Starlink, l’offre d’internet par satellite que SpaceX met en place, est confronté à la résistance d’un petit village normand. L’une des stations terrestres indispensables au bon fonctionnement du réseau de satellites en cours de déploiement doit être installée sur la commune de Saint-Senier-de-Beuvron dans la Manche, à quelques kilomètres du Mont-Saint-Michel. L’ARCEP a donné son feu vert à la fin de l’année 2020, mais les élus locaux et des habitants tentent depuis de s’opposer à cette installation.
Publiée en premier par La Gazette de la Manche, l’information a rapidement été reprise par France 3 Normandie puis BFM TV qui a envoyé ses caméras pour interroger des riverains et le maire de cette commune de 360 habitants. Même si Starlink a obtenu les autorisations nécessaires, les élus et habitants interrogés disent avoir été pris par surprise par l’entreprise américaine, qui aurait choisi ce site sans consulter personne. Saint-Senier-de-Beuvron est situé sur un axe majeur du réseau de fibres optiques, un point d’entrée essentiel pour une station terrestre comme celle-ci.
Benoît Hamard, le maire de la commune, note que l’implantation de Starlink ne va rien rapporter, si ce n’est « des ennuis » et il s’y oppose, sans avoir le pouvoir nécessaire pour bloquer le projet. Qu’à cela ne tienne, il soutient qu’il est « Hors de question que l’on mette la vie de mes concitoyens en péril », rien que ça. Il est soutenu par François Dufour, conseiller Régional Europe Écologie Les Verts, qui parle d’« une violence faite aux habitants et à la démocratie » et évoque la menace « des ondes venant des satellites », en glissant au passage la 5G au milieu, histoire de faire un petit peu plus peur :
Il faut savoir que ces dômes vont capter 550 km au-dessus de nos têtes et de propulser à 800 km de chaque côté, l’alimentation de la fibre optique ou 5G.
Pour appuyer leurs arguments, ces élus citent la présence d’une zone Natura 2000 qui restreint considérablement ce que l’on peut construire. Selon eux, il serait de ce fait impossible d’installer les cinq dômes de réception prévus par Starlink. Problème, s’il existe bien une zone Natura 2000 dans les environs, elle est située plusieurs kilomètres au nord d’après les données fournies par le site Géoportail et comme l’a noté @GaLaK.
Sans cet argument, les élus et habitants ne pourront pas faire grand-chose pour s’opposer à Starlink et la peur irrationnelle des ondes ne suffira pas à leur permettre d’obtenir gain de cause. Peut-être que l’entreprise gérée par Elon Musk choisira une autre commune des environs pour éviter la polémique, mais puisque les autorisations ont été obtenues, il est probable que le projet arrive à son terme.
Starlink a obtenu des autorisations pour implanter trois stations de ce type en France. Outre celle de Saint-Senier-de-Beuvron en Normandie, il devrait y en avoir une à Gravelines dans le Nord et une dernière à Villenave-d’Ornon en Gironde, en banlieue de Bordeaux. À chaque fois, ce sont des sites situés non loin des côtes et le long d’axes stratégiques pour accéder au réseau internet.
L’offre commerciale de Starlink est ouverte en bêta depuis l’automne 2020 et l’entreprise revendique désormais plus de 10 000 abonnés dans le monde. Les débits actuels mis en avant sont de 100 mbit/s en téléchargement et 20 mbit/s/s en envoi de données, avec un ping maximal de 31 ms. De bons scores pour de l’internet fourni par satellite, les offres historiques souffrant d’une latence plus élevées et de débits nettement plus faibles.
Deployment of 60 Starlink satellites confirmed pic.twitter.com/96pHRHXZi0
— SpaceX (@SpaceX) February 4, 2021
À terme, Starlink a promis des performances au niveau de la fibre optique, mais il faudra pour cela que la constellation de 42 000 satellites soit entièrement déployée. Et il faudra aussi de multiples stations terrestres, y compris dans des petites communes comme Saint-Senier-de-Beuvron.
Image de couverture : Official SpaceX Photos (CC BY-NC 2.0)
Source : Next Inpact