Apple a procédé d'une manière inédite pour annoncer cette nouvelle mouture de Mac OS X. Jusqu'ici nous avions eu droit à une présentation en bonne et due forme comme Apple en a le secret, devant au mieux un parterre de développeurs à la WWDC, au pire un parterre de journalistes au cours d'un "special event".
Cette fois, pas d'événement, Apple s'est contentée d'un communiqué de presse et d'une mise à jour de son site, ou presque. Des journalistes triés sur le volet ont en effet eu droit à une présentation individuelle il y a un peu plus d'une semaine, et, insigne privilège, à une version beta à tester avant tout le monde, sous embargo jusqu'à aujourd'hui. Ce fut le cas notamment de MacWorld, LoopInsight, ou encore John Gruber de Daring Fireball.
Ce dernier livre un compte-rendu plus personnel que ses confrères de la rencontre inédite. Il reçoit une invitation des Relations Presse d'Apple à se rendre dans une suite d'un hôtel de Manhattan, pour un "briefing produit". Gruber confesse qu'il n'avait pas la moindre idée de quoi il s'agissait, si ce n'est que cela ne pouvait décemment être l'iPad 3 qui mérite tout le prestige d'une présentation traditionnelle. Tout au plus envisageait-il un MacBook doté d'un écran Retina Display, mais les faits lui ont donné tort.
Gruber décrit la keynote toute personnelle dont il a bénéficié : quelques plaisanteries et un café plus tard, Gruber s'installe dans un canapé face à une table basse où trône un iMac sur lequel défile la présentation Keynote de Phil Schiller. En arrière plan, une télé HD de Sony est branchée à une Apple TV. Deux autres salariés d'Apple assistent à la présentation : l'un de l'équipe marketing, et l'autre des relations avec la presse. Le suspense est vite levé : « Nous vous avons invité pour parler d'OS X ». Comme John Gruber le souligne, Apple semble de plus en plus exclure "Mac" du nom de son système d'exploitation.
La présentation commence de manière traditionnelle, en revenant sur le succès du Mac ces dernières années, avec les 5,2 millions de Mac vendus au dernier trimestre, les quelques 23 trimestres d'affilée durant lesquels sa croissance a dépassé celle du PC, l'adhésion massive des utilisateurs au Mac App Store et l'adoption rapide de Lion.
OS X va donc revenir au rythme d'une mise à jour majeure par an, en intégrant les dernières fonctions d'iOS. Gruber se reproche de ne pas avoir trouvé tout seul le nom du dernier félin en date, Apple se pliant à des rituels qui frisent le trouble obsessionnel compulsif : iPhone 3G/iPhone 3GS, iPhone 4/iPhone 4S, Leopard/Snow Leopard, et donc Lion/Mountain Lion. Apple semble faire sien le modèle Tic Tac, à l'image d'Intel depuis 2007.
Pour les nouvelles fonctionnalités, Apple fait de l'Apple à la lettre : il y a beaucoup de nouvelles fonctionnalités, mais la présentation va seulement se focaliser sur 10 d'entre elles. Si le propos est une fois de plus de ramener à OS X les nouveautés d'iOS, il ne s'agit pas pour autant de copies serviles ni d'un simple portage du code : on transfère les concepts et les idées, en les adaptant à la plateforme d'accueil. Pour le responsable de Daring Fireball, le message est clair : contrairement à Microsoft, Apple considère que les deux mondes, du tactile à la souris, ne sont pas interchangeables, et nécessitent leurs propres paradigmes d'interaction.
Gruber note que le transfert d'applications d'iOS à OS X a permis à Apple de simplifier et de rendre plus cohérentes certaines fonctions. Ainsi, la création de Notes et de Rappels sur OS X permet de retirer leurs équivalents de Mail et d'iCal. Ces fonctions ne s'y trouvaient jusqu'ici que pour une question de cohérence technologique, les tâches d'iCal étant jusqu'ici synchronisées par le biais de CalDAV, et les notes par celui d'IMAP. L'utilisation d'iCloud remet chaque chose à sa place et permet de profiler l'expérience utilisateur. Les applications changent de nom pour adopter celui de leurs équivalents sur iOS : iChat devient Messages, iCal devient Calendrier, Carnet d'adresses devient Contacts. Le stockage des documents sur iCloud offre un nouveau mode de navigation au sein des applications, en plus du mode traditionnel pour les fichiers locaux. Là aussi la présentation se rapproche d'iOS, avec un aperçu des fichiers sur le fond en tissu, et la possibilité de les regrouper en dossier d'un simple glisser-déposer d'un fichier sur l'autre.
