« À mesure que nous intégrons de l’intelligence artificielle dans nos produits », dit Google, « il pourrait s’avérer difficile de réduire nos émissions en raison de l’augmentation de la demande énergétique causée par l’intensité accrue des calculs ». L’introduction du dernier rapport environnemental de la firme de Mountain View pourrait pourtant faire croire l’inverse, Kate E. Brandt affirmant que « l’intelligence artificielle promet de stimuler les actions en faveur du climat ». La chief sustainability officer doit pourtant se rendre à l’évidence : Google doit renier ses engagements environnementaux pour concurrencer OpenAI et Microsoft.
Google s’enorgueillit d’avoir été la première entreprise de grande envergure utilisant de l’énergie provenant intégralement de sources renouvelables, depuis 2017, certes par l’intermédiaire d’un mécanisme de garanties d’origine. Les efforts de la firme de Mountain View ne doivent pas être minimisés : elle possède quelques-uns des data centers les plus efficients de la planète, multiplie ses approvisionnements en électricité décarbonée et s’attaque maintenant au problème de la consommation d’eau.
Reste qu’en 2023, ses émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 13 % « principalement à cause de l’augmentation de la consommation des centres de données ». Ses émissions ont augmenté de 48 % par rapport à 2019, alors qu’elle voulait les diviser par deux d’ici à 2030. Dans le virage de l’intelligence artificielle, Google a dérapé dans la course contre le réchauffement planétaire, comme Microsoft avant elle. Pire : elle s’attend à ce que cette « tendance » continue.
Ses data centers représentent déjà 10 % de sa consommation électrique mondiale, mais Google assure avoir « identifié » des techniques qui permettraient de diviser par cent l’énergie requise pour entrainer un modèle et par mille les émissions associées. Et puis, promet Kate E. Brandt, « l’intelligence artificielle pourrait nous aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 5 à 10 % d’ici à 2030 ».
Ce n’est pas ce que dit l’Agence internationale de l’énergie, qui prévoit un décuplement de la consommation des data centers d’ici à 2026, pour atteindre environ 3 % des besoins mondiaux. Les émissions de Microsoft ont augmenté de 30 % pour les mêmes raisons et Apple ne fera pas exception, quoi qu’elle en dise. Les petits ruisseaux (de carbone) font les grandes rivières (de désastres climatiques) et la Silicon Valley n’a pas l’intention de construire des barrages.
Sous pression d’OpenAI et de Google, Apple s’arrange avec ses valeurs sociales et environnementales