Que s'est-il passé avec MobileMe et quelles en sont les conséquences pour son avenir ? Jean-Louis Gassée revient sur les récents déboires d'Apple avec son service en ligne et pose la question de la capacité d'Apple à gérer un service sans fil de synchronisation de données pour des dizaines de millions de clients. Une analyse qui n'oublie pas de signaler des déboires du même acabit rencontrés par d'autres poids lourds.
Pour l'ancien patron du développement produit chez Apple (au milieu des années 80), la première erreur a été humaine. "Personne n'a eu l'intelligence ni les tripes de risquer une humiliation en levant la main et en disant : Chef, on n'est pas encore prêts, mieux vaut tout arrêter." Avec comme résultat ce lancement raté et le mail de Steve Jobs envoyé en interne.
"Un email qui explique l'évidence de façon rétroactive, le projet aurait dû être retardé ou au minimum lancé par étapes. Moins attendu, un nouveau patron est nommé, Eddy Cue, qui continuera aussi à gérer iTunes. Par charité, le nom du patron de MobileMe ainsi mis sur la touche est gratifié d'un anonymat. Peut-être a-t'il été mal informé par ses équipes, peut-être qu'il n'a pas posé les bonnes questions au bon moment, ça n'a plus aucune importance aujourd'hui."
Synchroniser c'est compliqué
S'en suit une analyse du versant technique du problème. En résumé, la synchronisation de données entre plusieurs appareils au travers d'une liaison sans fil est une affaire très compliquée. Deux personnes peuvent par exemple intervenir ensemble sur un même évènement de calendrier et le serveur devra faire avec.
Pour Gassée - qui a lui-même un iPhone - cette science de la synchronisation est aujourd'hui assez bien maitrisée par Microsoft avec ses serveurs Exchange ou par RIM, mais leur apprentissage a été long "Ca a pris des années pour RIM (fondé en 1984) l'inventeur du Blackberry (lancé en 1999) pour fignoler ce qui est aujourd'hui le plus vendu des smartphones dotés d'un système de synchronisation. Il faut prendre en compte toutes sortes de détails et corriger de petites erreurs subtiles ou originales. Le Blackberry a gagné ses galons en parvenant à allier simplicité, facilité et transparence de son système."
"MobileMe aspire à la même réussite en offrant une synchronisation parfaitement invisible pour les gens qui n'ont pas de serveur Exchange, d'où cette référence dans le slogan" poursuit Gassée "mais en voyant les problèmes du début, je me demande combien de gens chez Apple ont cessé d'utiliser un Blackberry avec un serveur Exchange. Dans le cas contraire ils auraient peut-être dégrisé et temporisé le lancement de MobileMe ou revu leurs prétentions à la baisse."
Le challenge de la montée en charge
"Un serveur ou 10 serveurs c'est pratiquement pareil. 1000 serveurs ou, dans le cas de Google, faire fonctionner un million de serveurs c'est une autre paire de manches. Ça implique des gens avec des connaissances différentes de celles nécessaires pour s'occuper du serveur de mail d'une société."
Avec la sortie de l'iPhone dans plusieurs dizaines de pays, MobileMe pourrait bien avoir à faire face à des dizaines de millions d'utilisateurs. "Est-ce que l'équipe de MobileMe avait l'expérience, les connaissances et la capacité à apprécier la taille du problème qui se posait à eux ? Très peu de gens en sont capables dans notre industrie."
Pour autant Apple n'est pas la seule à connaitre des problèmes, Gassée rappelle les récentes pannes de Gmail, des services web d'Amazon et le black-out qu'avait essuyé l'an dernier le réseau de RIM sur le continent nord-américain. "Mêmes les meilleurs traversent parfois des moments difficiles."
Il souligne aussi le fonctionnement sans gros problèmes d'iTunes qui répond à millions de clients par jour, ou encore de la distribution il y a quelques jours des centaines de megas-octet de la mise à jour de l'iPhone. Autant de faits d'armes d'Apple qui ne font pas la Une et qui montrent qu'elle est capable de faire fonctionner des systèmes de forte taille.
Mais Jean-Louis Gassée de conclure par une question "Si vous demandez à un abonné qui n'a jamais fait l'expérience de la synchronisation tout en souplesse d'un Blackberry, il vous dira qu'il adore MobileMe. Ça marche, c'est facile à configurer et dans les situations les plus simples de synchronisation entre un Mac/PC et un iPhone ça fonctionne comme promis. On verra comment tout cela va se comporter une fois que les iPhones seront vendus dans 21 pays de plus, soit 43 au total et ce, à compter du 22 août."
