Steve Ballmer vit ses derniers mois à la tête de Microsoft. Celui qui a succédé à Bill Gates au poste de CEO en 2000 quittera ses fonctions d'ici un an, indique Microsoft dans un communiqué. En attendant de trouver un successeur, il continuera d'assurer ses fonctions au cours des douze prochains mois.
« Il n'y a jamais de timing idéal pour ce genre de transition, mais c'est maintenant le bon moment, déclare Ballmer. Nous avons démarré une nouvelle stratégie avec une nouvelle organisation et nous avons une équipe de direction fantastique. La période à laquelle je pensais partir à l'origine serait tombée en plein milieu de la transformation de notre entreprise en un fabricant de matériel et fournisseur de services. Nous avons besoin d'un CEO qui soit ici à plus long terme pour cette nouvelle direction. »
Le conseil d'administration a mis en place un comité spécial, dirigé par John Thompson et comprenant Bill Gates, pour trouver un nouveau dirigeant. Les candidatures internes et externes seront étudiées. « Le conseil d'administration s'engage à transformer efficacement Microsoft en une entreprise à succès de terminaux et de services », commente Thompson.
Bill Gates, cofondateur de la société et actuellement membre du conseil d'administration, déclare pour sa part qu'il va « travailler étroitement avec les autres membres du comité pour trouver un nouveau grand CEO. »
Dans un email adressé aux employés de Microsoft, Ballmer indique que cette décision a été difficile à prendre pour lui, mais qu'il l'a fait dans l'intérêt de l'entreprise qu'il aime. « Microsoft a ses beaux jours devant elle », estime-t-il. L'action a bondi de 8 % à 35,02 dollars à la suite de l'annonce dans les échanges précédant l'ouverture de la bourse.
Le mois dernier, Steve Ballmer a amorcé une réorganisation historique (lire : One Microsoft, Ballmer à la barre). Ce « One Microsoft » a pour but d'unifier toutes les forces de l'entreprise dans une même direction et d'aider à sa métamorphose. Les divisions sont maintenant organisées par fonction. La plus importante d'entre elles, la division ingénierie, est partagée en quatre : les appareils et les studios ; les applications et les services ; les systèmes d'exploitation ; le cloud et les entreprises.
Les quatre vice-présidents exécutifs à la tête des branches de la division ingénierie
« Tous les éléments de cette réorganisation semblent montrer que Ballmer veut que Microsoft se comporte comme Apple », commentait alors le journaliste de Fortune Adam Lashinsky, spécialiste d'Apple.
Larguée, ou en passe de l'être, par certains de ses partenaires historiques — Acer et Asus en tête — qui lui préfèrent Android et même Chrome OS, Ballmer paie le virage de la mobilité pris bien trop tard. En 2007, peu de temps après la présentation de l'iPhone, le futur ex-CEO de Microsoft avait déclaré « Il n'y a aucune chance pour qu'iPhone parvienne à obtenir une part de marché conséquente » (lire : Ballmer ne croit pas en l'iPhone).
La Surface, premier appareil majeur de Microsoft depuis plusieurs années, connait un échec cuisant. « Nous avons fabriqué plus de Surface que nous pouvions en vendre », admettait Ballmer le mois dernier lors d'une réunion interne. La firme a dû provisionner 900 millions de dollars pour vider les stocks de ces tablettes, alors que le chiffre d'affaires s'établit à 853 millions de dollars (lire : Surface, une petite activité qui coûte cher et ne rapporte rien).
Un échec inquiétant alors que le marché du PC, dont Microsoft tire la plupart de ses revenus grâce au duo Windows + Office, s'effondre comme jamais. Windows Phone perce petit à petit sur le marché des smartphones — principalement au détriment de BlackBerry qui n'exclut pas de se vendre —, mais à une allure trop lente pour que la situation soit tenable pour Ballmer.
L'homme est entré chez Microsoft en 1980 à la demande de Bill Gates. Trentième employé de l'entreprise, il a été son premier manager business.
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