Gruber est frappé par l'aisance de Schiller, qui connait sa présentation sur le bout des doigts. Il se fait la réflexion que le vice-président d'Apple en charge du marketing est encore plus au point pour une présentation en tête à tête que Gruber lui-même ne l'a jamais été pour ses allocutions devant une salle pleine.
Schiller demande ses premières impressions au blogueur : il lui semble manifeste qu'iCloud sera désormais la pierre angulaire de tout ce qu'Apple entreprendra pour la décennie à venir. Et de fait, le service de stockage en ligne joue un rôle dans chacune des fonctions présentées, faisant du Mac un appareil de plus à se synchroniser sur le data-center d'Apple, à l'image des appareils sous iOS. En somme, tout cela a du sens pour Gruber. Toutefois, il fait valoir à son interlocuteur l'incongruité de cette nouvelle façon de présenter son système d'exploitation, à l'opposé des grand-messes habituelles.
« Nous commençons à faire certaines choses différemment, maintenant », lui avoue Phil Schiller. Ça n'est rien de le dire. Gruber n'ose pas demander des précisions, tant ce maintenant résonne presque indécemment dans son esprit. Mais même si Apple dévoile ses petits secrets en avant-première à quelques élus, elle fait toujours ce qu'elle a toujours fait : ne dire que ce qu'elle a envie de dire, sans un mot de plus.
John Gruber a néanmoins l'intuition que cette nouvelle manière de faire a pour objet de ne pas émousser l'intérêt des "special events" : alors que le dernier en date ne remonte qu'au 19 janvier pour son initiative sur l'éducation, et qu'un autre ne saurait tarder pour annoncer l'iPad 3, il faut conserver à ces occasions leur côté exceptionnel. Sachant qu'une nouvelle version d'OS X implique d'offrir du temps aux développeurs pour que leurs applications soient mises à jour lors de la mise à disposition du système, Apple n'avait à vrai dire guère de latitude pour ventiler ses annonces.
Et pour ne pas donner le sentiment qu'OS X devient peu à peu la cinquième roue du carrosse, Apple a donc opté pour une présentation en toute intimité à quelques journalistes, au lieu de se contenter d'un communiqué de presse et d'une mise à jour de son site. John Gruber souligne également qu'en revenant à un cycle annuel tant pour iOS que pour OS X, Apple remet les deux systèmes à égalité dans sa gestion de projets, alors que la sortie de Leopard avait dû être reportée pour assigner plus de développeurs sur iOS. En somme, Apple se donne désormais des moyens à la mesure de son statut de titan de l'industrie : de tels errements ne sont plus dignes d'elle, et elle ajuste sa façon de travailler en conséquence.
John Gruber fait une judicieuse réflexion au sujet du Mac App Store et de Mountain Lion : certaines fonctions, comme le stockage iCloud ou le centre de notification, ne seront accessibles qu'aux applications distribuées par le biais du Mac App Store. Un certain nombre de développeurs distribue des applications tant sur le magasin d'Apple que par leurs propres moyens, mais à l'avenir cela se fera au prix d'une disparité de fonctionnalité de plus en plus importante. Si Apple ne compte pas obliger la distribution de logiciels par le biais du Mac App Store, cela ne l'empêche pas pour autant de l'encourager autant que faire se peut. Une approche somme toute logique sachant qu'elle fournit les services d'iCloud et du centre de notification sans rien faire payer à quiconque, alors même que ces outils ont un coût opérationnel pour la firme de Cupertino.
La fonction favorite de Gruber n'est d'ailleurs pas sans rapport : Gate Keeper (garde-barrière en français) offre à tout développeur une signature électronique gratuite. Ainsi, s'il s'avère qu'un logiciel est en réalité un malware, Apple pourra en désactiver le fonctionnement à distance en révoquant sa signature, offrant ainsi le même niveau de sécurité pour des applications téléchargées en ligne qu'à partir du Mac App Store, sans pour autant avoir à les valider. Les utilisateurs gardent cependant la liberté de choisir le degré de sécurité qu'ils souhaitent : au choix uniquement les applications du Mac App Store, celles du Mac App Store et celles qui sont signées, ou n'importe quelle application quelle que soit sa source (le mode par défaut étant le second). Gruber se prend à rêver que cette fonction fasse le chemin inverse d'OS X à iOS.
