Wired publie un long article sur les relations entre Apple et AT&T, l'opérateur exclusif de l'iPhone aux États-unis. L'agacement que nourrissent les clients d'AT&T vis-à-vis des prestations et de la qualité de service qui leurs sont offertes tient de la vieille rengaine, mais l'article illustre assez bien par différentes anecdotes et témoignages la manière dont Apple conçoit sa relation avec son partenaire, et comment cette alliance entre deux géants se poursuit malgré d'indécrottables différences de points de vue.
Mauvaise qualité de réception, services de MMS et de mode modem qui tardent à venir, gestion cavalière des anciens clients et remise en cause des forfaits illimités… les raisons pour les clients d'iPhone d'en vouloir à AT&T sont nombreuses, et ce, depuis le lancement de l'iPhone en 2007.
Wired décrit un opérateur qui n'a pas vu venir le changement radical que l'iPhone allait introduire dans les habitudes d'utilisation « En l'espace de seulement quelques mois, la première vague de clients d'iPhone aspirait déjà 15 fois plus de données que l'utilisateur moyen de smartphones et 50% de plus que ce qu'AT&T avait estimé ».
En attendant d'engager des améliorations lourdes de son infrastructure, l'opérateur s'est tourné vers Apple espérant un coup de main pour désengorger son réseau, comme il l'aurait fait avec d'autres fabricants de téléphones en pareille situation. Avec quelques suggestions, comme de limiter l'utilisation de l'application YouTube au Wi-Fi, de réduire la qualité de ces vidéos, etc. Pour AT&T cela n'avait pas de sens de proposer un téléphone et d'y inclure des fonctions que le réseau des opérateurs ne pouvait pas encaisser.
Las, les cadres d'AT&T découvrirent au fil de leurs nombreux rendez-vous avec Apple que celle-ci ne suivait pas les mêmes règles et qu'elle n'était pas disposée à coopérer, surtout pour limiter les possibilités de son nouveau produit phare.
Un participant à ces réunions raconte « Ils ont essayé plusieurs fois d'avoir cette conversation avec nous. Nous avons toujours dit 'Non, nous n'allons pas gâcher l'expérience utilisateur sur l'iPhone pour soulager votre réseau'. Ils nous répondaient 'Nous allons devoir faire remonter ça aux responsables d'AT&T' et on finissait toujours par leur répondre 'Très bien, nous allons le faire remonter à Steve et on verra qui gagne' Je crois que l'histoire a démontré comment tout cela se finit à chaque fois ».
Lorsqu'AT&T réclamait à nouveau une collaboration d'Apple pour régler ces problèmes de réseau, celle-ci répondait « Non, c'est vous qui les réglez. Ce ne sont pas nos problèmes, ce sont les vôtres ».
Wired décrit cette alliance entre AT&T comme un « mariage sans amour entre célébrités » malgré les déclarations publiques de bonne entente. Car en coulisse chacun avait ses griefs envers l'autre.
Lorsque Ralph De La Vega, le patron d'AT&T, annonça l'arrivée prochaine d'une option payante pour un mode modem (une chose longtemps réclamée par Apple, mais qui selon elle devrait être incluse dans les forfaits) sans en parler d'abord avec Jobs, celui-ci fut furieux raconte un témoin « Il était livide. Il a fait le tour de la pièce pendant cinq minutes en disant à quel point AT&T était une entreprise stupide et combien il était frustrant de travailler avec eux. Et quand il a eu terminé, il a dit 'Je vais appeler Ralph et l'engueuler' ». L'option arriva six mois plus tard.
AT&T avait lui-aussi son lot de critiques à l'égard d'Apple, par exemple sur la couche logicielle d'iPhone OS jugée comme percluse de bugs et responsable des coupures de communications régulièrement dénoncées par les clients. Apple aurait été également mal inspirée en choisissant Infineon pour sa puce 3G, un matériel largement utilisé en Europe, mais mal adapté au paysage des télécommunications américaines où les antennes relais sont plus éloignées les unes des autres et donc plus sensibles.
