Ayant fait appel au chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, Kodak a une dernière chance d'éviter la liquidation en se restructurant en profondeur. La société cherche donc aujourd'hui à vendre le reste de sa propriété intellectuelle — 1 100 de ses brevets parmi les plus précieux, dont quelques-uns utilisés dans des procédures judiciaires contre Apple, RIM, ou encore HTC. Ce qui n'est justement pas du goût d'Apple, qui revendique la paternité du brevet #6,292,218 parmi d'autres brevets importants.
Le brevet '218 couvre le principe même de la photographie numérique grand public : la capture d'images avec un capteur numérique et leur visualisation sur un écran. Crucial, il a été utilisé par Kodak dans plusieurs procédures, à l'encontre de JVC, Sony, Samsung, LG, Fujifilm, ou encore RIM et donc Apple (pour l'iPhone notamment). Ces dernières années, il était une des principales sources de revenus de la firme de Rochester, qui faute d'avoir percé dans la photographie numérique grand public (malgré un savoir-faire professionnel incontestable), a monétisé sa propriété intellectuelle pour survivre.
Les dires d'Apple sont étayés : dès 1992, la firme de Cupertino a développé le projet Venus d'un appareil photo numérique, au sommet du marché de la photographie argentique. À la recherche d'un partenaire pouvant fabriquer son appareil, Apple s'est rapproché de Kodak : « au travers de cette collaboration, Apple a dévoilé l'architecture de sa technologie confidentielle de photographie numérique couverte par des accords de confidentialité à Kodak, entendu que toute amélioration apportée par Kodak à ces travaux restent la propriété d'Apple ».
Kodak est alors un pionnier de la photographie numérique : dès 1975, l'ingénieur Steve Sasson met au point dans les laboratoires de la firme de Rochester un appareil à capteur CCD 100x100 pixels, enregistrant des photos noir et blanc sur une banque magnétique. Dans les années 1980, Kodak, Nikon, Sony et Canon commercialisent plusieurs appareils numériques professionnels stockant leurs images sur disquette (Kodak DCS, Nikon QV-1000, Canon RC-760, Sony Mavica).
Le premier appareil numérique grand public et moderne est néanmoins bien le QuickTake 100 d'Apple, fabriqué par Kodak et commercialisé en 1994 : il prend des photographies couleurs d'une définition de 640x480 pixels, qu'il stocke sur une mémoire EPROM d'un mégaoctet comme son successeur le QuickTake 150. Ces appareils ont la forme de jumelles, et possèdent un petit écran LCD de contrôle à l'arrière, en regard du viseur optique. À partir de 1996, Kodak vend sa propre marque des appareils dérivés du QuickTake, la série DC. Le QuickTake 200, lancé (et retiré du marché) en 1997, est quant à lui fabriqué par Fujifilm, qui en dérivera le DS-7 et le Samsung Xenox SSC-350N.
Difficile donc de retirer à Apple son caractère de pionnier de la photographie numérique, aux côtés des grands noms du domaine, un héritage qui subsiste aujourd'hui avec l'iPhone, un des meilleurs photophones du marché (lire notre test de l'appareil photo de l'iPhone 4S). Selon la firme de Cupertino, les procédures de Kodak intentées à son encontre en 2010 lui ont fait connaître ce brevet et son contenu. En revendiquant la paternité du brevet '218 avec de solides arguments, Apple pourrait mettre à mal toute la stratégie de restructuration de Kodak. Les premiers pourparlers, le 15 février prochain, devraient permettre de préciser la force des arguments d'Apple.
Le brevet '218 couvre le principe même de la photographie numérique grand public : la capture d'images avec un capteur numérique et leur visualisation sur un écran. Crucial, il a été utilisé par Kodak dans plusieurs procédures, à l'encontre de JVC, Sony, Samsung, LG, Fujifilm, ou encore RIM et donc Apple (pour l'iPhone notamment). Ces dernières années, il était une des principales sources de revenus de la firme de Rochester, qui faute d'avoir percé dans la photographie numérique grand public (malgré un savoir-faire professionnel incontestable), a monétisé sa propriété intellectuelle pour survivre.
Le QuickTake 150. Libérée des contraintes physiques du placement de la pellicule, Apple innove sur la forme de son appareil.
Les dires d'Apple sont étayés : dès 1992, la firme de Cupertino a développé le projet Venus d'un appareil photo numérique, au sommet du marché de la photographie argentique. À la recherche d'un partenaire pouvant fabriquer son appareil, Apple s'est rapproché de Kodak : « au travers de cette collaboration, Apple a dévoilé l'architecture de sa technologie confidentielle de photographie numérique couverte par des accords de confidentialité à Kodak, entendu que toute amélioration apportée par Kodak à ces travaux restent la propriété d'Apple ».
Canon RC-760 et Nikon QV-1000C, deux des premiers appareils numériques (1987, image Nikonweb).
Kodak est alors un pionnier de la photographie numérique : dès 1975, l'ingénieur Steve Sasson met au point dans les laboratoires de la firme de Rochester un appareil à capteur CCD 100x100 pixels, enregistrant des photos noir et blanc sur une banque magnétique. Dans les années 1980, Kodak, Nikon, Sony et Canon commercialisent plusieurs appareils numériques professionnels stockant leurs images sur disquette (Kodak DCS, Nikon QV-1000, Canon RC-760, Sony Mavica).
Manuel du QuickTake 150
Le premier appareil numérique grand public et moderne est néanmoins bien le QuickTake 100 d'Apple, fabriqué par Kodak et commercialisé en 1994 : il prend des photographies couleurs d'une définition de 640x480 pixels, qu'il stocke sur une mémoire EPROM d'un mégaoctet comme son successeur le QuickTake 150. Ces appareils ont la forme de jumelles, et possèdent un petit écran LCD de contrôle à l'arrière, en regard du viseur optique. À partir de 1996, Kodak vend sa propre marque des appareils dérivés du QuickTake, la série DC. Le QuickTake 200, lancé (et retiré du marché) en 1997, est quant à lui fabriqué par Fujifilm, qui en dérivera le DS-7 et le Samsung Xenox SSC-350N.
Le QuickTake 200. Apple adopte cette fois un format plus conventionnel, plus rassurant peut-être. Malgré l'absence de la plupart des contraintes physiques de l'argentique, les appareils photo numériques n'ont depuis quasiment pas évolué — même si les photophones apportent du nouveau. (cc Redjar)
Difficile donc de retirer à Apple son caractère de pionnier de la photographie numérique, aux côtés des grands noms du domaine, un héritage qui subsiste aujourd'hui avec l'iPhone, un des meilleurs photophones du marché (lire notre test de l'appareil photo de l'iPhone 4S). Selon la firme de Cupertino, les procédures de Kodak intentées à son encontre en 2010 lui ont fait connaître ce brevet et son contenu. En revendiquant la paternité du brevet '218 avec de solides arguments, Apple pourrait mettre à mal toute la stratégie de restructuration de Kodak. Les premiers pourparlers, le 15 février prochain, devraient permettre de préciser la force des arguments d'Apple.