Cette fois, pas d'événement, Apple s'est contentée d'un communiqué de presse et d'une mise à jour de son site, ou presque. Des journalistes triés sur le volet ont en effet eu droit à une présentation individuelle il y a un peu plus d'une semaine, et, insigne privilège, à une version beta à tester avant tout le monde, sous embargo jusqu'à aujourd'hui.
Ce dernier livre un compte-rendu plus personnel que ses confrères de la rencontre inédite. Il reçoit une invitation des Relations Presse d'Apple à se rendre dans une suite d'un hôtel de Manhattan, pour un "briefing produit". Gruber confesse qu'il n'avait pas la moindre idée de quoi il s'agissait, si ce n'est que cela ne pouvait décemment être l'iPad 3 qui mérite tout le prestige d'une présentation traditionnelle. Tout au plus envisageait-il un MacBook doté d'un écran Retina Display, mais les faits lui ont donné tort.
Gruber décrit la keynote toute personnelle dont il a bénéficié : quelques plaisanteries et un café plus tard, Gruber s'installe dans un canapé face à une table basse où trône un iMac sur lequel défile la présentation Keynote de Phil Schiller. En arrière plan, une télé HD de Sony est branchée à une Apple TV. Deux autres salariés d'Apple assistent à la présentation : l'un de l'équipe marketing, et l'autre des relations avec la presse. Le suspense est vite levé : « Nous vous avons invité pour parler d'OS X ». Comme John Gruber le souligne, Apple semble de plus en plus exclure "Mac" du nom de son système d'exploitation.
La présentation commence de manière traditionnelle, en revenant sur le succès du Mac ces dernières années, avec les 5,2 millions de Mac vendus au dernier trimestre, les quelques 23 trimestres d'affilée durant lesquels sa croissance a dépassé celle du PC, l'adhésion massive des utilisateurs au Mac App Store et l'adoption rapide de Lion.
OS X va donc revenir au rythme d'une mise à jour majeure par an, en intégrant les dernières fonctions d'iOS. Gruber se reproche de ne pas avoir trouvé tout seul le nom du dernier félin en date, Apple se pliant à des rituels qui frisent le trouble obsessionnel compulsif : iPhone 3G/iPhone 3GS, iPhone 4/iPhone 4S, Leopard/Snow Leopard, et donc Lion/Mountain Lion. Apple semble faire sien le modèle Tic Tac, à l'image d'Intel depuis 2007.
Pour les nouvelles fonctionnalités, Apple fait de l'Apple à la lettre : il y a beaucoup de nouvelles fonctionnalités, mais la présentation va seulement se focaliser sur 10 d'entre elles. Si le propos est une fois de plus de ramener à OS X les nouveautés d'iOS, il ne s'agit pas pour autant de copies serviles ni d'un simple portage du code : on transfère les concepts et les idées, en les adaptant à la plateforme d'accueil. Pour le responsable de Daring Fireball, le message est clair : contrairement à Microsoft, Apple considère que les deux mondes, du tactile à la souris, ne sont pas interchangeables, et nécessitent leurs propres paradigmes d'interaction.
Gruber note que le transfert d'applications d'iOS à OS X a permis à Apple de simplifier et de rendre plus cohérentes certaines fonctions. Ainsi, la création de Notes et de Rappels sur OS X permet de retirer leurs équivalents de Mail et d'iCal. Ces fonctions ne s'y trouvaient jusqu'ici que pour une question de cohérence technologique, les tâches d'iCal étant jusqu'ici synchronisées par le biais de CalDAV, et les notes par celui d'IMAP. L'utilisation d'iCloud remet chaque chose à sa place et permet de profiler l'expérience utilisateur. Les applications changent de nom pour adopter celui de leurs équivalents sur iOS : iChat devient Messages, iCal devient Calendrier, Carnet d'adresses devient Contacts. Le stockage des documents sur iCloud offre un nouveau mode de navigation au sein des applications, en plus du mode traditionnel pour les fichiers locaux. Là aussi la présentation se rapproche d'iOS, avec un aperçu des fichiers sur le fond en tissu, et la possibilité de les regrouper en dossier d'un simple glisser-déposer d'un fichier sur l'autre.