Ces aléas dans cette relation ont commencé dès le début raconte Wired, lorsqu'Apple ne montra son iPhone qu'à des responsables d'AT&T triés sur le volet. Choc des cultures aussi. Un cadre d'AT&T conseilla à un lieutenant de Jobs que le patron d'Apple vienne rencontrer la direction habillé d’un costume « On est Apple. On ne porte pas de costumes, d'ailleurs on n’a même pas de costumes ».
Ou lorsqu'Apple exigea de l'opérateur que dans ses boutiques l'iPhone soit installé tout seul sur une borne, éloignée des autres téléphones.
Le manque de soutien de la part d'Apple se manifesta à nouveau lorsque Verizon attaqua AT&T au travers de publicités montrant que sa couverture 3G était la meilleure. AT&T répliqua par voie judiciaire au lieu de mettre en avant les qualités de l'iPhone, mais quand bien même elle l'aurait voulu Apple ne l'aurait pas laissé faire, affirme un cadre « La raison pour laquelle ces pubs de Verizon furent si efficaces ce n'était pas à cause de l'iPhone c'était à cause du réseau d'AT&T. On n'aurait pas laissé AT&T mettre du maquillage sur un cochon ».
Dès les premiers mois de leur partenariat, poursuit Wired, Jobs émis l'idée de signer avec le concurrent, Verizon. Mais celui-ci utilisait la norme de réseau CDMA. Apple dépêcha quelques ingénieurs - notamment chez Qualcomm - pour étudier la faisabilité d'un iPhone compatible. Cependant la puce nécessaire était plus grosse, elle aurait impliqué de revoir entièrement le design de l'iPhone, sans parler des risques de procès pour rupture du contrat avec AT&T. Et à chaque fois que revenait l'idée de s'ouvrir à Verizon la conversation s'interrompait rapidement au vu des multiples problèmes que cela posait.
Cette relation se poursuit donc cahin-caha, AT&T a vu son activité mobile exploser grâce à l'iPhone, mais avec comme conséquence de devoir engager des travaux d'amélioration de son réseau de l'ordre de plusieurs milliards de dollars, tandis qu'Apple alterne entre soutiens réaffirmés (Tim Cook lors de l'annonce des derniers résultats financiers) et petites piques (Jobs pendant la conférence D8).
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- Wired raconte la création de l'iPhone
Mauvaise qualité de réception, services de MMS et de mode modem qui tardent à venir, gestion cavalière des anciens clients et remise en cause des forfaits illimités… les raisons pour les clients d'iPhone d'en vouloir à AT&T sont nombreuses, et ce, depuis le lancement de l'iPhone en 2007.
Wired décrit un opérateur qui n'a pas vu venir le changement radical que l'iPhone allait introduire dans les habitudes d'utilisation « En l'espace de seulement quelques mois, la première vague de clients d'iPhone aspirait déjà 15 fois plus de données que l'utilisateur moyen de smartphones et 50% de plus que ce qu'AT&T avait estimé ».
En attendant d'engager des améliorations lourdes de son infrastructure, l'opérateur s'est tourné vers Apple espérant un coup de main pour désengorger son réseau, comme il l'aurait fait avec d'autres fabricants de téléphones en pareille situation. Avec quelques suggestions, comme de limiter l'utilisation de l'application YouTube au Wi-Fi, de réduire la qualité de ces vidéos, etc. Pour AT&T cela n'avait pas de sens de proposer un téléphone et d'y inclure des fonctions que le réseau des opérateurs ne pouvait pas encaisser.
Las, les cadres d'AT&T découvrirent au fil de leurs nombreux rendez-vous avec Apple que celle-ci ne suivait pas les mêmes règles et qu'elle n'était pas disposée à coopérer, surtout pour limiter les possibilités de son nouveau produit phare.
Un participant à ces réunions raconte « Ils ont essayé plusieurs fois d'avoir cette conversation avec nous. Nous avons toujours dit 'Non, nous n'allons pas gâcher l'expérience utilisateur sur l'iPhone pour soulager votre réseau'. Ils nous répondaient 'Nous allons devoir faire remonter ça aux responsables d'AT&T' et on finissait toujours par leur répondre 'Très bien, nous allons le faire remonter à Steve et on verra qui gagne' Je crois que l'histoire a démontré comment tout cela se finit à chaque fois ».