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Pour l'ancien patron du développement produit chez Apple (au milieu des années 80), la première erreur a été humaine. "Personne n'a eu l'intelligence ni les tripes de risquer une humiliation en levant la main et en disant : Chef, on n'est pas encore prêts, mieux vaut tout arrêter." Avec comme résultat ce lancement raté et le mail de Steve Jobs envoyé en interne.
"Un email qui explique l'évidence de façon rétroactive, le projet aurait dû être retardé ou au minimum lancé par étapes. Moins attendu, un nouveau patron est nommé, Eddy Cue, qui continuera aussi à gérer iTunes. Par charité, le nom du patron de MobileMe ainsi mis sur la touche est gratifié d'un anonymat. Peut-être a-t'il été mal informé par ses équipes, peut-être qu'il n'a pas posé les bonnes questions au bon moment, ça n'a plus aucune importance aujourd'hui."
Synchroniser c'est compliqué
S'en suit une analyse du versant technique du problème. En résumé, la synchronisation de données entre plusieurs appareils au travers d'une liaison sans fil est une affaire très compliquée. Deux personnes peuvent par exemple intervenir ensemble sur un même évènement de calendrier et le serveur devra faire avec.
Pour Gassée - qui a lui-même un iPhone - cette science de la synchronisation est aujourd'hui assez bien maitrisée par Microsoft avec ses serveurs Exchange ou par RIM, mais leur apprentissage a été long "Ca a pris des années pour RIM (fondé en 1984) l'inventeur du Blackberry (lancé en 1999) pour fignoler ce qui est aujourd'hui le plus vendu des smartphones dotés d'un système de synchronisation. Il faut prendre en compte toutes sortes de détails et corriger de petites erreurs subtiles ou originales. Le Blackberry a gagné ses galons en parvenant à allier simplicité, facilité et transparence de son système."
"MobileMe aspire à la même réussite en offrant une synchronisation parfaitement invisible pour les gens qui n'ont pas de serveur Exchange, d'où cette référence dans le slogan" poursuit Gassée "mais en voyant les problèmes du début, je me demande combien de gens chez Apple ont cessé d'utiliser un Blackberry avec un serveur Exchange. Dans le cas contraire ils auraient peut-être dégrisé et temporisé le lancement de MobileMe ou revu leurs prétentions à la baisse."
Le challenge de la montée en charge
"Un serveur ou 10 serveurs c'est pratiquement pareil. 1000 serveurs ou, dans le cas de Google, faire fonctionner un million de serveurs c'est une autre paire de manches. Ça implique des gens avec des connaissances différentes de celles nécessaires pour s'occuper du serveur de mail d'une société."
Avec la sortie de l'iPhone dans plusieurs dizaines de pays, MobileMe pourrait bien avoir à faire face à des dizaines de millions d'utilisateurs. "Est-ce que l'équipe de MobileMe avait l'expérience, les connaissances et la capacité à apprécier la taille du problème qui se posait à eux ? Très peu de gens en sont capables dans notre industrie."
Eureka Drive à Newark en Californie, Apple y dispose d'un data center pour ses services Internet
Pour autant Apple n'est pas la seule à connaitre des problèmes, Gassée rappelle les récentes pannes de Gmail, des services web d'Amazon et le black-out qu'avait essuyé l'an dernier le réseau de RIM sur le continent nord-américain. "Mêmes les meilleurs traversent parfois des moments difficiles."
Il souligne aussi le fonctionnement sans gros problèmes d'iTunes qui répond à millions de clients par jour, ou encore de la distribution il y a quelques jours des centaines de megas-octet de la mise à jour de l'iPhone. Autant de faits d'armes d'Apple qui ne font pas la Une et qui montrent qu'elle est capable de faire fonctionner des systèmes de forte taille.
Mais Jean-Louis Gassée de conclure par une question "Si vous demandez à un abonné qui n'a jamais fait l'expérience de la synchronisation tout en souplesse d'un Blackberry, il vous dira qu'il adore MobileMe. Ça marche, c'est facile à configurer et dans les situations les plus simples de synchronisation entre un Mac/PC et un iPhone ça fonctionne comme promis. On verra comment tout cela va se comporter une fois que les iPhones seront vendus dans 21 pays de plus, soit 43 au total et ce, à compter du 22 août."
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