de Macromedia ne manquent pas. Flash 8 et ses fonctionnalités vidéo qui nous intéressent beaucoup. Mais d'autres produits, moins connus, nous ont bluffés. Par exemple Flex, qui permet de développer des applications Internet évoluées. Ou Breeze, technologie de de vidéoconférence sur Internet ou de la publication de séminaires en ligne. Nous allons donc aussi développer des synergies entre Acrobat et Breeze, deux outils pour collaborer en entreprise, à des niveaux différents. Autant de rapprochements qui étaient impossibles à mener lorsque nous étions concurrents.

À moyen terme, ensuite, nous allons pousser plus loin l’intégration des technologies. Nous avons créé une unité de développement dont l’unique objectif est d’intégrer les technologies Flash et PDF.

- Vous avez également repris le concept de Macromedia Labs notamment pour dévoiler LightRoom. Qu’est-ce qui vous a poussé à reprendre cette plate-forme ?

- Macromedia Labs profite d’une communauté d’utilisateurs très active. Car c’est un outil qui répond véritablement aux attentes des entreprises. Macromedia avait su identifier ce besoin. Adobe utilisera donc de plus en plus cet outil, car c’est une super plate-forme. Et comme nous n'avons pas pour habitude de communiquer à l’avance, car cela ne fait pas partie de notre culture, Adobe Labs est la meilleure réponse que nous pouvons apporter aux grandes entreprises qui veulent savoir où nous allons, et aux les développeurs tiers qui ont besoin rapidement de bout de code et d’une sorte d'échange « communautaire » avec nos équipes.

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