Lorsqu'AT&T réclamait à nouveau une collaboration d'Apple pour régler ces problèmes de réseau, celle-ci répondait « Non, c'est vous qui les réglez. Ce ne sont pas nos problèmes, ce sont les vôtres ».
Wired décrit cette alliance entre AT&T comme un « mariage sans amour entre célébrités » malgré les déclarations publiques de bonne entente. Car en coulisse chacun avait ses griefs envers l'autre.
Lorsque Ralph De La Vega, le patron d'AT&T, annonça l'arrivée prochaine d'une option payante pour un mode modem (une chose longtemps réclamée par Apple, mais qui selon elle devrait être incluse dans les forfaits) sans en parler d'abord avec Jobs, celui-ci fut furieux raconte un témoin « Il était livide. Il a fait le tour de la pièce pendant cinq minutes en disant à quel point AT&T était une entreprise stupide et combien il était frustrant de travailler avec eux. Et quand il a eu terminé, il a dit 'Je vais appeler Ralph et l'engueuler' ». L'option arriva six mois plus tard.
AT&T avait lui-aussi son lot de critiques à l'égard d'Apple, par exemple sur la couche logicielle d'iPhone OS jugée comme percluse de bugs et responsable des coupures de communications régulièrement dénoncées par les clients. Apple aurait été également mal inspirée en choisissant Infineon pour sa puce 3G, un matériel largement utilisé en Europe, mais mal adapté au paysage des télécommunications américaines où les antennes relais sont plus éloignées les unes des autres et donc plus sensibles.
Ces aléas dans cette relation ont commencé dès le début raconte Wired, lorsqu'Apple ne montra son iPhone qu'à des responsables d'AT&T triés sur le volet. Choc des cultures aussi. Un cadre d'AT&T conseilla à un lieutenant de Jobs que le patron d'Apple vienne rencontrer la direction habillé d’un costume « On est Apple. On ne porte pas de costumes, d'ailleurs on n’a même pas de costumes ».
Ou lorsqu'Apple exigea de l'opérateur que dans ses boutiques l'iPhone soit installé tout seul sur une borne, éloignée des autres téléphones.
Le manque de soutien de la part d'Apple se manifesta à nouveau lorsque Verizon attaqua AT&T au travers de publicités montrant que sa couverture 3G était la meilleure. AT&T répliqua par voie judiciaire au lieu de mettre en avant les qualités de l'iPhone, mais quand bien même elle l'aurait voulu Apple ne l'aurait pas laissé faire, affirme un cadre « La raison pour laquelle ces pubs de Verizon furent si efficaces ce n'était pas à cause de l'iPhone c'était à cause du réseau d'AT&T. On n'aurait pas laissé AT&T mettre du maquillage sur un cochon ».
Dès les premiers mois de leur partenariat, poursuit Wired, Jobs émis l'idée de signer avec le concurrent, Verizon. Mais celui-ci utilisait la norme de réseau CDMA. Apple dépêcha quelques ingénieurs - notamment chez Qualcomm - pour étudier la faisabilité d'un iPhone compatible. Cependant la puce nécessaire était plus grosse, elle aurait impliqué de revoir entièrement le design de l'iPhone, sans parler des risques de procès pour rupture du contrat avec AT&T. Et à chaque fois que revenait l'idée de s'ouvrir à Verizon la conversation s'interrompait rapidement au vu des multiples problèmes que cela posait.
Cette relation se poursuit donc cahin-caha, AT&T a vu son activité mobile exploser grâce à l'iPhone, mais avec comme conséquence de devoir engager des travaux d'amélioration de son réseau de l'ordre de plusieurs milliards de dollars, tandis qu'Apple alterne entre soutiens réaffirmés (Tim Cook lors de l'annonce des derniers résultats financiers) et petites piques (Jobs pendant la conférence D8).
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