Maintenant que vous avez acheté votre iMac Pro, ou votre adaptateur Thunderbolt 3 vers Ethernet 10 Gbps, vous êtes à la recherche du switch1 qui va bien. Vous êtes tombé sur SX10, mais l’avez peut-être recalé en constatant sa présence dans la gamme Nighthawk de Netgear, conçue pour les joueurs. Mais vous savez quoi ? Les gamers sont de petites choses complexes aux besoins bien particuliers, besoins qui peuvent rejoindre ceux d’un prosumer ou d’une TPE. Bref, le switch Netgear Nighthawk Pro Gaming SX10 vaut bien un test.
Le Netgear Nighthawk Pro Gaming SX10, que nous appellerons simplement SX10 dans les lignes qui suivent, n’a pas été conçu pour être « racké » dans une armoire. Il a plutôt été conçu pour trôner fièrement sur votre bureau — Netgear dit très sérieusement que « son design élégant et sa durabilité impressionneront vos compagnons de jeu ». « Design élégant » : pourquoi pas, du moins si l’on apprécie le style « vaisseau de guerre interplanétaire », moins surprenant aujourd’hui qu’à une certaine époque. « Durabilité » : assurément, Netgear ayant préféré le métal au plastique.
Le capot fait ainsi office de dissipateur : le SX10 est toujours tiède, mais n’a jamais été franchement chaud lors de nos tests, pendant lesquels il a pourtant été mis à rude épreuve. Ce même capot métallique leste l’appareil : puisqu’il est compact, le SX10 devrait pouvoir trouver une place sur votre bureau ou votre étagère, et puisqu’il est dense, le SX10 devrait n’en plus bouger. Netgear ne s’est pas vengée sur l’alimentation, qui ne monopolisera pas votre multiprise. Les présentations faites, passons à ce qui compte vraiment.
Ce qui compte vraiment, c’est d’abord l’interface d’administration. Comme si les lignes anguleuses du SX10 ne suffisaient pas, Netgear a repeint l’interface d’administration en noir, au cas où vous n’auriez toujours pas compris que ce produit était conçu pour le genre de gamers qui aiment le noir du boîtier de leur PC refroidi à l’huile et le rouge du sang de leurs ennemis sur la lande de Kalimdor. Mais ne vous y trompez pas : sous cette couche de Ripolin se cachent de nombreuses fonctions du système Smart Managed Plus.
Vous retrouverez ainsi un panneau de gestion de la qualité de service (QoS), qui peut être configurée manuellement par port, ou automatiquement avec un système 802.1P/DSCP classant les différents types de communication par ordre de priorité. Par défaut, le premier port est explicitement déclaré comme l’arrivée du réseau (uplink), le neuvième port étant optimisé pour le streaming et le dixième pour le jeu en ligne. Vous pourrez aussi monitorer le trafic pour détecter d’éventuels problèmes, créer jusqu’à 64 réseaux virtuels, ou encore agréger plusieurs ports pour former un lien plus rapide2.
Tous ces réglages sont entourés de fonctions spécifiquement dédiées aux gamers, comme celles dédiées à la réduction de la latence, mais aussi à la gestion… des diodes du SX10. Le niveau de contrôle est proprement hallucinant — vous pouvez mettre au point un code couleur de la vitesse de l’ensemble des ports, ou de chaque port de manière individuellement, et même régler la couleur du témoin d’alimentation ! Le SX10 peut ainsi être un tableau de bord du réseau, un éclairage d’appoint…
…ou un simple switch si vous coupez toutes les diodes, soit définitivement de manière logicielle, soit ponctuellement de manière physique à l’aide de l’interrupteur situé à l’arrière du SX10. Du futile à l’utile, passons enfin aux performances, en commençant par la prise en charge du système Multi-Gigabit. Cette fonction est surtout pensée pour le recyclage d’une infrastructure existante : on ne peut pas atteindre 10 Gbps avec un vieux câblage de catégorie 5e, mais Multi-Gigabit permettra d’au moins atteindre 2,5 Gbps, au mieux 5 Gbps.
Reste que le SX10 devrait surtout être utilisé pour une première (et petite) installation — dans notre cas, entre un iMac Pro et un NAS Netgear ReadyNAS 626X, avec des câbles Ethernet cat. 6A. Nous avons d’abord utilisé le protocole SMB3 pour transférer de petits et gros fichiers, décharger et monter des vidéos 4K, et réaliser des mesures synthétiques. Nous n’avons jamais travaillé aussi vite en réseau, avec des débits atteignant 330 Mo/s en lecture et 220 Mo/s en écriture, contre un maximum théorique de 128 Mo/s en Ethernet 1 Gbps. C’est bien… mais on peut mieux faire.
Ces débits ont été obtenus sous macOS High Sierra, avec les réglages par défaut, sans configuration particulière du switch ou du NAS. En passant à Windows 10, sans rien changer par ailleurs, on atteint 1,2 Go/s en lecture et frôle 960 Mo/s en écriture. Le problème ne vient pas du SX10, mais de macOS lui-même, comme nous l’ont confirmé plusieurs administrateurs réseau. Les conseils de configuration d’Apple permettent de gagner quelques dizaines de Mo/s, mais il faut désactiver la signature de paquets (ou utiliser un autre protocole comme le NFS) pour obtenir des débits plus conformes aux capacités de l’Ethernet 10 Gbps.
Outre les deux ports Ethernet 10 Gbps, le SX10 possède huit ports Ethernet 1 Gbps. C’est après avoir branché quelques appareils que l’on peut constater que l’interface d’administration permet d’orchestrer le réseau de manière suffisamment précise non seulement pour un usage domestique, mais aussi pour un usage dans une petite entreprise ou chez un indépendant. Les utilisateurs les moins avancés se reposeront sur les diagnostics automatiques, tandis que les utilisateurs plus assurés iront créer des règles précises d’attribution de la bande passante.
Netgear a bien conçu le SX10 pour les gamers, mais une fois les diodes éteintes, il reste un switch qui peut parfaitement convenir à une utilisation (semi-)professionnelle. Vous avez un iMac Pro et un NAS doté d’une interface 10 Gbps ? N’éliminez pas trop vite le SX10 de votre sélection, sous prétexte qu’il ne serait pas « fait pour les pros ». À 299,99 €, il est beaucoup — beaucoup — moins cher que les solutions explicitement professionnelles, et pourrait bien vous suffire.
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Ou « commutateur réseau », dans la langue de Maître Gims. ↩︎
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Une fonction à l'utilité limitée, puisque le SX10 ne possède que deux ports Ethernet 10 Gbps. Une fois que l'on aura agréger les deux ports pour obtenir un lien 20 Gbps vers un NAS par exemple… il en manquera un troisième pour aller vers la machine. Oups. ↩︎