Evan Williams a annoncé sur Medium, évidemment, qu’il abandonnait le poste de CEO de Medium. Tony Stubblebine va lui succéder à la tête de l’entreprise qu’il a lui-même fondée en 2012. En près de dix ans, il a tout fait pour que ce service devienne le lieu par défaut où l’on publie des textes plutôt longs et de qualité. Des années d’expérimentations en tout genre et surtout de changements radicaux de politiques qui n’ont jamais abouti, le site n’ayant jamais réellement décollé tout au long de cette décennie, même s’il a servi à héberger des auteurs et des personnalités de renom.
Ce départ ressemble à un aveu de défaite pour Evan Williams, qui avait d’énormes ambitions en créant Medium. Il a souvent évoqué ses envies de sauver internet, mais ce nouveau service n’a jamais eu le succès de Blogger qu’il a fondé et encore moins de Twitter qu’il a co-fondé. Il y a de multiples raisons derrière l’échec relatif du service, mais l’absence de modèle économique clairement défini et surtout les multiples idées annulées dans la foulée n’ont certainement pas aidé. Nieman Lab avait dressé en 2019 une chronologie de toutes ces expérimentations et elle donne le tournis.
En 2013, le service embauche des personnes chargées de mettre en avant des collections d’articles intéressants. L’année suivante, des journalistes sont embauchés à plein temps par la plateforme, dont Steven Levy qui a travaillé pour Newsweek, Rolling Stones et Wired et l’entreprise expérimente avec la publicité en signant un accord avec BMW pour publier des articles sponsorisés. Étape importante en 2015, quand Medium invite des gros sites à publier sur la plateforme, mais sous leur nom de domaine. L’année suivante voit le lancement des abonnements payants, puis l’abandon des publicités en 2017 et l’arrivée d’une formule à 5 $ par mois pour accéder à l’intégralité du contenu.
L’entreprise a aussi tenté d’augmenter les contenus et fonctions proposés, avec de l’audio en 2017 et un clone des stories de Snapchat la même année. Puis ces dernières années, une liste de lecture payante, encore plus d’audio et même des livres numériques payants. Ces multiples essais ont tous plus ou moins échoué et surtout érodé la confiance en Medium, qui a embauché et licencié beaucoup de monde et en particulier beaucoup de journalistes au fil des années. Sans pour autant percer, un service concurrent comme Substack qui propose aux auteurs de créer des listes de diffusion payantes ayant trouvé un public et la rentabilité bien plus vite, par exemple.
Techniquement, Evan Williams n’abandonne pas Medium, puisqu’il en devient président du conseil d’administration, un poste créé pour l’occasion. Il explique dans le même temps qu’il compte lancer une nouvelle entreprise ou un laboratoire de recherche pour explorer de nouvelles idées, autant dire que son attention ne sera plus vraiment centrée sur le service qu’il a créé en 2012.
Source : The Verge