On parle en ce moment beaucoup de la guerre de communication entre Adobe et Apple, mais on parle un peu moins de la bataille qui se joue entre H.264 et Ogg Theora quant au choix du format par défaut de la vidéo dans HTML5.
Le H.264 est le format mis en avant par Steve Jobs pour contrer Flash : rien qu'avec YouTube, 40 % des vidéos du Web sont encodées en H.264. Par défaut, c'est le player Flash qui est utilisé pour les lire, mais rien n'empêche de passer par un player HTML5. Ne reste donc qu'à éliminer les vidéos encodées en Sorenson H.263 ou en VP6, qui nécessitent un player Flash — or l'on sait à quel point Apple déteste dépendre de quelqu'un (lire : Apple/Adobe : petits massacres entre amis).
Le H.264 est supporté par Apple et Microsoft, mais quitte à éliminer Flash, Firefox et Opera lui préfèrent le Ogg Theora. Le H.264 fournit des vidéos de meilleure qualité pour un poids inférieur à l'Ogg, mais ses détracteurs en font un codec propriétaire et soumis au paiement de royalties. Cela est vrai : le H.264 est couvert par de nombreux brevets, courant jusqu'à 2028 pour certains.
C'est le MPEG LA qui se charge de la distribution des licences pour exploiter les technologies couvertes par ces brevets, contre paiement de royalties par bloc de 5 ans : ce sont 26 sociétés qui possèdent des brevets autour du H.264 et touchent des royalties, dont Microsoft et Apple. L'utilisation du H.264 reste gratuite pour les utilisateurs finaux, au moins jusqu'en 2016. Le H.264 n'est donc pas libre, mais Steve Jobs ne l'a jamais prétendu, se réfugiant sous le vocable de « standard » : le H.264/AVC/MPEG-4 Part 10, dans sa dénomination complète, est un standard ISO/IEC (lire : Steve Jobs : un format standard n'est pas forcément libre).
« Qu'une chose soit open-source, ne signifie ni ne garantit qu'elle n'enfreigne des brevets. » : cette petite phrase de Steve Jobs a fait couler de l'encre en rappelant que non, l'Ogg Theora n'est pas le paradis du libre décrit par certains. Les contributeurs à l'Ogg Theora ont décidé de ne pas déposer de brevets sur leurs propres travaux, mais cela ne veut pas pour autant dire que l'Ogg Theora n'enfreint pas d'une manière ou d'une autre les très nombreux brevets portant sur le champ de la vidéo. Libre peut-être, mais pas sûr pour autant : « personne […] ne devrait penser à tort que d'autres codecs comme le Theora sont libres de tout brevet », déclarait ainsi en mars dernier Larry Horn… le PDG du MPEG LA.
Des membres du W3C eux-mêmes nous confiaient il y a quelques semaines que cette incertitude juridique sur l'Ogg Theora avait conduit l'organisme de standardisation à choisir de ne pas choisir de format officiel pour la vidéo HTML5. Pour continuer à citer Larry Horn : « tous les codecs sont basés sur les mêmes technologies brevetées ».
Certains comme Ed Bott s'en sont donc pris avec des mots très durs à la FSF (Free Software Foundation), qui escamote complètement cette incertitude dans sa plaquette de promotion de l'Ogg Theora. Le statut juridique de l'Ogg Theora étant sous les projecteurs, John Sullivan de la FSF a été contraint de réagir, reconnaissant ses erreurs : « oui, des brevets inconnus peuvent affecter l'Ogg Theora », mais cela « pourrait aussi affecter le MP3 ou le H.264 ».
Pour Sullivan, c'est tout le système des brevets logiciels qui devrait être remis en cause, mais il pose une question autrement plus cruciale : « [face à la connaissance de ce risque] que faisons-nous ? Tiraillés par la peur de l'inconnu, devons-nous accepter le racket [du MPEG LA] que tous ceux qui veulent mettre de la vidéo sur le Web doivent payer, parce que c'est la volonté de son patron, alors même qu'il a lui aussi dit qu'il ne pouvait pas nous protéger entièrement ? Ou choisirons-nous un format qui est utilisé depuis plusieurs années sans incident, au sujet duquel le créateur et les développeurs ont décidé de ne pas déposer de brevets […] ? ».
La question pourrait même être encore développée : Microsoft comme Apple ont des intérêts financiers dans le maintien du H.264 — même si la firme de Redmond, par la voix de Dean Hachamovitch, a indiqué payer deux fois la somme de ce qu'elle perçoit en royalties au MPEG LA. Une lecture plus cynique du dernier mail de Steve Jobs serait tout simplement de considérer cette mention de l'incertitude juridique de l'Ogg Theora comme un moyen de tuer dans l'œuf le développement de ce codec, au profit d'un H.264 qui a presque gagné la guerre. Avec à la clef une manne financière qui pourrait être énorme, même si Apple n'a jamais donné aucun chiffre sur ce que lui rapportait sa contribution au pool de brevets du MPEG LA.