Gruber est frappé par l'aisance de Schiller, qui connait sa présentation sur le bout des doigts. Il se fait la réflexion que le vice-président d'Apple en charge du marketing est encore plus au point pour une présentation en tête à tête que Gruber lui-même ne l'a jamais été pour ses allocutions devant une salle pleine.
Schiller demande ses premières impressions au blogueur : il lui semble manifeste qu'iCloud sera désormais la pierre angulaire de tout ce qu'Apple entreprendra pour la décennie à venir. Et de fait, le service de stockage en ligne joue un rôle dans chacune des fonctions présentées, faisant du Mac un appareil de plus à se synchroniser sur le data-center d'Apple, à l'image des appareils sous iOS. En somme, tout cela a du sens pour Gruber. Toutefois, il fait valoir à son interlocuteur l'incongruité de cette nouvelle façon de présenter son système d'exploitation, à l'opposé des grand-messes habituelles.
« Nous commençons à faire certaines choses différemment, maintenant », lui avoue Phil Schiller. Ça n'est rien de le dire. Gruber n'ose pas demander des précisions, tant ce maintenant résonne presque indécemment dans son esprit. Mais même si Apple dévoile ses petits secrets en avant-première à quelques élus, elle fait toujours ce qu'elle a toujours fait : ne dire que ce qu'elle a envie de dire, sans un mot de plus.
John Gruber a néanmoins l'intuition que cette nouvelle manière de faire a pour objet de ne pas émousser l'intérêt des "special events" : alors que le dernier en date ne remonte qu'au 19 janvier pour son initiative sur l'éducation, et qu'un autre ne saurait tarder pour annoncer l'iPad 3, il faut conserver à ces occasions leur côté exceptionnel. Sachant qu'une nouvelle version d'OS X implique d'offrir du temps aux développeurs pour que leurs applications soient mises à jour lors de la mise à disposition du système, Apple n'avait à vrai dire guère de latitude pour ventiler ses annonces.
Et pour ne pas donner le sentiment qu'OS X devient peu à peu la cinquième roue du carrosse, Apple a donc opté pour une présentation en toute intimité à quelques journalistes, au lieu de se contenter d'un communiqué de presse et d'une mise à jour de son site. John Gruber souligne également qu'en revenant à un cycle annuel tant pour iOS que pour OS X, Apple remet les deux systèmes à égalité dans sa gestion de projets, alors que la sortie de Leopard avait dû être reportée pour assigner plus de développeurs sur iOS. En somme, Apple se donne désormais des moyens à la mesure de son statut de titan de l'industrie : de tels errements ne sont plus dignes d'elle, et elle ajuste sa façon de travailler en conséquence.
John Gruber fait une judicieuse réflexion au sujet du Mac App Store et de Mountain Lion : certaines fonctions, comme le stockage iCloud ou le centre de notification, ne seront accessibles qu'aux applications distribuées par le biais du Mac App Store. Un certain nombre de développeurs distribue des applications tant sur le magasin d'Apple que par leurs propres moyens, mais à l'avenir cela se fera au prix d'une disparité de fonctionnalité de plus en plus importante. Si Apple ne compte pas obliger la distribution de logiciels par le biais du Mac App Store, cela ne l'empêche pas pour autant de l'encourager autant que faire se peut. Une approche somme toute logique sachant qu'elle fournit les services d'iCloud et du centre de notification sans rien faire payer à quiconque, alors même que ces outils ont un coût opérationnel pour la firme de Cupertino.
La fonction favorite de Gruber n'est d'ailleurs pas sans rapport : Gate Keeper (garde-barrière en français) offre à tout développeur une signature électronique gratuite. Ainsi, s'il s'avère qu'un logiciel est en réalité un malware, Apple pourra en désactiver le fonctionnement à distance en révoquant sa signature, offrant ainsi le même niveau de sécurité pour des applications téléchargées en ligne qu'à partir du Mac App Store, sans pour autant avoir à les valider. Les utilisateurs gardent cependant la liberté de choisir le degré de sécurité qu'ils souhaitent : au choix uniquement les applications du Mac App Store, celles du Mac App Store et celles qui sont signées, ou n'importe quelle application quelle que soit sa source (le mode par défaut étant le second). Gruber se prend à rêver que cette fonction fasse le chemin inverse d'OS X à iOS.