Le H.264 est le format mis en avant par Steve Jobs pour contrer Flash : rien qu'avec YouTube, 40 % des vidéos du Web sont encodées en H.264. Par défaut, c'est le player Flash qui est utilisé pour les lire, mais rien n'empêche de passer par un player HTML5. Ne reste donc qu'à éliminer les vidéos encodées en Sorenson H.263 ou en VP6, qui nécessitent un player Flash — or l'on sait à quel point Apple déteste dépendre de quelqu'un (lire : Apple/Adobe : petits massacres entre amis).
Le H.264 est supporté par Apple et Microsoft, mais quitte à éliminer Flash, Firefox et Opera lui préfèrent le Ogg Theora. Le H.264 fournit des vidéos de meilleure qualité pour un poids inférieur à l'Ogg, mais ses détracteurs en font un codec propriétaire et soumis au paiement de royalties. Cela est vrai : le H.264 est couvert par de nombreux brevets, courant jusqu'à 2028 pour certains.
C'est le MPEG LA qui se charge de la distribution des licences pour exploiter les technologies couvertes par ces brevets, contre paiement de royalties par bloc de 5 ans : ce sont 26 sociétés qui possèdent des brevets autour du H.264 et touchent des royalties, dont Microsoft et Apple. L'utilisation du H.264 reste gratuite pour les utilisateurs finaux, au moins jusqu'en 2016. Le H.264 n'est donc pas libre, mais Steve Jobs ne l'a jamais prétendu, se réfugiant sous le vocable de « standard » : le H.264/AVC/MPEG-4 Part 10, dans sa dénomination complète, est un standard ISO/IEC (lire : Steve Jobs : un format standard n'est pas forcément libre).
« Qu'une chose soit open-source, ne signifie ni ne garantit qu'elle n'enfreigne des brevets. » : cette petite phrase de Steve Jobs a fait couler de l'encre en rappelant que non, l'Ogg Theora n'est pas le paradis du libre décrit par certains. Les contributeurs à l'Ogg Theora ont décidé de ne pas déposer de brevets sur leurs propres travaux, mais cela ne veut pas pour autant dire que l'Ogg Theora n'enfreint pas d'une manière ou d'une autre les très nombreux brevets portant sur le champ de la vidéo. Libre peut-être, mais pas sûr pour autant : « personne […] ne devrait penser à tort que d'autres codecs comme le Theora sont libres de tout brevet », déclarait ainsi en mars dernier Larry Horn… le PDG du MPEG LA.
Des membres du W3C eux-mêmes nous confiaient il y a quelques semaines que cette incertitude juridique sur l'Ogg Theora avait conduit l'organisme de standardisation à choisir de ne pas choisir de format officiel pour la vidéo HTML5. Pour continuer à citer Larry Horn : « tous les codecs sont basés sur les mêmes technologies brevetées ».
Certains comme Ed Bott s'en sont donc pris avec des mots très durs à la FSF (Free Software Foundation), qui escamote complètement cette incertitude dans sa plaquette de promotion de l'Ogg Theora. Le statut juridique de l'Ogg Theora étant sous les projecteurs, John Sullivan de la FSF a été contraint de réagir, reconnaissant ses erreurs : « oui, des brevets inconnus peuvent affecter l'Ogg Theora », mais cela « pourrait aussi affecter le MP3 ou le H.264 ».
Pour Sullivan, c'est tout le système des brevets logiciels qui devrait être remis en cause, mais il pose une question autrement plus cruciale : « [face à la connaissance de ce risque] que faisons-nous ? Tiraillés par la peur de l'inconnu, devons-nous accepter le racket [du MPEG LA] que tous ceux qui veulent mettre de la vidéo sur le Web doivent payer, parce que c'est la volonté de son patron, alors même qu'il a lui aussi dit qu'il ne pouvait pas nous protéger entièrement ? Ou choisirons-nous un format qui est utilisé depuis plusieurs années sans incident, au sujet duquel le créateur et les développeurs ont décidé de ne pas déposer de brevets […] ? ».
La question pourrait même être encore développée : Microsoft comme Apple ont des intérêts financiers dans le maintien du H.264 — même si la firme de Redmond, par la voix de Dean Hachamovitch, a indiqué payer deux fois la somme de ce qu'elle perçoit en royalties au MPEG LA. Une lecture plus cynique du dernier mail de Steve Jobs serait tout simplement de considérer cette mention de l'incertitude juridique de l'Ogg Theora comme un moyen de tuer dans l'œuf le développement de ce codec, au profit d'un H.264 qui a presque gagné la guerre. Avec à la clef une manne financière qui pourrait être énorme, même si Apple n'a jamais donné aucun chiffre sur ce que lui rapportait sa contribution au pool de brevets du MPEG LA.